Commercialisation
S´imposer sur les marchés avec les démarches qualité
Commercialisation
Demain, tous les agriculteurs feront partie d´une ou plusieurs démarches qualité. Celles-ci continueront d´évoluer, pour que les produits conservent leurs débouchés.
La Charte des bonnes pratiques d´élevage, suivie par 125 000 éleveurs, concerne 80 % du lait produit en France. L´agriculture raisonnée comptait 2304 exploitations qualifiées en juin 2007, dont 201 en production laitière. L´agriculture biologique était pratiquée par 1569 élevages laitiers en 2006. On dénombre 32 AOC au lait de vache, 4 label rouge, 3 IGP et 2 produits sous certificat de conformité (CCP). Voilà pour les démarches qualité ne concernant que les exploitations.
Agriconfiance organise et contractualise, pour une production donnée, la relation entre le producteur et son entreprise de collecte. Son objectif : apporter au consommateur les garanties de sécurité, santé, traçabilité, et des caractéristiques du produit qu´ils exigent. « Le but est d´amener la coopérative et ses adhérents à progresser ensemble, indique Pascal Allo, responsable amont chez Coopagri Bretagne. C´est aussi de mettre en valeur la marque Paysan Breton dans nos négociations avec la distribution. Agriconfiance a aidé à asseoir notre place de 2e marque nationale de beurre (après Président). C´est un plus pour pouvoir vendre, prendre et conserver des parts de marché, mais ça ne fait pas vendre plus cher. »
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Demain, les cahiers des charges des pays européens s´harmoniseront probablement, et se renforceront vers plus d´environnement. ©C. Pruilh |
Faire progresser une filière
Le colloque organisé au Space sur la qualité a posé la question de l´intérêt de faire de la qualité. « A la fin des années quatre-vingt-dix, la distribution nous a demandé de faire de la qualité, et on était mécontent parce que ça ne payait pas. Aujourd´hui, on est condamné à faire de la qualité : c´est un minimum pour pouvoir accéder aux marchés », brosse Christian Tacquard, de l´ABEA (association bretonne des entreprises agroalimentaires). « Les démarches qualité sont une manière de prendre de l´avance par rapport aux obligations réglementaires. Elles représentent aussi un atout concurrentiel, notamment par rapport à l´offre étrangère.
Elles assurent des débouchés, développent la notoriété. Les longueurs d´avance seront gagnantes », estime Christiane Lambert, vice-présidente de Farre(1).
La démarche qualité produit (Bio, AOC.) s´adresse au consommateur, contrairement à la démarche qualité entreprise, qui s´adresse à la distribution. « Nous avons la charte qualité Paysan Breton, application d´Agriconfiance pour la marque, qui a du poids face à la distribution. Mais ce qui influence le consommateur, c´est la notoriété de la marque », assure Jean-Luc Hardy, directeur recherche et développement à Coopagri Bretagne.
Étiqueter agriculture raisonnée
Autre question soulevée lors du débat : le prix de la qualité. Pour Emmanuel Gautier, de Carrefour Rennes, « la qualité n´a pas de prix, car tous les produits doivent être de qualité. Les seules démarches qui justifient un prix supérieur sont celles dont la mise en oeuvre induit des frais supplémentaires, comme la bio. Carrefour promeut des produits du développement durable, créé des partenariats en local, et des filières qualité, participant ainsi à la valorisation des produits de qualité. »
Christiane Lambert a l´ambition « que les produits puissent être étiquetés ` issus de l´agriculture raisonnée ´. Pour ce faire, le décret étiquetage est en cours de révision. » Elle fait un voeu : « Agriconfiance et l´agriculture raisonnée sont complémentaires. Aujourd´hui, chacun travaille dans son coin, alors qu´on pourrait mettre l´agriculture raisonnée comme socle d´Agriconfiance. »
Demain verra probablement une harmonisation des cahiers des charges européens et leur renforcement vers plus d´environnement. « Au niveau européen, une harmonisation des cahiers des charges de type Agriculture raisonnée (Royaume-Uni, Italie, Allemagne, Pays-Bas.) est en projet. Les démarches qualité de demain intègreront probablement les dépenses énergétiques et la conservation des sols, comme c´est déjà le cas dans certains pays du Nord de l´Europe », projette Christiane Lambert.
(1) Forum de l´agriculture raisonnée respectueuse de l´environnement