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Un coup de collier pour détecter les chaleurs

Trois systèmes d’aide à la détection des chaleurs basés sur des colliers capables de mesurer l’activité des vaches sont proposés depuis peu en France. Le point sur leur principe de fonctionnement et leur fiabilité.

CES OUTILS PERMETTENT D’AIDER LES ÉLEVEURS, mais ils ne dispensent pas de l’observation
visuelle des animaux, les deux types de surveillance étant complémentaires.
CES OUTILS PERMETTENT D’AIDER LES ÉLEVEURS, mais ils ne dispensent pas de l’observation
visuelle des animaux, les deux types de surveillance étant complémentaires.
© DR

Augmentation de la taille des troupeaux, moins de temps à consacrer à la détection des chaleurs, plusieurs sites d’exploitations, des chaleurs plus courtes ou discrètes… quelles que soient les raisons, la détection des chaleurs pose de plus en plus de problèmes dans les troupeaux laitiers. « En moyenne, une chaleur sur deux n’est pas détectée », souligne Jean-Michel Philipot, responsable reproduction à Créavia. « En moyenne, cinq pourcents des vaches laitières sont inséminées à tort, avec une grande variabilité entre élevages », expliquent Julie Gatien et Pascal Salvetti, du département recherche et développement Fertilité femelle de l’Unceia.

Dans un tel contexte, l’offre d’outils d’aide à la détection des chaleurs s’étoffe. On connaissait les détecteurs de chevauchements (oestruflash, Kamar…), les podomètres, les systèmes d’analyse proposés avec les robots de traite… Plus récemment, des systèmes basés sur la mesure de l’activité des vaches (marche, mouvements de la tête, chevauchements...) grâce à un collier, ont fait leur apparition sur le marché français. L’activité des vaches est normalement supérieure quand elles sont en chaleurs. En cas de suractivité, l’éleveur est, selon le système, alerté par SMS, ou sur son ordinateur, ou encore à l’aide d’un voyant lumineux rouge. À notre connaissance, aucune étude comparative n’a été publiée à ce jour. Globalement, « ces systèmes apportent une information plus complète que les podomètres du fait de la prise en compte de l’activité générale de l’animal », selon les spécialistes de l’Unceia.

Créavia commercialise Heatime depuis 2008

« Plus de 400 élevages sont équipés en France et 4 000 dans le monde, sans compter la version PC proposée en option sur les robots Lely », souligne Jean-Michel Philipot, de Créavia. Le collier doit être posé depuis au moins dix jours avant de fournir des données interprétables (étalonnage). Les données stockées dans le collier sont récupérées par des antennes généralement disposées en entrée de quai de traite. La transmission se fait par infrarouge. La distance de lecture est donc plus faible (deux mètres) que par ondes radio. Mais « la transmission est plus sûre parce qu’il n’y a pas de risques d’interférences ».

Les données sont ensuite transmises par voie filaire (200 mètres maximum) à un boîtier visible depuis la fosse de la salle de traite. Ce boîtier mémorise (90 jours au maximum) et analyse toutes les données. Il est par exemple possible d’observer sur l’écran la courbe d’activité de chaque vache sur une période de 60 jours. Si une vache est en suractivité depuis au moins huit heures, le boîtier déclenche une alerte. Un voyant lumineux rouge se met à clignoter. Il suffit alors de consulter l’écran pour identifier la ou les vaches concernées.

«Heatime permet aussi d’alerter les éleveurs sur les vaches en sous-activité et donc susceptibles d’avoir des problèmes de santé. » Heatime a fait l’objet de tests concluants à la ferme expérimentale de Trévarez. « Les vachers de Trévarez détectent 86 % des chaleurs (trois observations par jour) alors qu’en moyenne seulement une chaleur sur deux est détectée en élevages. Lors de cet essai, Heatime a permis de détecter 74 % des chaleurs. » La fiabilité de la détection a été dans les deux cas supérieure à 95 %. Le risque d’inséminations à tort est inférieur à 5 %.

Lors d’essais en élevage laitiers, Heatime a permis de diminuer de sept jours le délai vêlage-première insémination et de neuf jours l’intervalle entre deux inséminations. Heatime n’a par contre aucun effet significatif sur la fertilité des animaux, « sauf dans le cas où l’infertilité est due à des erreurs de détection par l’éleveur ». L’efficacité du Heatime a aussi été testée avec succès en troupeau allaitant à l’Inra.

HeatPhone sur le marché depuis septembre

Le HeatPhone proposé par Médria a été lancé officiellement lors du Space 2010. Ce système a été récompensé par un Innov’Space et un Sommet d’or en 2010. Le HeatPhone mesure l’activité de l’animal grâce à un collier équipé d’un capteur Axel. Les données sont récupérées par une base radio GSM qui les transmet au serveur de la plateforme Daily Web Services (DWS) où elles seront archivées et analysées. En cas d’augmentation de l’activité, l’éleveur est alerté sur son téléphone portable par SMS. Il peut également consulter un historique complet pour chaque vache sur son ordinateur. Le HeatPhone est un nouveau service qui s’inscrit dans une démarche globale « de monitoring pour la détection précoce des événements de la reproduction et des troubles de la santé des animaux », explique Jean-Pierre Lemonnier, président directeur général de Médria.

En effet, la société a d’abord lancé le Vel’Phone (outil d’aide à la détection des vêlages) en 2007. Trois ans plus tard, et en utilisant la même base radio, la même antenne et plateforme DWS, Médria propose le HeatPhone. La prochaine étape concernera la commercialisation d’un thermo-bolus capable de mesurer les variations de température dans le rumen. Les colliers utilisés pour le HeatPhone coûtent environ 100 euros (prix dégressif selon la quantité) et la base radio 2 900 euros. À cela s’ajoute un abonnement de 29 euros par mois pour la connexion au Daily Web Services.

Gènes Diffusion propose la Heat Box

La commercialisation de la Heat Box a été lancée officiellement en septembre dernier lors du Space. Gènes Diffusion est le distributeur exclusif de ce système en France. La Heat Box est fabriquée par la société irlandaise Dairymaster. « Elle est déjà commercialisée depuis trois ans dans le monde et aujourd’hui plus de 2000 élevages l’utilisent, dont 130 aux États-Unis », selon Vincent Delcloy, responsable commercial et marketing de Gènes Diffusion.

Concrètement, les données récupérées par le collier sur l’activité sont transmises par ondes radio à un support central via une ou plusieurs antennes. La portée de la transmission peut atteindre 50 mètres. Le nombre d’antennes à installer dépend de la configuration du bâtiment, de la taille du troupeau, de la part de pâturage… L’estimation de la suractivité d’un animal tient compte de son activité « normale » quotidienne. Ces données sont aussi pondérées par celle des autres animaux du troupeau équipés d’un collier. Il faut donc étalonner chaque collier avant de chercher à interpréter les données acquises par les capteurs. L’étalonnage nécessite cinq jours.

Les données acquises par les capteurs sont analysées par un logiciel. Lorsqu’une vache est susceptible d’être en chaleur, l’éleveur est alerté sur son PC. Autrement dit, ce système ne permet pas actuellement de recevoir des alertes sur son téléphone portable. « En consultant son ordinateur, l’éleveur s’approprie mieux l’information (historique, intervalle vêlage-insémination… Nous proposerons bientôt la possibilité de recevoir des alertes sur un téléphone portable via SMS. » Le logiciel fournit par Gènes Diffusion propose cinq tableaux. Ces derniers informent sur l’hyperactivité ou l’hypoactivité des animaux, les vaches susceptibles de venir en chaleurs, les éventuels problèmes de connexion entre le collier et l’antenne, et l’état de charge des batteries.

« Pour estimer le nombre de colliers à acheter, nous conseillons aux éleveurs de diviser par deux voire par trois l’effectif total d’animaux, selon la conduite de cheptel mise en place par l’éleveur. » Un collier coûte 82 euros. À cela s’ajoutent environ 3 000 euros pour l’acquisition de l’antenne, du support central et du logiciel. « Pour un troupeau de 40 vaches, le coût global est d’environ 4 600 euros, installation comprise. »


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