Alimentation des bovins
Tester des rations à 80 g de PDI par kilogramme de MS
Alimentation des bovins
Réduire les apports azotés des laitières à moins de 90 g de PDI par kilogramme de MS. Telle est la piste explorée par la ferme expérimentale des Trinottières.
Réduire le niveau protéique des rations complètes destinées aux laitières à 80 g de PDI/kg MS, c´est possible. Tel est le résultat d´un essai mené au cours de l´hiver 2002-2003 à la ferme expérimentale des Trinottières, dans le Maine-et-Loire. Cette idée est séduisante pour répondre aux attentes des éleveurs en terme de réduction du coût alimentaire et d´autonomie en protéines. Mais quelles performances techniques peut-on en attendre ?
« Moins d´ingestion et moins de lait produit, indique Philippe Brunschwig de l´Institut de l´élevage. Ce n´est pas un scoop. Mais, si l´on compare le lait réellement produit par rapport au lait théoriquement permis par les PDIE de la ration, les vaches ont produit 9 kg de lait supplémentaires. »
Dans l´essai, trois lots de quinze vaches laitières ont reçu une ration complète à base d´ensilage de maïs et corrigée pour moitié par des tourteaux de colza et pour moitié de lupin.
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©F. Mechekour |
Du vêlage à la quatorzième semaine de lactation, trois niveaux de complémentation azotée ont été testés : 80, 90 et 100 g de PDI par kg de MS de ration. « Si le correcteur azoté avait été du tourteau de soja, les quantités auraient été de l´ordre de 2,2 kg pour le lot 80 g, 3,4 kg et 4,5 kg pour les lots 90 et 100 g de PDI. » Les vaches du lot 80 g ont consommé en moyenne 17 kg de MS par jour, soit 1,4 kg de moins que les deux autres lots. Côté production laitière, le lot 80 g a produit 1,6 kg de lait de moins que le lot 90 g, alors que le lot 100 g en a produit 2 kg de plus. « Cela dit, malgré le faible apport de concentrés, le lot 80 g produit plus de 30 kg de lait en moyenne dès la quatrième semaine de lactation. » Si le TP est resté quasiment identique pour les différents lots, le TB quant à lui, est apparu plus élevé pour le lot 80 g et plus faible pour le lot 100 g. « Cette différence s´explique par des phénomènes de dilution et de concentration. » La reprise de poids a été identique dans les trois lots et la perte d´état n´a pas jamais excédé un point. Preuve en est que le lot 80 g n´a pas sollicité de façon excessive ses réserves corporelles pour produire du lait.
Quant aux résultats de reproduction, « on n´a pas observé de dégradation suite à la réduction de la densité protéique de la ration. »
Les simulations économiques relatives à la diminution du niveau protéique des rations, sur une durée de cinq à six mois en période hivernale, indiquent que cette pratique contribue à l´amélioration du revenu agricole dans les systèmes des Pays-de-la-Loire, combinant ensilage de maïs et pâturage(1). « Toutefois, descendre en deçà de 80 g de PDI par kg de MS me semble risqué, prévient Philippe Brunschwig. En effet, en dessous de 75 g de PDI par kg MS, la courbe de lactation s´infléchit notablement. Mais ceci peut s´envisager dans d´autres régimes, notamment ceux à base de foin. »
(1) Pour des exploitations avec un quota de 250 000 litres de lait et un prix du tourteau de colza de 0,19 ?/kg.