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ROBOT DE TRAITE : FAITES CIRCULER LES VACHES !

Distribuer un aliment appétant au robot est très souvent considéré comme primordial pour attirer les vaches. Mais ce n’est pas suffisant si leur santé et l’aménagement du bâtiment ne suivent pas !

Il faut respecter
une bonne balance
entre ce qui s’apporte
à l’auge et au robot.
Il faut respecter
une bonne balance
entre ce qui s’apporte
à l’auge et au robot.
© E. Bignon

N’ayons pas peur d’enfoncer une porte ouverte en rappelant que la traite robotisée, ça ne marche que si les animaux se déplacent aisément ! Partant de ce postulat, on comprend l’importance d’assurer une bonne circulation dans le bâtiment. Mais attention, permettre une bonne fréquentation au robot de traite ne rime pas avec la recherche d’une fréquentation la plus élevée possible. « L’idée générale à retenir est qu’il faut avoir des traites efficaces, c’est-à-dire au moins 11 ou 12 kg de lait par traite », souligne Mickaël Sergent, du Clasel (regroupement des Contrôles laitiers de la Mayenne et de la Sarthe). Autrement dit, si le niveau de production moyen du troupeau est à 30 kg, alors une fréquentation moyenne de 2,5 à 2,6 est optimale. Au-delà, la traite est moins efficace (risque de lipolyse, traite plus coûteuse…). De nombreux facteurs interviennent sur l’aptitude des vaches à se déplacer jusqu’au robot de traite. Selon beaucoup de spécialistes, la qualité du concentré est un facteur prépondérant. Cet avis fait cependant encore débat.

LE TOURTEAU DE SOJA EST PLUS APPÉTENT

Ainsi, pour Vincent Corbet et Thomas Huneau, de la ferme expérimentale de Derval, « ce qui conditionne la circulation, ce sont les pattes et la gestion de l’alimentation », alors que « le concentré n’est pas indispensable ». Cette hypothèse devrait faire l’objet de travaux à Derval. Quoi qu’il en soit, pour Catherine Journel, vétérinaire indépendante spécialisée en suivi d’élevages en traite robotisée, « la gestion de l’alimentation au sens large (construction des rations, équilibres entre distribution à l’auge et au robot, quantités minimum d’aliment au robot…) est un point déterminant pour l’organisation des systèmes en traite robotisée, l’obtention de bons résultats techniques et le maintien de la bonne santé du troupeau ».

Et d’ajouter : « Ce qui attire les vaches au robot, c’est l’aliment. C’est surtout le correcteur azoté qui est le plus motivant en termes de déplacement des vaches vers le robot. La qualité et l’appétence des matières premières entrant dans la composition des aliments doit être surveillée, en regardant bien l’étiquette. Le tourteau de soja est beaucoup plus appétent que le tourteau de colza. » Les firmes proposent des aliments dans lesquels « elles ajoutent des produits édulcorants pour améliorer leur appétence ». C’est surtout un plus « lors de la mise en route », expose Catherine Journel.

La vétérinaire insiste également sur la forme du correcteur azoté. « Il faut que les granulés aient une bonne texture (granulométrie et solidité) pour ne pas faire de miettes ou de poussières. Ces dernières risquent en effet non seulement d’abîmer le robot de traite mais en plus réduisent la vitesse de consommation des vaches. » Il est ensuite primordial de respecter une bonne balance entre ce qui est apporté à l’auge et au robot.Avec un système de circulation libre, « il faut conserver une amplitude de 5 à 6 kg de lait entre le niveau moyen de production du troupeau et celui permis par la ration de base distribuée à l’auge », explique Mickaël Sergent. Autrement dit, si le niveau d’étable est à 30 kg de lait, la ration de base doit couvrir environ 24 à 25 kg de lait, le reste est apporté sous forme de concentré au robot. Avec un système libre contrôlé, « on peut réduire l’amplitude à seulement deux ou trois kilos de lait ». Apporter une ration de qualité, c’est aussi assurer une fibrosité suffisante pour éviter notamment les problèmes de subacidose « qui entraînent une baisse de l’ingestion et donc de la production laitière mais peut aussi provoquer des boiteries », souligne Catherine Journel.

LA BOITERIE, L’ENNEMI PUBLIC NUMÉRO UN

La boiterie! C’est l’ennemi public numéro un pour la traite robotisée. « Les boiteries peuvent avoir une origine alimentaire (subacidose ou acidose) ou infectieuse (dermatite digitée ou maladie de Mortellaro). Mais on oublie aussi que les fourbures peuvent être la conséquence d’une mauvaise circulation dans le bâtiment avec des vaches qui restent trop longtemps en position debout. » Lorsque la ration est de qualité et les animaux sont en forme, on a déjà mis un maximum d’atouts de son côté. Mais il ne faut pas tout gâcher par un mauvais aménagement du bâtiment.

« La première chose à faire est de respecter les normes habituelles (largeur des couloirs…) pour la conception d’un bâtiment », explique en préambule Yvon Sèité, de la chambre d’agriculture du Finistère. « On peut éventuellement limiter le nombre de places à l’auge mais pas celles destinées au couchage. » Il est préférable que les vaches puissent voir le robot « quel que soit l’endroit où elles se trouvent dans la stabulation », explique André Lagendijk, responsable technique robot de traite de BouMatic.

Pour François Dyèvre, de Lely, « le robot doit être situé dans l’espace de vie des vaches, au milieu si possible, mais il ne faut pas non plus que cela soit contraignant pour l’éleveur ». De son côté, Anthony Baslé, spécialiste du robot de traite au Contrôle laitier d’Ille-et-Vilaine, explique que « les vaches doivent se sentir bien là où est situé le robot de traite ». Il faut pour cela « éviter les courants d’air et laisser suffisamment d’espace, c’est-à-dire environ 20 à 25 mètres carrés, près du robot pour permettre aux vaches dominées de se rendre au robot sans crainte ». Et d’ajouter: « Il faut prévoir une largeur de l’ordre de 5 mètres entre l’abreuvoir (ou le mur) et la barrière située près du robot. »

UN ESPACE CONFORTABLE POUR LES VACHES

Le technicien prône également l’utilisation d’un ventilateur en été « pour limiter la gêne causée par les mouches et rafraîchir l’ambiance ». Laisser une veilleuse allumée la nuit près du robot est un plus. Une fois toutes ces conditions réunies, le mode de circulation (libre, guidé, sélectif…) n’apparaît finalement pas fondamental.

Chaque système a ses avantages et ses inconvénients. Le choix se fera plus en fonction des objectifs de chacun. La gestion de la circulation se complique par contre un peu plus avec le pâturage (lire article pages 46). « Le problème avec le pâturage, c’est d’assurer les retours au robot, surtout au mois de mai quand l’herbe est riche en protéines. En système libre, je conseille d’ailleurs de ne pas sortir les vaches fraîches vêlées », explique Catherine Journel. Des travaux sur la gestion du pâturage avec un robot de traite sont en cours à la ferme expérimentale de Derval. ■

Franck Mechekour

Sommaire du dossier

Page 34 : Le choix du mode de circulation dépend de vos objectifs Du tout libre au tout imposé

Page 40 : « Le ‘lâcher retardé’ permet des intervalles de traite réguliers » À l’EARL Beaufour-Holstein, en Ille-et-Vilaine

Page 44 : « Les vaches libres font très bien le travail toutes seules » À l’élevage Couvé, en Mayenne

Page 46 : Pâturage et robot de traite ne sont pas incompatibles Parcellaire groupé, porte sélective…

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