Aller au contenu principal

Attaques « anti-lait »
Stop aux messages simplificateurs sur les acides gras !

Des études sur les acides gras trans du lait et leur impact sur la santé humaine sont en cours. Permettront-elles d´infléchir le projet d´étiquetage européen ?


La matière grasse du lait se fait attaquer de tous côtés. On lui reproche d´avoir une forte teneur en acides gras saturés (plus de 60 % du total de ses acides gras), et d´être la principale pourvoyeuse d´acides gras trans (environ la moitié). Des acides gras montrés du doigt parce que jugés responsable d´une augmentation du risque cardiovasculaire. Un message beaucoup trop simplificateur, comme l´a montré la deuxième « Journée de la recherche » organisée le 31 janvier dernier à Rennes par la société Valorex, qui travaille depuis 15 ans sur le lien entre l´alimentation des animaux et la composition nutritionnelle des laits, avec de la graine de lin extrudée.
Apporter les saturés à la bonne dose
D´abord, arrêtons de diaboliser les acides gras saturés. « Les connaissances ont beaucoup évolué. Les acides gras saturés ne doivent plus être considérés en blocs, mais chacun indépendamment », a démontré Philippe Legrand, directeur du laboratoire de biochimie-nutrition humaine de l´Inra de Rennes. Les acides gras saturés ont des fonctions très importantes au niveau des cellules, notamment l´acide myristique, que l´on retrouve de façon importante dans la matière grasse du lait (8 à 12 % des acides gras totaux). « C´est seulement l´excès de consommation qui pose problème. Il ne faut surtout pas les éliminer mais les apporter à la bonne dose, sur la base des ANC (apports nutritionnels conseillés). »
Quant aux acides gras trans, eux non plus ne sont pas tous à mettre dans le même sac. Il y a ceux d´origine naturelle, issus de la transformation bactérienne dans le rumen des ruminants : l´acide vaccénique, qui est le plus important en quantité, ou l´acide ruménique, qui fait partie des CLA (acides linoléiques conjugués), spécifique des ruminants. A côté de ces acides gras trans naturels, il existe aussi des acides gras trans d´origine technologique, présents dans les huiles partiellement hydrogénées. On les retrouve principalement dans les viennoiseries industrielles et les biscuits qui sont, après les produits laitiers, les seconds aliments contributeurs d´acides gras trans (18 % chez l´adulte et 30 % chez l´enfant).
Si l´augmentation du « mauvais » cholestérol et du risque cardiovasculaire avec les acides gras trans technologiques sont démontrés et les rendent indésirables dans l´alimentation humaine, il n´en est rien pour les acides gras trans naturels ; au contraire. « Le rôle protecteur de l´acide ruménique est en cours d´étude dans le domaine de la cancérogenèse mais également vis-à-vis de l´obésité, du diabète et de certains aspects des maladies cardiovasculaires », a expliqué Philippe Legrand.
Menace d´étiquetage des acides gras trans
L´enjeu est de taille pour la filière laitière. La menace d´un étiquetage des acides gras trans, sans distinction d´origine, plane en effet au-dessus de la matière grasse laitière.
Cette menace est à prendre très au sérieux. Un projet de règlement européen sur l´étiquetage nutritionnel est actuellement en discussion. Et un rapport de l´Afssa, publié en avril 2005, plaide en sa faveur. Dans sa définition des acides gras trans, celui-ci ne fait pas de distinction entre les trans d´origine naturelle et les trans d´origine technologique. Il considère que la consommation d´acides gras trans à des niveaux qui dépassent 2 % de l´apport énergétique total est associée à une augmentation significative des risques de maladies cardio-vasculaires.

Il faut savoir aussi que les Etats-Unis ont un projet d´étiquetage sous le coude, et que le Danemark a adopté une réglementation en mars 2003. « Au Danemark, elle ne concerne que les acides gras trans d´origine industrielle, affirme Jean-Michel Chardigny, Inra de Theix. Il n´y a pas de consensus international, personne n´est d´accord sur la définition des acides gras trans ». Et il n´existe actuellement pas de méthodes d´analyse fiables permettant de distinguer les acides gras trans naturels de ceux formés au cours de processus industriels.
L´enjeu est d´autant plus important que les efforts qui sont faits au niveau de l´alimentation animale pour améliorer le profil en acides gras des laits risqueraient malheureusement de pâtir d´un étiquetage sans distinction d´origine. Car lorsqu´on améliore le profil du lait en oméga 3(1), on l´enrichit en même temps en acides gras trans naturels.

(1) Acides gras polyinsaturés qui ont un effet bénéfique sur le risque cardiovasculaire.

Les plus lus

<em class="placeholder">jeunes semis de luzerne</em>
Luzerne : sept erreurs à éviter au semis

La luzerne est une culture fourragère exigeante qui réclame de la rigueur et une certaine technicité pour bien démarrer. Tour…

<em class="placeholder">robot d&#039;alimentation GEA dans la cuisine</em>
Votre production laitière a-t-elle augmenté suite à l'installation d'un robot d’alimentation ?

L’installation d’un robot d’alimentation s’est-elle traduite par une hausse de l'ingestion et de la production laitière chez…

<em class="placeholder">Le vétérinaire et l&#039;éleveur lors d&#039;un suivi reproduction du troupeau</em>
« Le suivi repro avec le vétérinaire est une porte d’entrée pour gérer la santé du troupeau »
Thierry et Claudine Jaguelin, éleveurs en Mayenne, sont engagés avec leur vétérinaire dans un suivi repro avec un forfait aux 1…
Hugo Barraillé et Florian Gibaud, deux éleveurs assis devant des bottes de paille
Installation : « J’ai trouvé mon associé grâce à la page Facebook des producteurs de lait »

Florian Gibaud du Gaec à l’étable du Mézenc en Haute-Loire a recherché avec méthode un associé pour remplacer son père. Il…

<em class="placeholder">courbe de l&#039;évolution du prix 12 mois glissants du lait bio en France, en Allemagne et en Autriche</em>
Prix du lait bio : pourquoi l'Allemagne fait mieux que la France ? 

Les transformateurs laitiers payent mieux les éleveurs bio en Allemagne qu'en France. En magasin, le prix d'un litre de lait…

<em class="placeholder">pièces de monnaie et billets</em>
Prix du lait 2025 : Sodiaal annonce un objectif de 470 €/1000 l en conventionnel et de 520 euros en bio, après un bon résultat 2024

Après de bons résultats pour l’année 2024 et un prix du lait payé à 492 euros les 1000 litres toutes primes et ristournes…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière