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Après la naissance, les bons réflexes

Lorsque le nouveau-né va bien, désinfecter le cordon et vérifier les trayons. Si l’agneau a souffert, voici trois astuces pour tenter de le réanimer.

Si les agneaux n’ont pas souffert au cours de la mise bas, il suffit de laisser la mère les lécher tranquillement. La mise en case d’agnelage n’est pas une obligation mais elle s’impose pour les portées multiples par exemple. En effet, pour des brebis qui mettent bas en bergerie, c’est souvent le premier né qui pose problème : dégourdi, il est parti chercher sa vie au milieu des autres brebis pendant que sa mère agnelait du second… et oubliait le premier. La mise en case évite ainsi les mélanges avec des refus à la clé. Pour les primipares, la case d’agnelage est un passage obligé le temps de les laisser réaliser ce qui leur arrive et de laisser monter l’ocytocine, l’hormone de la maternité, ce qui est toujours plus lent la première fois… Pour aller jusqu’à la case, une astuce précieuse, mais trop rarement enseignée : prendre les agneaux par les pattes arrière, les faire sentir ainsi à la mère, et les emporter la tête en bas. La mère suivra dix fois mieux que si on les prend par l’avant. Et les nouveau-nés n’en souffrent pas du tout : en cas de naissance au pré, par exemple, on peut les ramener ainsi à la bergerie sur plusieurs centaines de mètres.

Déboucher les trayons et désinfecter les cordons

Pour une mère à simple confirmée, on peut se passer de la mise en case d’agnelage. Mais, dans tous les cas, deux gestes simples sont indispensables : attraper la brebis pour déboucher et vérifier les trayons puis désinfecter les cordons ombilicaux des agneaux. Cette intervention doit être réalisée le plus tôt possible après la naissance et lorsque l’agneau est encore mouillé. Dans le cas contraire, les problèmes sanitaires de type arthrite ne sont pas prévenus. Si l’agneau est déjà sec, la désinfection du cordon est pratiquement inutile. Parmi les nombreuses méthodes possibles, le trempage dans la teinture d’iode pure, et ce pendant au moins vingt secondes, reste le plus efficace. Côté pratique, un ancien flacon d’insecticide à deux bouchons et dosette, de 250 ml pour tenir dans la poche peut être recyclé : une dosette fait deux agneaux, et si le flacon tombe par terre, pas de souci, peu de produits sont perdus !

Vérifier la tétée en le soupesant

Si les cordons sont très longs au point de toucher le sol, il est souhaitable de les raccourcir à trois ou quatre centimètres. Dans ce cas, inutile d’utiliser une lame coupante (au demeurant pas toujours propre…). Il suffit de pincer fort d’une main, et de tirer en vrillant avec l’autre. S’il résiste, c’est qu’il est déjà sec, et n’a plus besoin de rien.

Après ces interventions minimalistes, la mère et ses agneaux sont laissés tranquilles. L’éleveur revient une heure plus tard environ pour vérifier la tétée. Si l’agneau a le ventre tendu et le poids sur l’arrière lorsque l’on le soupèse, tout va bien. Dans le cas contraire, il faut l’aider à boire le colostrum, au pis ou bien au biberon. Dans certains contextes, se montrer plus systématique est indispensable. Par exemple, les agneaux issus de races laitières sont souvent peu dégourdis à la naissance et les « brancher au pis » permet de gagner du temps. D’autre part, les portées de triples et quadruples sont souvent aidées pour téter le colostrum dès la naissance compte tenu de la compétition qui s’engage vers les deux tétines de la brebis.

Trois gestes pour les naissances difficiles

Après une naissance compliquée, si l’agneau a souffert et qu’il peine à trouver sa respiration, trois gestes sont à enchaîner très vite. Le premier consiste à déposer un peu d’eau froide dans l’oreille ou sur la nuque pour déclencher le réflexe respiratoire. Il est également possible de plonger (très vite !) la tête dans un seau ou un abreuvoir. Le second geste consiste à dégager les glaires en mode « panier à salade » : l’agneau est suspendu par les arrières et secouer à bout de bras en le tenant fermement. Enfin, il faut impérativement vérifier que le cœur a bien démarré, de façon rapide et régulière. Pour ce faire, on pose l’agneau sur ses genoux, couché sur le ventre (jamais sur le côté), et on vérifie en posant le bout des doigts de part et d’autre de la poitrine. Si les battements ne sont pas réguliers ou rapides, on masse avec les doigts des deux mains, une fois par seconde, en appuyant bien ; puis on vérifie le résultat au bout de trente secondes. Parfois, le cœur ralentit à nouveau : on recommence… Certains mettent jusqu’à cinq minutes à redémarrer, et cela paraît bien long… Mais cela vaut le coup, car une fois partis, ils vivront sans aucune séquelle ! Ces trucs ont l’avantage d’être immédiats, et ne nécessitent pas un médicament d’urgence, toujours introuvable lorsqu’on en a besoin.

Dans le prochain numéro : les soins aux jeunes agneaux

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