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« Nous avons amélioré la qualité de la prise colostrale »

En Ille-et-Vilaine, Étienne Simon et son associé ont réfléchi à un protocole simple et efficace pour distribuer un colostrum de qualité et assurer aux veaux un bon démarrage.

À sa naissance, le veau naît avec un faible niveau de défenses immunitaires. Il a besoin d’un transfert de l’immunité acquise par sa mère, via le colostrum, qui lui apporte également de l’énergie. Les anticorps ont un franchissement optimal de la barrière intestinale pendant les six premières heures de vie. « Pour une bonne acquisition de l’immunité, le veau doit recevoir 200 grammes d’immunoglobulines sur cette période », rappelle Caroline Oulhen, vétérinaire chez Eilyps. Ce qui demande que chaque veau reçoive, suffisamment et rapidement, du colostrum de qualité.

Pour démarrer leurs veaux du mieux possible, Etienne Simon et son associé ont pris le temps de bâtir un protocole simple et efficace. Même s’ils ne rencontraient pas de problème particulier, les deux éleveurs et leur salariée ont réfléchi à leurs pratiques autour des veaux en 2013, lors de la mise en service de leur nouveau bâtiment avec traite robotisée. « Ce nouveau bâtiment a été monté car, en quelques années, nous sommes passés de 70 à 130 vaches, retrace Étienne Simon. Et qui dit plus de vaches, dit aussi plus de veaux à surveiller. Pour être sûrs de bien démarrer les veaux, nous avons mis en place un protocole pour nous assurer de la qualité des colostrums et des conditions de distribution. Ces pratiques, nous les avons voulues simples et reproductibles, pour qu’on s’y tienne dans la durée et que ce soit faisable le week-end quand il n’y a qu’une personne d’astreinte. »

Distribuer une ration de préparation au vêlage

Pour obtenir un colostrum de qualité, le premier levier est l’alimentation des vaches taries. « Nous gérons les vaches taries en deux lots, avec une ration différente, explique Étienne Simon. Sur la deuxième moitié du tarissement, la ration de préparation au vêlage comprend, en brut, 2 kilos de paille broyée, 22 kilos d’ensilage de maïs, 3 kilos de tourteaux de colza et 200 grammes d’un minéral spécial vaches taries. Ce minéral spécifique joue à la fois sur la qualité du colostrum et la prévention des maladies post-partum. » Pour limiter le stress, les vaches vêlent dans le lot de préparation puis rejoignent la stabulation. Les génisses arrivent dans le lot de préparation un mois et demi avant le vêlage. « Grâce à cette ration bien équilibrée et à l’absence de stress, les vêlages sont plus rapides, les veaux plus toniques. »

« À chaque vêlage, nous vérifions la qualité du colostrum au réfractomètre. Sur les enregistrements de cette année, ils affichent 19 brix pour certaines génisses et atteignent jusqu’à 30 brix pour les meilleures vaches, retrace Étienne Simon. La plupart des colostrums sont au-dessus de 25. »

Un colostrum affichant 22 brix contient 50 g/l d'IgG. C'est le minimum à viser. En en distribuant 4 litres, le veau reçoit les 200 grammes d’immunoglobulines recommandés. « Les veaux sont drenchés dans leurs premières heures de vie. Nous le faisons systématiquement pour être sûrs qu’ils absorbent bien 4 litres de colostrum rapidement après leur naissance, poursuit Étienne Simon. De cette façon, on est certains de la quantité absorbée. Par la suite, ils recevront de 2 à 4 buvées avec le lait de leur mère. »

Si les colostrums affichent moins de 22 brix, les éleveurs augmentent un peu le volume distribué pour compenser le déficit d'immunoglobulines. Et si le colostrum n'est pas en quantité suffisante, ils complètent avec du colostrum congelé pour atteindre les 4 litres.

Les éleveurs tâchent de distribuer le colostrum le plus rapidement possible après le vêlage. Pour les vêlages nocturnes, le veau est drenché au petit matin, une fois que sa mère est passée au robot.

« Nous veillons à une hygiène irréprochable »

Les veaux sont logés dans des cases paillées, nettoyées et désinfectées entre chaque veau. Comme le veau nouveau-né a un faible niveau d’immunité, l’hygiène de la distribution doit être irréprochable. « Nous avons deux drencheurs, un pour le colostrum, un pour les veaux malades, précise Étienne Simon. Même si nous les désinfectons après chaque usage, ça limite les risques. On reste rigoureux pour toute l’alimentation lactée en utilisant des seaux numérotés. » Ainsi, chaque veau boit toujours dans le même seau. Les seaux sont nettoyés et égouttés après chaque buvée. « On évite aussi de distribuer le lait écarté (cellules ou antibiotiques) et on pèse la poudre à chaque buvée pour assurer la stabilité de la ration. »

À retenir

° Faire ingérer 200 g d'IgG très vite, si possible dans la première heure.
° Le veau nouveau-né a très peu de réserves corporelles : il a besoin rapidement de nutriments.

De bons colostrums aussi chez les primipares

Eilyps a analysé pendant deux ans, les teneurs en brix des colostrums de 925 vaches, toutes races confondues. Premier enseignement, les teneurs sont assez stables, autour des 22 brix. Deuxième enseignement, les analyses ont montré que les colostrums des primipares ne sont pas moins concentrés que ceux des multipares. « Les premières et troisièmes lactations sont à un niveau équivalent, autour des 22 brix. On note un creux de qualité en deuxième lactation, avec une moyenne à 20,9. Pour les lactations de rang 4 et plus, la qualité va en s’améliorant et dépasse les 22 brix», chiffre Caroline Oulhen, vétérinaire.

« Avec une bonne ration de préparation alimentaire au vêlage, le colostrum sera en moyenne supérieur de 1,5 unité brix. De plus, un colostrum prélevé dans les six premières heures de vie aura en moyenne 2,5 unités brix de plus qu’un colostrum prélevé plus de six heures après vêlage. Si on cumule, un colostrum issu d’une mère ayant reçu une ration de préparation au vêlage spécifique et prélevé dans les six premières heures de vie sera généralement supérieur de 3,5 unités brix par rapport à la moyenne. »

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