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Une nouvelle voie s’ouvre dans la lutte contre les mammites

Une première cytokine pour booster l’immunité des vaches autour du vêlage vient d’être lancée par Elanco. Une façon  inédite de lutter contre les infections mammaires.

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© DR

C’est bien connu, autour du vêlage, les vaches présentent une baisse d’immunité qui les rend vulnérables aux mammites, métrites et rétentions placentaires. En lançant en septembre une première cytokine (Imrestor) pour réduire le risque de mammites cliniques pendant le premier mois de lactation, le laboratoire Elanco "ouvre beaucoup de portes" en médecine vétérinaire. C’est en tout cas l’avis de vétérinaires présents lors du symposium organisé à Nantes en septembre à l’occasion de son lancement(1).

 « Les cytokines ont un rôle très important car elles permettent le recrutement et l’activation des cellules neutrophiles, a expliqué Francis Séryes de filière blanche. Or « les neutrophiles jouent un rôle central dans l’immunité innée, a insisté Gilles Foucras, professeur de pathologie des ruminants à l’école vétérinaire de Toulouse. Ils sont équipés pour éliminer les bactéries extracellulaires type colibacilles, streptocoques ». Les cytokines sont d'ailleurs déjà utilisées en médecine humaine, notamment pour stimuler l’immunité de malades traités par chimiothérapie.

Que se passe-t-il quand des bactéries réussissent à franchir le sphincter du trayon? Des cellules sentinelles (les macrophages) déclenchent l’alerte : elles libérent des substances messagères (les cytokines). Les cellules neutrophiles sont alors produites en grand nombre par la moëlle osseuse. Elles passent dans le sang où elles sont activées. Puis elles migrent rapidement vers les tissus infectés où elles assurent leur fonction bactéricide.

La plupart du temps, les neutrophiles remplissent leur rôle normalement. Mais si leur activité bactéricide diminue ou s'ils sont en nombre insuffisant, les bactéries présentes dans la mamelle se multiplient plus rapidement et le risque d’infection augmente fortement. C'est le cas en cas d'hypocalcémie, de déséquilibre énergétique autour du vêlage ou de stress. On peut agir en prévenant l'hypocalcémie subclinique, les cétoses... On peut aussi stimuler l'immunité non spécifique. "Le principe actif d’Imrestor, la pegbovigrastim agit sur la baisse d’activité des neutrophiles. Il a un double mode d’action : il augmente la capacité bactéricide du neurophile et le nombre de neutrophiles circulants : celui-ci est multiplié par 4,5 autour du vêlage, explique Christian Engel responsable technique filière lait chez Elanco. Cette cytokine immunomodulatrice est protégée par un procédé, la pegylation, qui lui permet de persister dans l’organisme de la vache plus longtemps que la protéine naturelle. "

Un risque de mammites diminué de 26% et des mammites moins sévères

Ce médicament délivré sur prescription vétérinaire a obtenu une AMM (Autorisation de mise sur le marché) en Europe suite à des essais menés sur 2500 vaches provenant de 35 élevages : d'après le dossier d'AMM, "il permet une réduction du risque de mammites cliniques pendant 30 jours après vêlage de 26%". D'après les retours de Nouvelle-Zélande, du Brésil et du Mexique où il est commercialisé depuis deux ans, "Imrestor diminue aussi la sévérité des mammites. On constate un impact positif sur le taux de réforme et sur l'intervalle vêlage-insémination fécondante". À noter que le taux cellulaire dans le lait n'est pas impacté: "il peut y avoir une augmentation transitoire non significative dans les 14 premiers jours après injection (liée à l'augmentation du nombre de neutrophiles circulant dans le sang). S'il y a une augmentation, c'est le signe d'un début d'infection", a répondu Christan Engel questionné à ce sujet.

Face au coût élevé du médicament 29,99 HT pour le traitement (deux seringues), le laboratoire fait valoir l’impact économique des mammites et plus généralement des maladies pendant le premier mois après le vêlage. Aux vues de 150 audits en élevages réalisés à partir de son calculateur M1 par les vétérinaires, l'impact moyen se chiffre à 15 000 € dont 6500 € pour les maladies liées à un déficit immunitaire.

(1) En marge d’un congrès international sur les mammites.

Une seringue pré-remplie unidose

Imrestor se présente sous forme de seringue pré-remplie unidose pour faciliter et sécuriser l’administration. Le protocole prévoit deux injections sous-cutanées espacées de sept jours : la première dose 7 jours avant la date prévue de vêlage, la seconde dans les 24 heures qui suivent le vêlage, avec une tolérance de 3 à 17 jours entre les deux injections. Le temps d’attente est nul pour le lait et pour la viande (absence de résidus). Le médicament est commercialisé en boîte de dix seringues. Attention au respect de la chaîne du froid.

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