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Une torsion de caillette fatale

Vu par Sophi, Cercelet, vétérinaire dans le Nord

A 7 h 30, un éleveur contacte le cabinet pour « une vache qui vient de tomber en sortie de salle de traite, et qui n’est pas bien du tout ». Je suis sur place 30 minutes plus tard, mais c’est trop tard, « elle est déjà morte ». L’éleveur me dit qu’elle « n’était pas dans son assiette ce matin », qu’elle n’a rien donné à la traite. Les jours précédents, il n’a pas remarqué de symptômes flagrants, peut-être une baisse de lait. Pour savoir de quoi est morte si brutalement cette vache, vêlée il y a 3 mois et qui n’avait eu aucun problème en début de lactation, nous décidons de l’autopsier immédiatement.

À l’ouverture de la cavité abdominale, je vois immédiatement qu’il y a une péritonite alimentaire (péritonite causée par du contenu digestif), il ne reste donc plus qu’à trouver de quelle partie du tube digestif vient ce contenu alimentaire. En poursuivant l’autopsie, je vois que la caillette est très rouge, pour ne pas dire violette et extrêmement gonflée. Le diagnostic de torsion de caillette est déjà quasi certain. Ce sera confirmé par visualisation du nœud de torsion. Il n’y a pas d’autre lésion.

Une durée d’évolution courte

Il ne faut pas confondre les déplacements et les torsions de caillette. Lors du déplacement de caillette, celle-ci part de la droite de la vache, glisse sous le rumen et va se coincer sur le côté gauche entre le rumen et la paroi abdominale, le pronostic est très bon après chirurgie et traitement contre l’acétonémie. Dans le cas présent, la caillette est restée sur la droite de la vache, s’est dilatée puis tordue, ce qui obstrue totalement le passage des aliments.

Lors de torsion de caillette, les symptômes sont parfois assez frustes, la vache a des coliques (se lèv, se couche, grince des dents, tape son flanc ou juste le regarde), se « coupe de lait ». Parfois selon la durée d’évolution, l’éleveur remarque que la vache gonfle et ne fait plus de bouses. Rapidement après la torsion, il y a accumulation de liquides et de gaz dans la caillette dont la paroi reçoit moins de sang à cause de la torsion qui fait comme un garrot, la paroi commence à se nécroser. La vache est en état de choc, ses extrémités sont froides et ses yeux s’enfoncent. C’est souvent à ce moment que le vétérinaire intervient.

Quand le diagnostic est posé, le traitement se fait par chirurgie (laparotomie, détorsion et fixation de la caillette). La vache survit dans environ 60% des cas. Dans les autres cas, parfois il faut euthanasier dès le début de l’opération car la paroi de la caillette est trop abimée pour permettre la survie. Ou parfois l’opération va jusqu’à la fin mais la nécrose de la caillette n’était pas encore visible et la vache fait une péritonite dans les jours suivants.

La durée d’évolution est courte, le plus souvent 24 h après la torsion de la caillette, la vache ne sait plus se lever (ce qui empêche de l’opérer). Dans notre cas, la durée d’évolution a été encore plus courte (est-ce que la paroi de la caillette était déjà fragilisée ? ce qui aurait rapidement provoqué une rupture de la paroi et une péritonite alimentaire).

La torsion de caillette est une pathologie peu fréquente, qui touche majoritairement les vaches Holstein mais il est possible d’en avoir dans d’autres races laitières ou allaitantes et même chez le veau. Cela arrive plutôt dans les quelques semaines/mois après vêlage. La cause de ce problème est mal définie, les études montrent que c’est du à une hypomotilité de la caillette (=manque de contraction), elle-même souvent dues à une hypocalcémie ainsi qu’à une ration trop riche en graisses et en protéines. S’il y a plusieurs cas de torsion de caillette, la priorité est de vérifier la ration.

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