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Tour d’horizon sur les différents types de vaccins

Germes tués ou vivants atténués, délétés, vectorisés… le mode de préparation des vaccins varie selon l’agent pathogène, les avancées scientifiques et le coût.

Les vaccins sont des produits biologiques extrêmement fragiles. Après achat, il faut les conserver au réfrigérateur et à l’abri de la lumière.
© F. Mechekour

Les vaccins à germes inactivés ou « morts » et les atténués ou « vivants » se taillent la part du lion sur le marché pour les bovins. Certains nécessitent l’emploi d’un adjuvant et/ou de faire une, voire plusieurs injections au départ, puis des rappels. Il existe des vaccins monovalents, qui ne contiennent qu’un seul agent pathogène et des multivalents (ex : RSB, BVD et PI3). Le mode de conception d’un vaccin a une incidence sur son protocole d’utilisation, le délai d’apparition et la durée de la protection immunitaire… Tous les vaccins, à l’exception des autovaccins, font l’objet d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) qui est une garantie sur l’innocuité et l’efficacité du vaccin, si les conditions et le protocole d’utilisation sont respectés.

Avec les vaccins vivants atténués

L’agent pathogène, qui a parfois été volontairement modifié, peut encore se multiplier mais sa virulence est très diminuée si bien qu’il ne provoque plus les signes cliniques de la maladie à laquelle il est associé. « Ils confèrent généralement aux animaux une très bonne immunité plus rapidement et de façon plus durable que la plupart des vaccins inactivés », précise Gilles Foucras de l’École nationale vétérinaire de Toulouse. Autre avantage, une seule injection suffit généralement, ce qui peut réduire le coût global de la vaccination. « En Europe, les recommandations sont plutôt de fabriquer des vaccins tués que des vaccins vivants atténués, parce qu’il n’y a ainsi aucun risque que l’agent retrouve une virulence ou que la souche se transmette entre animaux ».

Avec les vaccins inactivés ou « tués »

L’agent pathogène est « mort » et donc incapable de se multiplier ou de devenir à nouveau virulent. « On associe à l’agent pathogène ou à ses composants un adjuvant pour stimuler la réponse immunitaire de l’animal, explique Gilles Foucras. Cet adjuvant peut déclencher une réaction inflammatoire locale bénigne ou une élévation de la température corporelle de courte durée. Mais pour la plupart des vaccins, ces réactions ne sont pas cliniquement détectables. » Ces vaccins nécessitent généralement deux injections. « Ils induisent une réponse immunitaire généralement un peu plus faible et de plus courte durée, ce qui nécessite des injections de rappel tous les 6 ou 12 mois. »

Les vaccins délétés

« Ils n’existent que pour les virus, souligne Gilles Foucras. La délétion permet d’atténuer la virulence du virus. Et dans le cas de l’IBR, elle permet aussi de différencier les animaux vaccinés non infectés de ceux naturellement infectés avec la sérologie (stratégie Diva). En revanche, ce n’est pour l’instant pas le cas pour le BVD. »

Un autovaccin est un vaccin préparé

À partir d’un germe pathogène isolé chez un sujet malade ou un animal sain dans un élevage pour être administré aux animaux du même élevage. Seules les bactéries sont concernées. « Leur utilisation a été interdite en 2003 pour éviter les risques de transmission de l’ESB. Mais, à la suite d’un rapport de l’Anses publié en mai dernier, leur utilisation pour les ruminants pourrait redevenir un jour possible », selon Gilles Foucras. Lequel se montre toutefois plutôt réservé quant à l’intérêt de ce type de vaccins pour les bovins. « Il faut que la bactérie utilisée pour le fabriquer corresponde exactement au type de bactérie impliqué dans la maladie rencontrée dans l’élevage. Or, pour des affections d’origine infectieuse telles que les diarrhées néonatales, les broncho-pneumonies ou les mammites, il y a souvent plusieurs types de bactéries en cause. Par ailleurs, ces vaccins à base de bactéries tuées auxquelles on ajoute un adjuvant, faute d’avoir subi les mêmes évaluations de laboratoire et des essais vaccinaux, n’ont pas le même niveau de garantie sur leur innocuité et leur efficacité que les vaccins avec AMM », prévient le vétérinaire.

Les vaccins vectorisés

Ils sont fabriqués en introduisant une séquence protéique dans le patrimoine génétique d’un agent viral comme le canarypoxvirus (virus à ADN). Ce dernier peut ensuite provoquer une infection très bénigne chez l’animal et donc une réponse immunitaire mais sans effets pathogènes. « Ce type de vaccin est déjà utilisé pour vacciner les chevaux contre la grippe. En revanche, il n’en existe pas encore pour les bovins », conclut Gilles Foucras.

À savoir

Les vaccins ADN marchent très bien chez la souris mais assez peu chez les ruminants. Ces derniers « répondent très mal à ce genre de vaccin », explique Gilles Foucras. Autrement dit, « il est peu probable d’en voir rapidement sur le marché ».

Les sept bonnes conditions d’utilisation d’un vaccin

1 Respecter la prescription de votre vétérinaire et les recommandations du fabricant. Il est par exemple inutile et coûteux d’augmenter la dose prescrite par animal.
2 Respecter la chaîne du froid. « Les vaccins sont des produits biologiques extrêmement fragiles », prévient Gilles Foucras. Après achat, il faut les conserver au réfrigérateur (+ 4 °C), à l’abri de la lumière et ne pas les congeler jusqu’à leur utilisation. Laquelle doit être rapide (dans la journée) après ouverture du flacon. D’où la nécessité « d’organiser la vaccination des lots d’animaux compatibles avec le volume du flacon ».
3 Utiliser une seringue à usage unique et adaptée au volume à injecter. « Attention, la présence de résidus de détergent ou de désinfectant dans une seringue peut réduire l’efficacité du vaccin voire le détruire. »
4 Respecter la voie d’administration indiquée par le fabricant.
5 Choisissez des aiguilles adaptées à la voie d’administration : aiguilles roses 18G pour les intramusculaires et les sous cutanées.
6 Prévoir une bonne contention des animaux.
7 Conserver par écrit toutes les informations relatives à la vaccination : le vaccin utilisé (numéro de lot compris), les dates de/des injection (s) et l’identification des animaux vaccinés, notamment pour ne pas louper les rappels quand ils sont nécessaires.

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