« Mon bâtiment de poulets de chair a mis sept ans à voir le jour »
Le nouveau bâtiment d’Erwan Guillevic, éleveur de volailles de chair à Plaudren dans le Morbihan, était attendu. Présenté lors d’une porte ouverte organisée par Sanders et Gaévol, l’outil construit optimise les coûts tout en ayant des équipements performants.
Le nouveau bâtiment d’Erwan Guillevic, éleveur de volailles de chair à Plaudren dans le Morbihan, était attendu. Présenté lors d’une porte ouverte organisée par Sanders et Gaévol, l’outil construit optimise les coûts tout en ayant des équipements performants.
Sept années de bataille n’ont pas découragé Erwan Guillevic. Après les oppositions du voisinage et de multiples recours, l’éleveur tenace a finalement obtenu gain de cause. Avec son groupement Gaévol, le bâtiment neuf de 1 876 m² a été inauguré à Plaudren dans le Morbihan en septembre dernier. Un projet qu’Erwan Guillevic a mené de bout en bout, mais qui a toutefois entraîné un surcoût de 125 €/m², conséquence de l’inflation des bâtiments. « Il a fallu retrouver un constructeur et adapter le projet initial», raconte l’éleveur. « Si j’avais abandonné le projet et remis le site en état, j’aurais perdu 75 000 € de travaux dont le terrassement », confie-t-il. La première mise en place a démarré fin mai 2025 et deux lots de poulets Princior sont sortis depuis. Au total, l’exploitation comprend sept bâtiments de volailles de chair, trois UTH, 120 ha de SAU et totalise 9 400 m².
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Isolation et litière sèche
Le bâtiment neuf conçu par l’entreprise Dugué comprend une dalle bétonnée et des fenêtres représentant 3% de la surface au sol (complétées par un éclairage à led). Il a la particularité d’avoir des parois isolées de bas en haut pour éviter les ponts thermiques avec des panneaux sandwich maintenus par des profils en aluminium et inox. Des panneaux sandwich que l’on retrouve au plafond, ce qui facilite le nettoyage et confère une meilleure longévité. Les panneaux installés isolent le bâtiment par une couche de mousse de polyuréthane de 50 mm d’épaisseur.
Pour Erwan Guillevic, le choix s’est porté sur deux chaudières à gaz de 120 kW avec un ballon en inox de 1000 litres chacun. Le réseau d’eau chaude circule à 80°C jusqu’aux quatre aérothermes Multiheat de 80 kg et de 50-75 kW suspendus par des treuils. En phase de démarrage, l’air réchauffé redistribué au niveau des animaux atteint la vitesse de 0,04 m/seconde. « L’avantage est de maintenir une litière plus sèche, cela apporte une valeur ajoutée quant au risque de pododermatite. L’éleveur met toutes ses chances de son côté », commente Pascal Vicaud, commercial volailles et poules pondeuses chez Sanders. Cependant, Erwan Guillevic a voulu une installation évolutive dans le temps. « Si un jour, le coût des chaudières biomasse diminue, je pourrai changer de chaudière ».
Mâles/femelles séparés sur la longueur
La ventilation dynamique à extraction haute plus pignon est sous concept Skov. L’entrée d’air bilatérale du bâtiment (20 m sur 90 m) se fait par de nouvelles prises d’air murales DA 3800, plus larges, adaptées aux grands élevages. « Les lamelles orientent le flux d’air. Lorsqu’il fait froid, l’air est dirigé vers le plafond et par temps chaud, les lamelles s’ouvrent au maximum à l’horizontal », décrit l’éleveur. L’extraction de l’air est réalisée par cinq cheminées de 26 000 m3/h à 40 pascal dont deux progressives, selon la technique « Dynamic multistep ». Complétée par une extraction en pignon par six turbines BF 50 dont cinq de 39 000 m3/h et une variable de 44 000 m3/h à 40 pascal.
Pour faciliter l’élevage des poulets lourds sexés, l’éleveur a mis au point une séparation longitudinale du bâtiment sous la forme d’une barrière relevée par un treuil électrique. « J’ai acheté les matériaux, les câbles et fabriqué la barrière aérienne. Une fois les femelles parties à 33-34 jours, la barrière est levée ce qui permet aux mâles d’occuper l’espace en 2-3h et non en 24 h, de boire et de manger plus rapidement grâce à l’absence de stress et de mise à jeun comme pour les séparations classiques. La température est mieux gérée car il y a moins d’écart dans le bâtiment ; la croissance est meilleure et le temps de travail réduit », valident éleveur et techniciens.
Un surcoût de 125 €/m²
Pour la distribution de l’aliment, l’éleveur a opté pour cinq rangées d’assiettes Comeo de Roxell avec ses ailettes, qui ont la particularité de ne pas laisser entrer les poulets dans l’assiette et de limiter la compétition entre animaux. « Cela évite le grattage et améliore l’indice de consommation », complète Erwan Guillevic. Quant aux six lignes de pipettes Lubing avec godet récupérateur et purge automatique, elles ont été choisies pour leur « fiabilité ».
Dans le local attenant, le boîtier de pilotage Bluecontrol de Skov a été installé. Le système régule automatiquement le bâtiment soit à partir de la température, de l'humidité ou de la qualité de l'air, grâce à une intelligence artificielle. Dans tous les cas, l'éleveur garde la main. Enfin, le système de « pesage silo » de Tuffigo rapidex équipe les quatre silos, facilitant la gestion des stocks d’aliments et le suivi des livraisons grâce à un affichage digital.
Au global, le bâtiment a coûté 425 €/m² (soit 796 000 €), un coût en hausse de presque 30% par rapport au projet initial de 2017. Le projet n’a bénéficié d’aucune subvention. Toutefois, l’éleveur tire parti d’un accompagnement de 45 €/m² en aide directe de Sanders Bretagne ainsi que de 23,50 €/t de vif pendant 10 ans. L’élevage produira entre 5,5 à 6 lots de poulets lourds par an. Les deux premiers lots sortis sont conformes au prévisionnel basé sur une marge PA moyenne de 16,93 €/m²/lot. Ce nouveau bâtiment tant attendu vient conforter l’élevage qui emploie deux salariés, dont Christine l’épouse d’Erwan. Bientôt, la toiture renforcée accueillera des panneaux photovoltaïques sur sa totalité.
Une trappe pour bâtiment large
Nouveauté Skov, la prise d’air de haute capacité DA 3800 est conçue pour les grands bâtiments (minimum 20 m de large). Les trappes plus larges sont moins nombreuses ce qui réduit le coût de l’installation. Equipées d'un déflecteur fixe et de petites lamelles, celles-ci dirigent le flux d'air et limitent l'entrée de la lumière. La trappe présente un débit de 7 500 m3/h (à 40 pascal).
Un projet contesté mené jusqu’au bout
« Lors de l’enquête publique pour la construction du bâtiment sur le site historique de notre élevage, nous avons eu de multiples recours en justice d’opposants - voisins, association - devant les tribunaux de Rennes puis de Nantes. Jusqu’à 300 manifestants ont protesté devant notre maison. L’agrandissement a fait craindre des nuisances sonores et olfactives… J’ai toujours eu gain de cause mais les banques ont gelé les investissements », raconte Erwan Guillevic. Ayant débuté le terrassement en 2017, l’éleveur veut mener le projet à son terme. Malheureusement pour lui, la flambée des constructions est passée par là entre temps. Le projet initialement prévu à 300 €/m² passe à 425/m², soit un surcoût de plus de 200 000 €, sans compter les frais d’avocat... « Il faut connaître son projet, aller voir les voisins, leur apporter de l’information pour les rassurer», rappelle Eric Mansuy, responsable volailles de chair chez Sanders.
Repères
2011 : Installation d’Erwan avec 1 200 m²
2013 : reprise de 1 200 m² sur un 2ème site
2017 : acquisition d’un 3ème site avec 2 bâtiments de 1 200 m²
2023 : départ en retraite de son père, reprise des 2700 m², arrivée de son épouse Christine
2024 : embauche d’un salarié
2025 : après 7 années de contentieux, mise en production du nouveau bâtiment sur le site historique
A savoir
Sanders Bretagne recherche 60 nouveaux bâtiments pour sa production de poulet Princior et de dinde.