Un système de pâturage de prairies multiespèces innovant
Dans la Drôme, au lycée agricole du Valentin, un pâturage intensif de type
néo-zélandais permet de conserver les grandes légumineuses et de valoriser 13 tMS/ha.
de chemins mis en place. Les vaches sont
mises le soir dans la nouvelle parcelle et
vont seules du bâtiment au pâturage.
Produire du lait avec du pâturage intensif en été dans la Drôme, ce n’est pas banal. Le lycée agricole du Valentin le fait depuis deux ans à Bourgles-Valence en conduite bio, dans une région où l’été est très sec et l’hiver très rigoureux.
Avec des vaches à 6 000 litres de moyenne économique (1), son objectif est de maximiser l’autonomie protéique, vu le prix des tourteaux bio (900 à 1 000 €/t soja). Un système original et économe a donc été mis en place dans la continuité des expérimentations sur les prairies multiespèces conduites dans le cadre du PEP bovins lait depuis 2007, et a avantageusement remplacé le classique « ray-grass d’Italie/maïs ».
« II a permis de valoriser plus de 13 tonnes de matière sèche par hectare de prairie en 2012 et 2013, tout en étant transposable en conventionnel », souligne Jean-Pierre Manteaux, de la chambre d’agriculture de la Drôme.
Trente-quatre parcelles et des vaches qui restent une journée par parcelle
Les prairies multiespèces ont été semées avec 20 kg de mélange Saint Marcellin (2) associés à des grandes légumineuses : 7 kg de luzerne, 20 kg de sainfoin et 2,5 kg de trèfle violet. « L’idée est de favoriser les grandes légumineuses par un temps de repousse long et d’arriver ainsi à les garder pendant quatre ans », explique le conseiller.
Pour cela, un planning de pâturage de type néo-zélandais a été mis en place. Il repose sur trente-quatre petites parcelles de 3 300 m2 chacune, soit 11 hectares au total. Les quarante vaches montbéliardes du troupeau restent une journée dans chaque parcelle; les génisses ou les taries prennent le relais pendant une journée.
«Quand les animaux sortent, l’herbe est rase (4-5 cm) ce qui permet de garder un équilibre entre toutes les espèces, tout en maximisant la pousse car il n’y a pas de surpâturage. Le temps de repousse long, de plus de 30 jours, permet aux grandes légumineuses de produire l’été, notamment la luzerne qui redémarre dès qu’il y a de l’eau ».
Plus de 13 t MS valorisées par hectare de prairie en 2012 et 2013
Les prairies sont irriguées avec des quantités d’eau modérées 30 mm (comme le maïs) avec deux à cinq passages selon les années. « Le chargement instantané est très élevé, avec en moyenne 21 ares par UGB sur la saison. »
En mai, la pâture représente quasiment 100 % de la ration, trois à quatre parcelles sont fauchées. L’été, le rythme de rotation n’est pas accéléré, les vaches pâturent 10 kg MS et sont complémentées avec du foin et du maïs grain humide au bâtiment.
Les deux blocs de prairies sont resemés tous les quatre ans. Tous les deux hivers, il y a donc la moitié des clôtures à enlever et à remettre. Ce système de pâturage intensif est facilité car les terres sont portantes.
Quant au pâturage des génisses et taries après les laitières, il permet de valoriser 100 % de la pousse de l’herbe. Les éleveurs restent vigilants toutefois sur le parasitisme des génisses.
Ce système sera présenté à la journée Pep bovin lait le 27 mars à Vetagrosup Lyon.
(1) Avec 1,2 t/vache d’aliment dont trois quarts de méteil ou triticale produits.
(2) Soit 8,8 kg de fétuque élevée à feuilles souples, 4,8 kg de dactyle souple d’exploitation, 1,6 kg RGA diploïde demi-précoce ou demi-tardif, 1,6 kg de RGA tétraploïde demi-précoce ou demi-tardif, 1 kg de trèfle blanc ladino (grande feuille), 1 kg de trèfle blanc intermédiaire (petite feuille) et 1,2 kg de lotier.