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Situation tendue pour près d'un milliard de litres de lait

Face au problème des laits « flottants » et au décrochage du prix du lait pratiqué par des coopératives, un travail de recensement et d'analyse est mené par l'interprofession laitière.

LE MARCHÉ SPOT DU LAIT, sur lequel sont dégagés les excédents de lait collectés, est descendu à 180-200 € au printemps. Il est revenu à 300 € en août.
LE MARCHÉ SPOT DU LAIT, sur lequel sont dégagés les excédents de lait collectés, est descendu à 180-200 € au printemps. Il est revenu à 300 € en août.
© J. Chabanne

Le nombre de producteurs en situation délicate face à leur entreprise a pris de l'ampleur ces derniers mois. Pas loin d'un milliard de litres de lait serait concerné à un degré divers. « La plupart des régions françaises sont touchées », souligne Gilles Psalmon directeur de la FNPL.


Les problèmes rencontrés par les producteurs sont de différents types. Il y a la situation la plus grave de ceux qui, comme les 70 producteurs de la coopérative des Monts du Forez depuis que la société Forez Fourme a été placée en redressement judiciaire(1), sont aujourd'hui sans réel collecteur. Le lait est toujours collecté mais se retrouve désormais sur le marché spot.


D'autres, comme les producteurs de la laiterie Dischamp dans le Puy-de-Dôme, ne sont pas confrontés à un arrêt de collecte immédiat mais ont été prévenus qu'à terme, dans un délai de six mois-un an, suite à la dénonciation d'un contrat, ils pourraient se retrouver sans collecteur.


La plupart des régions françaises sont concernées


C'est aussi le cas de producteurs en GIE ou coopérative de collecte qui ne sont pas adossés à un contrat à long terme avec un transformateur comme le GIE de la Chataigneraie dans le Cantal.


Enfin restent ceux -- beaucoup plus nombreux -- dont l'entreprise est confrontée à des problèmes de marchés et de mix produit, et qui subissent un décrochage du prix du lait (30-40 euros/1 000 l). C'est le cas de Terra Lacta en Charente-Maritime, de Coralis en Ille-et-Vilaine, de la CLHN en Seine-Maritime ou encore de la coopérative de Blâmont en Meurthe-et-Moselle, dont les excédents de lait sont également écoulés sur le marché spot.


Ces laits « flottants » (ceux inscrits jusque là dans des contrats aujourd'hui rompus par les entreprises acheteuses de lait) et les excédents de lait des entreprises ont conduit à un effondrement des cours du marché spot au printemps, une période classiquement basse. « Les cours sont tombés à 180-200 euros/1 000 litres en mars, avril et mai derniers. Cet effondrement est à relier à la forte augmentation de la collecte depuis deux ans, explique Gérard Calbrix, d'Atla. Le prix du lait spot est descendu en dessous du prix beurre poudre car les entreprises n'avaient pas les capacités de transformation suffisantes ; le lait est parti là où il pouvait être transformé jusqu'en Pologne. »


Mais pour la FNPL, ce n'est pas en baissant la production française qu'on résoudra durablement les problèmes des laits « flottants » ou d'excédent de certaines entreprises. La « gravité de la situation » a conduit le syndicat début juillet à demander à l'interprofession laitière d'« approfondir le diagnostic des forces et faiblesses de la transformation ». Il met en cause dans un communiqué du 2 juillet « l'absence de stratégie de certains transformateurs concernant leur mixproduit ou leur stratégie à l'export », leurs coûts de production et leur manque d'anticipation.


De son côté, suite à l'interpellation de la FNPL, la FNCL demande aussi que « les laits 'flottants' fassent l'objet d'un diagnostic approfondi au niveau interprofessionnel (causes, territoires, volumes, échéances, perspectives) » et que « les pouvoirs publics s'impliquent dans ce sujet » de façon à trouver des solutions pérennes.

« Les entreprises coopératives ne peuvent être ni le Samu des producteurs ni le réceptacle des laits dont les entreprises privées ne veulent plus », rappelle-t-elle dans un communiqué du 20 juillet. Un premier travail de recensement exhaustif des situations délicates a donc été lancé en urgence lors de l'assemblée générale du Cniel le 10 juillet. Les solutions restent à trouver.


(1) Et le contrat signé avec l'italien Inalpi pour l'année 2012 a été rompu en juin.

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