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Accéder au haut débit en zones blanches

Pas facile de bénéficier d’une connexion internet haut débit en zones rurales. Le déploiement des réseaux reste long mais il existe des alternatives.

Échec de la connexion », c’est le message qui saute aux yeux lorsqu’on essaie de se connecter à internet dans une zone blanche. Selon l’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes), c’est une zone qui n’est couverte par aucun réseau internet qu’il soit filaire ou mobile. En France, 2 % de la population vivrait dans ces territoires. Sauf que cette définition prend en compte la qualité du débit internet au centre bourg, non dans les zones un peu plus reculées, où se trouvent des exploitations par exemple. « Il arrive que certains agriculteurs viennent à la mairie pour profiter du haut débit et réaliser leurs démarches administratives », constate Alain Castang, maire de Rouffignac-de-Sigoules, une commune rurale de Dordogne. « Il existe principalement deux grands types de connexion à internet à domicile, explique Jérôme Damy, chargé de projets innovation et numérique à la chambre d’agriculture d’Eure-et-Loir. La connexion cuivrée utilise le réseau téléphonique classique. Elle repose sur les technologies numériques xDSL, de l’ADSL au VDSL2. L’autre est une technologie en pleine expansion, la fibre. On considère que 81 % des Français se connectent avec le réseau cuivré et 19 % sont raccordés à la fibre. »

En zone blanche, il faut trouver des subterfuges pour capter le haut débit. Le recours au satellite en est un. Il faut une parabole orientée vers le satellite et reliée à un modem via un câble. « Ce type d’installation coûte cher et n’est pas très stable, reconnaît le conseiller de la chambre d’agriculture. Le réseau est vite perturbé en cas d’aléas climatiques. » On peut compter 400 euros pour l’installation de ce type d’équipement, auxquels s’ajoute un abonnement à un fournisseur d’accès tel que Nord Net, Ozone, Numeristat, SkyDSL, etc. Selon le fournisseur, le débit annoncé peut atteindre 22 mégabits/seconde en débit descendant (du réseau vers l’abonné) et 6 mégabits/seconde en débit montant (de l’abonné vers le réseau). Pour mémoire, une connexion correcte demande un débit voisin de 15 mégabits/seconde. « Les satellites ont été créés pour diffuser des données et non pas pour les remonter, c’est pourquoi le débit reste encore faible dans ce cas, explique Pierre Gentes, maire de Laussonne, en Haute-Loire. De plus, il faut que la parabole soit bien orientée pour obtenir une qualité correcte. Ce type de technologie doit rester une solution de dépannage car les satellites ne sont pas faits pour ça ! »

Un réseau radio pour capter internet

Certaines zones rurales mal couvertes peuvent également profiter de la montée en débit soutenue par l’État via le plan très haut débit. Celui-ci vise à déployer la fibre optique dans chaque foyer d’ici 2022. « Pour cette montée en débit, les opérateurs posent des concentrateurs appelés MRAZO et PMR reliés par une ligne téléphonique existante, sous réserve que le réseau téléphonique soit encore exploitable, ce qui n’est pas toujours le cas, explique Alain Castang. Grâce à ces points de haut débit, l’agriculteur peut avoir internet chez lui. Mais il bénéficie du concentrateur raccordé à sa ligne, qui n’est pas toujours le plus proche de chez lui. S’il est trop éloigné, il y a une perte de puissance. » Autre solution : l’utilisation du réseau hertzien avec une boucle locale radio, appelé réseau Wimax. Le débit peut atteindre 30 mégabits/seconde selon les opérateurs. L’agriculteur doit s’équiper d’une antenne et d’un routeur afin d’émettre et recevoir des signaux. Ceux-ci passent par des antennes relais placées sur un point haut, une église ou un château d’eau. Pour y avoir accès, les pouvoirs publics locaux doivent investir, à l’image de la commune de Rouffignac-de-Sigoules qui a dépensé 15 000 euros pour couvrir les 17 % de la population non reliée au haut débit. « C’est une expérimentation, précise Alain Castang, son maire. L’antenne réseau sera placée sur le clocher de l’église de la commune d’à côté. » Le fournisseur privé, Xilan, a garanti un débit de 30 mégabits/seconde pour un abonnement d’une cinquantaine d’euros chaque mois. « Mais ce type de solution doit rester marginal », martèle l’élu.

Le déploiement du réseau en fonction des collectivités locales

Plus les technologies évoluent, plus le débit doit être élevé, et le maillage des antennes dense. Les pouvoirs publics locaux peuvent aussi négocier en direct avec les fournisseurs d’accès. En Eure-et-Loir, le conseil départemental et la Région ont mouillé la chemise. Les objectifs affichés par le département sont ambitieux, comme on le lit sur son site : « d’ici 2020, 73 % de la population sera connectée à la fibre directement chez elle. Sur les 23 % des foyers disposant d’ADSL, 8 % bénéficieront d’une montée en débit et les 4 % restants seront couverts par les technologies complémentaires telles que la boucle locale radio ou le satellite. Fin 2020, la totalité des Euréliens doivent bénéficier d’un débit de 10 mégabits/seconde avec les trois quarts reliés à la fibre. » Les investissements, plus de 145 millions d’euros, seront financés par le Département, la Région, l’État, l’Europe et l’établissement public de la coopération intercommunale. « C’est aux élus locaux d’agir et d’aller au-devant des négociations, ajoute Jérôme Damy. Le citoyen seul ne dispose que de peu de solutions. »

Dans les zones où les fournisseurs d’accès ne veulent pas déployer le haut débit, trop peu rentable, les collectivités territoriales ont lancé des réseaux d’initiatives publiques (RIP). L’ensemble de ces RIP se partagent une enveloppe de 6 à 7 milliards d’euros. « À ce jour, sur 258 communes, 58 vont recevoir la fibre via le RIP, illustre Pierre Gentes, en Haute-Loire. Pour les 200 autres, on ne connaît pas leur devenir. » Pour le maire, la fibre partout est la seule solution. « Nous sommes dans une société qui se numérise, constate-t-il. Dans dix ans, le réseau cuivré ne sera plus suffisant. Il faut la fibre jusque dans les maisons et pour tout le monde. » Pour le moment, cette ambition semble encore utopique alors que des centaines de foyers n’ont pas accès à l’ADSL.

Un accord de déploiement du réseau mobile

Les opérateurs téléphoniques se sont engagés en janvier 2018 à déployer leurs réseaux 4G pour la totalité de la population d’ici 2022, soit l’implantation de 20 000 antennes. « Grâce à ce réseau mobile, et via une box, l’utilisateur pourra avoir accès à internet en haut débit », explique Alain Castang, maire de Rouffignac-de-Sigoules en Dordogne. En contrepartie, l’État exonère les opérateurs de la taxe sur les nouvelles fréquences exploitées. L’Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) est en charge de veiller au respect de ces engagements.

Du bas débit pour les capteurs

Heureusement, l’agriculture n’est pas totalement victime des zones blanches. Les outils et capteurs peuvent tout de même y fonctionner. Afin d’optimiser l’autonomie de batterie des objets connectés, les capteurs envoient des signaux et données via le réseau bas débit. Il existe deux technologies majeures à ce jour, LoRa et SigFox (voir carte de déploiement). Celles-ci sont déployées sur tout le territoire via des fournisseurs d’accès comme SigFox, Objenious ou encore Orange. Ce type de réseau supporte un maillage plus lâche car les données transportées sont très légères. Ainsi une antenne a un rayon d’action d’une trentaine de kilomètres sur une topographie plate contre quatre kilomètres pour une antenne 3G. « Pour que le réseau se déploie, le volume d’objets connectés doit être assez important pour intéresser les fournisseurs d’accès, explique Fabrizio Delage Paganini, cofondateur de Valeur Tech, société de développement de solutions numériques en agriculture. Mais a contrario, ces objets doivent avoir du sens pour l’agriculteur et être facilement mis en réseau. Le déploiement de ces réseaux bas débit passe par les subventions. »

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