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Les Savoyards se mettent au pâturage dans les vignes

Alors que le programme ClimPasto s’est terminé fin 2022, un séminaire de restitution et d’échanges était organisé les 11 et 12 octobre en Savoie. Les participants ont pu participer à quatre visites d’exploitations, notamment chez Stéphane Vernaz, éleveur ovin dans le parc des Bauges.

En Savoie, le pâturage dans les vignes, ce n’est pas vraiment une pratique à laquelle on pense. Culturellement, celle-ci n’est pas ancrée dans les traditions du territoire. Pourtant, c’est aujourd’hui une piste envisagée par les éleveurs. « Nous sommes souvent sollicités sur cette pratique, notamment en basse montagne. Nous menons actuellement une réflexion pour généraliser ce type de pratique sur les pelouses sèches. Nous avons encore peu de références en Savoie », confirme Rémy Magdinier, référent agro-environnement au sein de la Société d’économie alpestre de Savoie.

Une surface de pâturage très diversifiée

Et parmi ces quelques références, il y a Stéphane Vernaz. Cet éleveur ovin viande s’est installé en 2001 à Hauteville en Savoie, près d’Albertville. Il possède actuellement 400 brebis : des mérinos d’Arles, principalement, ainsi que 70 brebis de la race Île-de-France. L’objectif de l’exploitant est clair : être autonome quant aux ressources fourragères. Pour ce faire, les brebis partent habituellement en estive du 15 mai à fin octobre à 80 kilomètres du siège de l’exploitation, à Valloire. « Les animaux peuvent profiter de 400 hectares. J’accueille également, lors de cette période, 1 800 autres brebis en pension », souligne Stéphane Vernaz. Ce dernier peut également compter sur des surfaces mises à disposition par un céréalier qui « sème des couverts d’hiver, du ray-grass principalement. »

Laisser les brebis le plus longtemps en extérieur m’apporte du bon

L’éleveur ovin possède également 15 hectares qui lui servent à constituer son stock de foin pour l’hiver. L’agnelage est étalé : de quoi permettre à l’éleveur de ne pas avoir tous les animaux en bâtiment au même moment. Et depuis deux à trois ans, ses brebis pâturent également dans les vignes de Raphaël Saint-Germain, un viticulteur, qui travaille en bio, dont les terres sont situées à Saint-Pierre-d’Albigny. « Il y a au total 13 hectares de vignes et 2 à 3 hectares de prairies sèches ou jachères », précise Stéphane Vernaz.

Limiter la pression sanitaire en bâtiment

Plusieurs lots de 50 brebis, gardés par des filets, sont en outre disposés sur différents secteurs lorsque la vigne n’est pas en période végétative. La petite taille des mérinos d’Arles est par ailleurs un atout. « Les brebis n’abîment pas le fil qui tient la vigne. »

« Avec les hivers cléments que nous avons, le pâturage dans les vignes me permet de soulager la pression en bâtiment. Qui dit moins de pression dit également moins de pression sanitaire, moins de fumier… Rester le maximum en extérieur m’apporte du bon. » L’éleveur commercialise sans difficulté ses agneaux. Mais impossible pour lui d’imaginer en vendre davantage. « Malgré la demande forte en agneaux, je ne peux en vendre davantage car je suis contraint par le manque de surfaces pour augmenter mon cheptel », conclut-il.

ClimPasto en bref

Le changement climatique est une réalité. Et cela, les professionnels agricoles l’ont bien compris, avec ces hivers qui s’avèrent être moins froids, avec un enneigement moindre, ces printemps plus chauds que les normales de saison, la problématique de l’eau ou encore les températures qui sont instables et présentent de grandes amplitudes sur de courtes périodes. Le projet ClimPasto (changement climatique et pastoralisme) s’avère donc être un formidable outil pour s’adapter à ces changements, trouver des solutions et les partager.

Climpasto est coordonné par le Service d’utilité agricole à compétence interdépartementale (Suaci) Montagn’Alpes et rassemble 23 partenaires : les chambres d’agriculture, les structures agricoles des massifs, les services pastoraux, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) ainsi que l’Institut de l’élevage (Idele).

Ce programme, qui a duré deux ans, s’articule autour de trois axes. Il s’agit en premier lieu de s’intéresser aux indicateurs agroclimatiques, en s’appuyant sur le retour d’expérience de trois dispositifs existants sur les massifs des Alpes, du Jura et du Massif central (Alpages Sentinelles, Resysth et AP3C). Le deuxième axe du projet a porté sur une typologie des milieux pastoraux et sur leur vulnérabilité ou résilience face aux aléas climatiques (projet Pastothèque). Enfin, le troisième axe a visé à relever les marges de manœuvre permises par les systèmes agropastoraux afin de s’adapter au changement climatique ; une enquête auprès de 49 éleveurs a d’ailleurs été réalisée afin de recenser les pratiques.

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