Nouvelle-Zélande
Colza et luzerne pour finir les agneaux
Michael Barton élève 2 000 brebis sur 309 hectares au sud de la Nouvelle-Zélande. Tous les agneaux sont finis en système plein air intégral sans concentré sur du colza fourrager et de la luzerne.







Michael Barton éleveur dans l’Ile-du-Sud conduit actuellement 2 000 brebis sur 309 hectares répartis sur deux exploitations, l’une de 234 ha sur Waikari et l’autre de 75 ha sur Hawarden. Il a fait le choix de la race Romney. « Les brebis Romney sont rustiques et avec de très bons pieds, apprécie l’éleveur. Les cas de piétin sont rares et je ne fais pas de parage systématique sur mon troupeau ». Malgré sa rusticité, la Romney produit des agneaux plutôt bien conformés. La prolificité peut varier entre 1,7 et 1,9 agneau par brebis selon les années. La race garde également une laine de qualité acceptable avec une finesse de 35 µm.
Chez Michael Barton, un quart du troupeau est mis à la reproduction avec des béliers Romney pour assurer le renouvellement. Le reste du troupeau est mis à la reproduction avec des béliers de races bouchères (Dorset Down et Suffolk) afin d’avoir des agneaux mieux conformés avec des croissances plus rapides. Pour la campagne 2016-2017, la prolificité au diagnostic de gestation était de 1,9. Le nombre d’agneaux équeutés, entre trois à quatre semaines d’âge, était de 2 900(1). Les principales causes de mortalité sur l’exploitation sont le climat (froid et tempêtes) et le manque d’instinct maternel (certaines mères délaissent leurs agneaux). La mortalité avant sevrage oscille généralement entre 15 et 20 %.
Des agnelages de printemps d’août à octobre
Les terres de l’exploitation sont majoritairement en zone de plaine avec toutefois quelques-unes à flanc de colline. Tous les paddocks sont équipés d’abreuvoirs à niveau constant et d’importantes haies d’arbres sur au moins un côté. « C’est primordial d’avoir de l’eau et des abris dans un élevage en plein air intégral », explique Michael. Les agnelages se font exclusivement à l’extérieur. Ils commencent début août et s’étalent jusqu’à mi-octobre, ce qui correspond à la période de février à avril dans notre hémisphère. À cette période, il n’est pas rare d’avoir des gelées, d’où l’importance d’avoir des paddocks avec des haies où les animaux peuvent s’abriter. Ces mêmes haies font de l’ombre en été. Bien que le climat océanique apporte des pluies régulières avec une pluviométrie annuelle moyenne de 700 mm, les sécheresses estivales ne sont pas rares avec des terres peu profondes et séchantes, phénomène accentué par des vents fréquents. Ces deux dernières années la pluviométrie n’a été que de 400 mm. Pour assurer la finition de ses agneaux, il lui a donc fallu trouver des ressources alimentaires résistantes à la sécheresse et aux températures estivales. Pour cela, il a misé sur le colza fourrager (35 ha) et la luzerne (60 ha).
Des lactations sur luzerne pour des croissances rapides
Les agneaux F1 issus des béliers Suffolk et Dorset down sont rapidement mis sur des pâtures de luzerne avec leurs mères afin d’avoir les croissances les plus rapides possible. Cela permet à Michael Barton de vendre une bonne partie de ses agneaux au sevrage. Habituellement, 50 à 60 % des agneaux sont vendus au sevrage. En effet, c’est le moment où les prix sont les plus élevés, mais il se doit aussi de finir ses agneaux rapidement avant de manquer de ressources fourragères en cas de grande sécheresse.
Une partie de la luzerne est fauchée et enrubannée afin d’avoir un stock de fourrage pour les brebis pour l’hiver ou pour la fin d’été en cas de sécheresse. Les agneaux purs Romney sont, quant à eux, conduits à l’herbe sur des prairies temporaires. Les agneaux sont sevrés mi-décembre à quatre mois d’âge en moyenne.
Au sevrage, les agneaux déjà habitués à la luzerne restent sur des pâtures de luzerne, les autres sont mis sur des repousses de graminées afin de les préparer à une alimentation plus riche avant de pâturer le colza fourrager. Le colza semé mi-octobre, est prêt à être pâturé fin décembre. Michael Barton utilise les variétés Titan (croisement colza-chou) et Spitfire. Il estime le rendement de son colza entre 3,5 et 4 tonnes de matière sèche par hectare en moyenne. « Si la pluie est au rendez-vous, je peux espérer deux ou trois passages sur le colza. Les deux premiers passages sont réservés à la finition des agneaux, mais si la ressource est suffisante, je l’utilise aussi pour le flushing des brebis avant la mise à la reproduction ». Lorsque les agneaux sont sur les paddocks de colza, il leur laisse accès à un paddock d’herbe afin qu’ils s’autorégulent pendant la transition alimentaire.
Des entrepreneurs agricoles très présents
Sur le colza, il peut espérer des croissances de 300 à 400 g de GMQ après le sevrage, ce qui permet une finition rapide des agneaux. D’autant, qu’après la période de sevrage, les prix chutent rapidement et que, pour s’assurer un bon revenu, il doit vendre les agneaux plus lourds avec un poids carcasse entre 20 et 23 kg. L’éleveur juge que les croissances sont plus lentes sur la luzerne, autour de 150 à 200 g de GMQ.
Michael Barton se distingue des autres éleveurs en faisant la plupart des travaux lui-même (tonte, crutching -équivalent de l’écussonnage-, équeutage, semis, clôtures). Les entrepreneurs n’interviennent que lors du traitement annuel contre les myiases, pour l’enrubannage et pour une partie de la tonte des agneaux. Cela lui demande plus de travail et de temps, mais cela lui permet aussi de limiter ses dépenses. De par la taille des troupeaux et la surface des exploitations, les éleveurs néo-zélandais délèguent en effet de nombreuses tâches à des entrepreneurs de travaux agricoles appelés contractors. On trouve des entrepreneurs pour les travaux des champs (semis, enrubannage, foin, moissons, clôtures…) mais aussi de nombreux entrepreneurs pour le troupeau (échographies, équeutage, castration, tonte, traitement contre les myiases, crutching).
Colza et luzerne résistent à la sécheresse
Mise en garde
Pâturer le colza fourrager au bon stade
S’il est pâturé trop tôt, le colza fourrager peut provoquer des réactions de photosensibilisation sur les agneaux. La photosensibilisation touche principalement les oreilles (œdèmes, nécroses) mais peut également provoquer la perte de la laine sur le dos des agneaux. Le colza est prêt à être pâturé lorsque les feuilles prennent une teinte violacée.