Un été sous haute tension
Les manifestations à l'encontre de Lactalis se sont multipliées pour protester contre le prix annoncé en juillet. La crainte est de voir les autres entreprises s'ajuster à leur concurrent.
Les manifestations à l'encontre de Lactalis se sont multipliées pour protester contre le prix annoncé en juillet. La crainte est de voir les autres entreprises s'ajuster à leur concurrent.
Alors même que de grands groupes comme Bel ou Danone annoncent de bons résultats, meilleurs qu'en 2015, la situation des éleveurs laitiers empire au fil des jours. "À chaque nouvelle sortie comptable, les résultats se dégradent. La marge sur coût alimentaire est inférieure à 180 euros pour 1000 litres : du jamais vu ! Et ça risque de continuer. Avec la sécheresse estivale, les vaches sont passées en ration hivernale, donc le coût alimentaire va grimper. Et à partir de cet automne, le correcteur azoté risque d'être plus cher", alerte Jean-Luc Corbelle, conseiller du BCEL Ouest. En Meuse et Meurthe-et-Moselle, le Cerfrance Adheo évoque aussi des marges historiquement basses en moyenne. "Et dans les exploitations de polyculture-élevage, s'ajoute le mauvais contexte en grandes cultures. On entend moins de projets d'arrêt du lait. Il y a eu des installations conséquentes, les retournements de prairies possibles ont déjà été faits, et le contexte en grandes cultures n'incite pas à l'arrêt."
Lactalis est l'un des moins bons payeurs de France
Lactalis ne publie pas ses résultats, mais au vu de ses achats d'entreprises à l'international, les producteurs ne doutent pas qu'ils sont bons. Le groupe communique sur son soutien au prix du lait français depuis le 4e trimestre 2015 avec plus de 75 millions d'euros dépensés, avec l'ajout de 48 euros/1000 l au mois d'août par rapport aux modalités d'application du contrat, et l'ajout de 30 euros en juillet. Des propos qui hérissent les producteurs. Certes, le prix du lait français est au-dessus des prix pratiqués dans le nord de l'Europe, depuis plusieurs mois. Mais l'observatoire de la FNPL montre que, en France, Lactalis est une des entreprises qui paye le moins bien le lait depuis le début de l'année. En juillet, le prix de base était de 252 euros en Basse Normandie et 257 euros en Bretagne Pays de la Loire, alors que les autres laiteries ont payé entre 269 et 300 euros. En Bretagne Pays de la Loire, sur les six premiers mois de l'année, le prix de base moyen Sodiaal (90% de A, 10% de B) est d'environ 274 euros alors que Lactalis est à 266,5 euros.
La coupe est pleine pour les producteurs ! Ces prix bas s'ajoutent à l'encadrement strict des volumes et à des relations conflictuelles. Les responsables d'OP dénoncent depuis longtemps le refus du groupe d'une véritable négociation du contrat et de la clause de prix. "Nous demandons au groupe Lactalis de prendre en compte les coûts de production dans l'élaboration du prix du lait. L'entreprise refuse catégoriquement", cite en exemple l'OPNC (OP Normandie Centre).
Depuis juillet, se succèdent actions de stickage des produits Président et Lactel en grande surface, poses de pancartes sur les bords de route, et le contrôle d'une citerne de crème hollandaise interceptée par les JA de la Manche. Au jour où nous mettions sous presse (le 18 août), de nouvelles actions étaient prévues, à l'appel de FDSEA et de JA de différents départements.