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« Le compost sécurise le droit à produire de mon élevage de volailles»

Depuis plus de vingt ans, Olivier Rousseau transforme le fumier de ses volailles en compost, exporté en zone céréalière. Le compost conforte avant tout son outil de production.

La technique, Olivier Rousseau, la maîtrise sur le bout des doigts. Depuis 2003, il fabrique du compost à partir du fumier des poulets et des dindes produits sur son élevage de 3 939 m² à Moutiers, en Ille-et-Vilaine. Toute la litière des trois bâtiments est transformée en compost, vendu à des céréaliers via l’entreprise Terrial. Cet engrais organique, structurant pour le sol est apporté sur les 20 hectares de cultures de l’exploitation. Dès le départ, l’éleveur a opté pour le système Val’Id. Rénovée en 2023, l’installation a fait peau neuve. Le système représente pour l’éleveur la pérennité de son élevage. À la veille de transmettre son outil de production d’ici cinq à six ans, Olivier Rousseau est confiant : « Mon élevage est autonome. »

lire aussi : « Mes effluents sont méthanisés avant d’être compostés », explique Benoît Riou, éleveur de dindes

Plus de vingt ans d’expérience

En 2003, l’élevage avicole comprenait une surface de 2,80 hectares et quatre prêteurs de terre pour la valorisation des effluents de l’élevage de 2 500 m² en volailles de chair. L’arrêt d’une des conventions d’épandage sera l’élément déclencheur de la fabrication du compost. « À l’époque, j’avais perdu un prêteur, il fallait alors refaire le dossier avec tout l’administratif et les coûts associés. C’est là que j’ai décidé de composter le fumier des volailles. » En 2006, le canton est passé en zone d’excédents structurels avec un seuil d’obligation de traitement à partir de 12 500 unités d’azote. « On a rallongé la première station puis monté la deuxième et la troisième lors de la construction du troisième bâtiment sur le site en 2010 », raconte Olivier Rousseau. Pour lui, la station de compostage est l’outil pivot par lequel l’exploitation peut produire en toute autonomie.

Bien mélanger et humidifier

La préparation du compost débute dès le nettoyage des bâtiments volailles avec un bon mélange de la litière afin d’homogénéiser le futur tas de compost. Le fumier se compose de copeaux de bois (paillage) et de paille broyée (repaillage). « Je cure en épi pour mélanger le fumier, surtout le fumier de dinde, plus compact et plus concentré. Je vide également les fosses pour humidifier le fumier. Pour remplir le silo de la station de compostage, il me faut l’équivalent de deux poulaillers en dinde ou de quatre poulaillers en poulets », décrit Olivier Rousseau. Un des mélanges se compose, par exemple, de 75 tonnes de fumier de poulailler, 135 tonnes de fumier de dindon et 40 m3 d’eau. Une fois l’opération réalisée, une bâche recouvre le tas dans lequel quatre sondes sans fil (wifi) sont plantées en quinconce. Deux anciennes stations de forme « bateau » ont été gardées pour stocker le fumier dans l’attente d’un nouveau cycle de compostage.

Régulation de l’aération

Au préalable, la station de compostage a été préparée après un nettoyage minutieux une semaine avant. « Je décharge la station du lot précédent dans le hangar de maturation puis je lave le sol pour déboucher les trous d’aération avec une pompe de lavage haute pression. Quand je remplis la station, je mets en route forcée les aérateurs pour éviter de boucher les trous au moment du chargement ». Cette étape s’avère cruciale car l’air injecté par les trous (voir encadré) conditionne la bonne montée en température du compost après trois à quatre jours. C’est grâce aux sondes mesurant la température du tas que l’air injecté (apport d’oxygène) est régulé automatiquement par un logiciel pilote. La combinaison entre humidité et oxygène favorise le processus de compostage aérobie. Au cours de ce processus, les micro-organismes aérobies décomposent la matière organique et produisent du gaz carbonique (CO2), de l’ammoniac, de l’eau, de la chaleur et de l’humus, qui est le produit organique final relativement stable. Une bonne aération est indispensable pour un compostage efficace. Par précaution, l’éleveur conserve le compost pendant 35 jours à une température supérieure à 55 °C, avant de le transférer dans le hangar pour l’étape de maturation d’une durée de 60 jours minimum mais pouvant s’étaler sur six mois.

trou d'aération dalle compost

Entre engrais et amendement

Deux fois par an minimum, le compost est contrôlé. « La courbe de température, l’analyse du compost et les quantités utilisées et vendues sont vérifiées », précise Olivier Rousseau. Le compost produit à un tonnage de 1 200 tonnes par an se compose de 2,8 % d’azote, 1,6 % de phosphore, 2,7 % de potassium, 48 % de matière organique et 62 % de matière sèche avec un C/N supérieur à 8. « Au vu de sa composition, le compost entre dans la catégorie engrais organique », précise Florent Vacher de Terrial, responsable « sourcing » et relation éleveurs. Le compost est épandu sur les 20 hectares de colza, de maïs et de blé de l’exploitation selon le plan prévisionnel de fumure établi. Il permet une fertilisation en azote, phosphore et potassium tout en maintenant la matière organique du sol, et donc sa structure. Par exemple, la culture de colza avant implantation, reçoit un apport de 9 tonnes par hectares, épandu grâce à un épandeur à table utilisé notamment pour sa régularité. « L’épandeur vertical était moins précis et le blé avait de la verse à certains endroits », justifie l’éleveur.

poignée de compost de volailles

Concernant l’étape finale de commercialisation, Olivier Rousseau a fait le choix de la déléguer. La convention passée avec Terrial fixe la reprise de la totalité du compost restant. Quarante-cinq camions sont chargés sur deux périodes, avril et août. Le prix de la reprise par Terrial se situe entre 25 et 45 euros la tonne selon la conjoncture. « Le chargement se fait sur quinze jours à la demande de l’éleveur », indique Florent Vacher. « Nous nous occupons de faire la mise en marché avec un volet logistique. Le produit est livré directement en zone céréalière. »

Que comprend la nouvelle station de compostage ?

La station de compostage de la société Val’Id deuxième génération comprend un grand silo (20 m x 6 m x 2,5 m) sous lequel des gaines d’aération insérées dans la dalle en béton font circuler de l’air qui ressort par des petits trous alignés au sol. Reliés à un ventilateur installé sur le mur arrière de la station, les trous diffusent l’air dans le tas de fumier. La quantité et la durée d’air soufflé par le ventilateur sont gérées par un automate piloté à partir de quatre sondes sans fil plantées dans le tas. Le pilotage est assuré par un logiciel installé sur l’ordinateur de l’éleveur. « Auparavant, la première station comprenait trois moteurs de 5,5 chevaux et maintenant, la station est équipée d’un seul moteur de 2,2 chevaux pour faire fonctionner le ventilateur. Cela m’a permis de faire une économie de 1 000 euros par an entre l’ancienne et la nouvelle installation », remarque Olivier Rousseau. Un hangar ou zone de maturation de 400 m² conçu en 2003 stocke le compost. Enfin la gestion des jus d’écoulement se fait par une cuve de 5 m3. Deux silos « bateau » installés en 2003 ont été conservés pour le stockage du fumier. Le montant de la nouvelle station rénovée s’élève à 43 000 euros. Tous les trois ans, l’installation est contrôlée dans le cadre de la réglementation ICPE.

hangar de compostage pour la maturation

Le temps de travail à prendre en compte

L’élevage d’Olivier Rousseau de 3 939 m² en volailles de chair comprend 2 UTH. Quatre à cinq fois dans l’année, il recharge et décharge la station. Il faut 6 à 8 heures pour charger la station en fumier (qu’il ne faut pas tasser). Puis 4 heures sont nécessaires pour la vider du compost, transporté jusqu’au hangar de maturation avec un télescopique. Le nettoyage de la station demande une heure. Quant au chargement des 45 camions à l’année, il lui faut entre 20 et 30 minutes par véhicule.

Un double intérêt agronomique

Le compost de volailles de chair après une bonne maturation constitue une source d’azote, de phosphore, de potassium progressivement disponible pour les cultures. Classé engrais organique, il a un double intérêt agronomique, avec un effet amendant et un effet fertilisant. Il est intéressant pour l’entretien des terres en matière organique stable. Hygiénisée par le compostage, cette matière organique a peu de risques de contamination par des organismes pathogènes (source Cirad, Chambre d’agriculture, 2020).

Une mise en marché déléguée

Chez Olivier Rousseau, l’entreprise Terrial gère le volet commercial qui assure le débouché et le positionnement du prix ; le volet logistique avec la planification des chargements et la mise à disposition des moyens de transport ; le volet administratif avec la facturation aux clients, la traçabilité et le suivi qualité. « Les éleveurs peuvent être également conseillés sur leurs choix techniques parmi les différentes méthodes de compostage : aération forcée comme chez M. Rousseau, par retournement… Cela peut être lors d’une nouvelle installation de compostage, une mise aux normes, un besoin d’améliorer la qualité du compost… », explique Charles Prévost, responsable marketing chez Terrial qui valorise le compost de 600 éleveurs en France. « Cette matière riche est à considérer comme un vrai produit et non comme un déchet. »

Terrial gère la mise en marché du compost et Florent Vacher de Terrial, responsable sourcing et relation éleveurs.

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