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Une gestion du pâturage simple et rigoureuse

Choix des mélanges prairiaux, un abreuvoir par paddock, des temps de séjour courts et des temps de repousse longs, des vaches de petit gabarit, ... rien n'est laissé au hasard.

Faire pâturer plusieurs centaines de vaches pendant 10 mois de l'année dans le Sud-Ouest de l'Angleterre où les conditions climatiques sont comparables à celles du Nord-Ouest de la France (600 à 1000 mm d'eau par an) peut interpeller. Surtout quand cette conduite ne s'accompagne pas d'une dégradation de la qualité des prairies ni de boiteries dans le troupeau. La première des conditions est d'avoir un parcellaire regroupé sans routes à traverser. Ensuite, tout est une question de cohérence au niveau du choix des espèces implantées, des vaches, de la gestion du réseau d'eau (tuyaux enterrés d'un diamètre de 50 voire 80 mm), etc.

À Bisterne Farm (lait conventionnel), les 500 vaches du troupeau ont accès à 177 ha de prairies organisés en 60 paddocks. « Depuis 2015, nous implantons des prairies multiespèces composées de 17 variétés. Le mélange est adapté à nos terres séchantes car très sableuses », souligne Hallam Mills, le propriétaire. Le mélange contient notamment du dactyle (3 kg/ha), de la chicorée (2 kg/ha) et des plantes avec un système racinaire profond comme le sainfoin (8 kg/ha).

Des mélanges prairiaux plus ou moins complexes

« Le trèfle incarnat (1 kg) , le ray-grass d’Italie tétraploïde (1 kg) et le sainfoin sont incorporés dans ce mélange pour booster le départ de la prairie », précise Thierry Métivier. de la chambre d'agriculture du Calvados. « Nous avons en revanche peu de recul sur l'intérêt d'ajouter du persil des moutons, de l'achillée millefeuille et de la sanguisorbe mineure (pimprenelle). Ces plantes permettent de diversifier la ration. Elles ont peut-être un intérêt sur le plan de la santé des animaux en particulier pour gérer le parasitisme. » D'autres élevages ont fait des choix plus classiques comme des mélanges à base de ray-grass anglais et de trèfle blanc auxquels on associe parfois de la fléole et de la fétuque des prés.

La pousse de l'herbe est suivie par des mesures à l'herbomètre une fois par semaine ou tous les quinze jours. Les vaches entrent dans un paddock quand le rendement d'herbe avoisine 3 t de MS/ha. Elles en sortent quand il ne reste que 1,5 à 1,8 t de MS/ha. Cette année, les conditions météo ont retardé la pousse de l'herbe « Nous sommes mi-avril et il ne me reste plus que deux semaines de stocks d'ensilage d'herbe », soulignait Rob Richmond. Sur cette exploitation, une centaine d'hectares sur un total de 240 ha sont accessibles au troupeau de 300 vaches. « Elles restent une demi-journée sur des paddocks d'environ 1,5 ha. Elles y retournent tous les 25 à 28 jours en mai-juin et 40 à 50 jours en automne."

Peu voire pas de concentrés pour les vaches

La maîtrise de la qualité de l'herbe est essentiel dans ces systèmes économes. Ainsi, selon les élevages et le nombre de traites par jour, la quantité de concentrés apportée aux vaches varie de 0 à 800 kg par an. « Jusqu'à 500 kg, il n'y a pas ou peu d'impact sur le coût alimentaire et il n'y a pas de risque de pénaliser la consommation d'herbe », assure Piers Badnell, consultant pour l'association Pasture to profit.

Rob Richmond complète la ration des vaches avec de l'ensilage d'herbe, ou du méteil, des navets ou encore des choux quand la pousse de l'herbe est insuffisante. « Normalement, je distribue 800 kg de concentrés par vache et par an. Actuellement (début avril) je leur en distribue 6 kilos par jour parce qu'on manque d'herbe alors qu'en année normale, on ne dépasse pas 3 kg à cette période de l'année. »

De l'ensilage d'herbe en hiver

L'ensilage d'herbe et le méteil sont les fourrages de base pour la ration hivernale. À titre d'exemple, pour les vaches qui vêlent en automne, Derek Garrett distribue une ration à base d'ensilage d'herbe (60 %) et de méteil (40 %) complétée par un kilo de tourteau de soja et 3 kg d'avoine. En revanche, les vaches dont les vêlages sont groupés au printemps, ne consomment que de l'ensilage d'herbe.

« De grosses économies quand la part de pâturage dépasse 50 % »

« Les analyses économiques des élevages anglais qui adhèrent au réseau Pasture to profit(1) montrent que, dès que la part de pâturage dans la ration annuelle dépasse 50 %, l'éleveur fait des économies sur le coût de production. Il est inutile de faire trop d'ensilage d'herbe. Cela coûte deux à trois fois plus cher que l'herbe pâturée. Mieux vaut augmenter le chargement en animaux quitte à distribuer 500 kg de concentrés aux vaches.  »

(1) Réseau d’échanges créé par des éleveurs anglais pour compenser la disparition des instituts de recherche publique à la fin des années 1980.

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