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[Outils connectés] « J’ai fait des choix cohérents avec les besoins dans mon exploitation »

Dans le Maine-et-Loire. Détecteur de chaleur, calendrier partagé, station météo… Jean-Pierre Morille a ciblé des outils pour concilier maîtrise du volume de travail et performance économique.

Jean-Pierre Morille. « Si elles se développent, les technologies basées sur l’imagerie 3D pourraient m’intéresser pour améliorer le suivi de la croissance de mes génisses. » © DR
Jean-Pierre Morille. « Si elles se développent, les technologies basées sur l’imagerie 3D pourraient m’intéresser pour améliorer le suivi de la croissance de mes génisses. »
© DR

« Étant limité en main-d’œuvre, mon objectif est de passer le moins de temps possible auprès de mes animaux tout en gardant un œil bienveillant sur eux », souligne Jean-Pierre Morille. Installé en individuel, il bénéficie de l’aide de son père et d’un jeune en apprentissage pour gérer son exploitation de 77 hectares et son troupeau de 70 Holstein à 10 000 kilos.

Il utilise un calendrier partagé sur smartphone pour gérer les emplois du temps de chacun. Par ailleurs, l’application Pilot’Elevage sécurise le suivi du troupeau. « Comme nous avons accès tous les trois à toutes les informations sur notre smartphone, je n’ai pas besoin d’être systématiquement là en cas d’intervention sur un animal. »

Pour l’épauler dans la détection des chaleurs, il a investi dans l’outil de monitoring Heatime-HR (chaleur et rumination) en 2012. « Cet équipement est très performant. Je mets un collier sur les génisses un mois avant de les inséminer et sur les vaches de la préparation au vêlage jusqu’à la confirmation de leur gestation. Cinquante colliers suffisent. »

Les chaleurs, la rumination mais pas les vêlages

Dès qu’il reçoit une alerte chaleur sur son smartphone, Jean-Pierre Morille vérifie sur l’application du Heatime la cohérence avec la cyclicité de l’animal avant d’appeler l’inséminateur. Avec un intervalle vêlage-vêlage moyen de 375 jours, la méthode s’avère plutôt efficace.

Si l’efficacité est au rendez-vous, le retour sur investissement est plus compliqué à évaluer, estime l’éleveur. « Au-delà de la détection des chaleurs, le Heatime permet de repérer les vaches qui sont en anœstrus ou qui ont un kyste ovarien. Je n’ai pas besoin d’attendre les échographies (passage de l’inséminateur une fois par mois) pour m’en rendre compte. Si cela me permet de récupérer deux ou trois vaches chaque année, je pense rentabiliser assez rapidement mon équipement. »

L’outil de monitoring fournit également des informations sur le temps de rumination. « Quand une vache est en chaleurs, elle rumine moins. La mesure du temps de rumination me permet également de détecter deux à trois vaches par an qui avalent un corps étranger. Je gagne en réactivité. »

Côté bémol, Jean-Pierre note que pour utiliser la nouvelle version du Heatime, il a dû réinvestir 3 900 euros HT en 2016. « Sur le coup, quand on signe le chèque, cela fait un peu mal. Puis j’ai fini par vite oublier parce que cette nouvelle version avec le système de communication Lora-Wan est bien plus performante. Les animaux ne sont plus obligés de passer dans une salle de traite ou le robot pour que la base récupère les données stockées dans les colliers. » Il est à noter que désormais, le système SenseHub a pris le relais du Heatime.

Un robot de traite et un DAL autonettoyant

Bien qu’à l’affût de tout ce qui peut l’épauler dans la conduite de son exploitation, l’éleveur fait en sorte de ne pas tomber dans l’excès. « Je n’ai pas investi dans un système de détection des vêlages parce que je n’en ai pas besoin. J’ai réussi à résoudre le problème par la génétique et l’alimentation. En revanche, quand on n’y arrive pas, l’outil peut apporter une aide précieuse. »

La robotisation est un autre levier utilisé pour diminuer le volume de travail d’astreinte et gagner en souplesse. Un robot de traite DeLaval a été acheté en 2009. La valorisation des données fournies par le logiciel du robot est assez classique : nombre de passages, quantité de lait, alertes cellules… « En cas de doute, je reviens parfois à un moyen plus archaïque (test au Teepol) mais efficace pour contrôler les mammites », souligne-t-il en souriant.

Par ailleurs, un DAL autonettoyant avec pesage automatique de la poudre de lait et de l’eau vient d’être installé dans la nurserie. « Il marche plutôt bien, mais je n’ai pas encore assez de recul pour juger. »

Le saviez-vous ?

Jean-Pierre Morille a été recruté pour intégrer le réseau d’élevages du programme Sm@rt’élevage piloté par l’Institut de l’élevage. L’objectif est de valoriser les expériences de terrain pour compléter les recherches menées dans les fermes expérimentales... 

Les cultures et prairies sont également connectées

Station météo connectée, Happygrass… La recherche de précision concerne aussi les végétaux.

Dans cette exploitation, les 77 hectares de SAU sont irrigués et drainés. Jean-Pierre Morille a investi en 2019 dans une station météo connectée (Weenat) pour piloter la culture des 25 hectares de maïs qu’il implante chaque année. « Quand j’aurai le temps, j’aimerais tester la sonde de pilotage de l’irrigation fournie avec cette station météo. »

Pour le pilotage de la fertilisation azotée, il utilise toujours la méthode Jubil. « Les systèmes de cartographie par drone ou satellite coûtent cher, surtout quand on a peu de surfaces. Si je devais utiliser ces outils, ce ne serait pas pour des raisons économiques mais pour répondre à des contraintes environnementales. »

« Les mesures d’herbe sont chronophages »

L’outil de gestion de la conduite des prairies HappyGrass n’a pas été pleinement valorisé cette année. « L’ergonomie et la vitesse de saisie des informations vont évoluer. Les mesures de pousse d’herbe avec l’herbomètre électronique sont chronophages. Cette année, nous avons été un peu bousculés au printemps. Et comme le pâturage n’est réservé qu’aux génisses, ce n’est pas une priorité. » Jean-Pierre Morille a toutefois pleinement profité des formations proposées avec son abonnement à HappyGrass (350 €/an).

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