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Changement de ration
Retour du maïs dans un système bio

Davantage de stock fourrager, une meilleure production, du lait mieux valorisé... Autant d´atouts qui ont plaidé en faveur du retour du maïs dans la ration. Demonstration au Gaec de la Fontaine à Lusanger (44).


Implanter au maximum 5 hectares de maïs pour ne pas avoir une rotation trop rapide. Distribuer une ration hivernale à base d´ensilage de maïs (3 kg de MS/j/v), d´enrubannage d´herbe « plutôt sec (au moins 55 % de MS) », de foin de bonne qualité, c´est-à-dire récolté dans de bonnes conditions et d´un mélange de céréales pour atteindre un niveau de production de 6 000 litres de lait par vache. Tels sont les objectifs que se sont fixés les trois associés du Gaec de la Fontaine à Lusanger en Loire-Atlantique.
Et pourtant, dans cet élevage, le maïs n´avait plus le droit de cité depuis 1993. La ration hivernale était essentiellement basée sur de l´enrubannage ou du foin. La reconversion en agriculture biologique en 1994 ne change rien au système qui reste le même jusqu´en 2000. « Au printemps 2000, nous avons semé 2,5 hectares de maïs derrière une prairie sur des terres moyennes. Le labour a été réalisé dans de mauvaises conditions », se rappelle Yannick Allard, un des trois associés du Gaec. Bilan : le rendement est assez décevant : 8 tonnes de MS par hectare.
©F. Mechekour

L´hiver dernier, la ration quotidienne des vaches se composait d´ensilage de maïs
(6 kg de MS), de bouchons de luzerne achetés (3 kg/j, payés 1,40 francs/kg) et de foin.


L´année suivante, il n´était absolument pas question de remettre en cause le système tout herbe. Mais les conditions climatiques désastreuses de 2001 vont bouleverser les plans. « L´excès de pluie a complètement noyé 7 hectares de mélange céréalier (40 % de pois et 60 % d´un mélange de triticale, de blé et d´avoine) », explique Sylvie Allard. La solution de rattrapage consiste à semer du maïs. « Sur ces 7 hectares, nous avons réalisé deux passages de cultivateur, un passage de rototiller (1) suivi d´un semis simple avec la variété Eurostar, (indice 230, densité de semis 105 000 pieds par hectare). » Dans la foulée, une prairie de cinq hectares très dégradée par une forte concentration d´animaux au pâturage en période humide a été retournée pour semer du maïs.
Une plus-value de 15 à 18 euros pour 1 000 litres de lait
Sur un total de 12 hectares, le rendement moyen a été de 10,5 tonnes de MS par hectare et ce malgré un léger problème de taupin sur la parcelle à céréales.
« Ce résultat nous a encouragé à revoir la place du maïs dans notre système, d´autant que c´est une plante qui se cultive bien en agriculture biologique », souligne Yannick. Cette année, le Gaec va implanter 9 hectares de maïs pour augmenter les stocks de fourrage. « La productivité du maïs (10 tonnes de MS par hectare) est supérieure à celle de nos prairies (6 tonnes de MS par hectare). »
Le lait est également mieux valorisé grâce à une augmentation des taux d´environ 2 g/l (TP à 32 et TB à 44). « L´augmentation du TB est intéressante pour nous dans la mesure où nous ne réalisons pas notre quota de 547 000 litres de lait (référence matière grasse de 44 g/l) ». Depuis la conversion en agriculture biologique, le Gaec a produit au maximum 496 000 litres de lait.
Yannick estime la plus value réalisée grâce à l´emploi du maïs entre 15 et 18 euros pour 1 000 litres de lait (100 francs ou 120 francs pour 1 000 litres de lait). Lors de la dernière campagne, le prix payé par le GIE Biolait s´élevait à 380 euros pour 1 000 litres de lait (2,50 francs par litre).
« Les animaux sont en meilleure santé parce qu´ils font moins l´accordéon [alternance de période d´amaigrissement marqué et de gain de poids]. Les vaches sont en meilleur état à la sortie de l´hiver. »

1 200 kilogrammes de céréale par vache laitière et par an
« Comme nous avons récupéré 15 hectares de prairies proches du corps de ferme, la surface disponible pour le troupeau passera à 51 hectares soit environ 80 ares par vache productive contre 50 ares actuellement. Si l´année est favorable, 50 ares par vache peuvent suffire. Mais ce n´est pas toujours le cas. »
Le Gaec va également cultiver deux fois plus de céréales. « Actuellement, nous achetons quasiment toute la paille, soit 100 tonnes à 450 francs par tonne. Si nous cultivons 20 hectares de céréales, nous serons pratiquement autonomes en paille. »
Par ailleurs, les quantités de céréales consommées par vache seront doublées soit 1 200 kg par vache et par an, contre 600 kg actuellement.
L´intensification du système permettra de diminuer le nombre de vaches laitières d´une dizaine d´animaux soit 75 vaches contre 85 actuellement. Yannick pense compenser la diminution du nombre de vaches par une augmentation du niveau de production du troupeau.
« En diminuant le nombre de vaches, nous allons améliorer le confort dans le bâtiment (8 m2 d´aire de couchage disponible par vache actuellement) et les rotations sur les parcelles pâturées seront ralenties, ce qui permettra de faire plus de stocks de fourrage », souligne l´éleveur.
La culture du maïs et l´augmentation des surfaces en céréales n´ont pas eu de répercussions sur les investissements en matériel. « La plupart des travaux (labour, semis) sont réalisés par une entreprise. La herse-étrille et la bineuse sont en Cuma. »


(1) cultivateur rotatif à axe horizontal avec dent-pointes
Jean-Claude Huchon, réseau des fermes de références de Loire-Atlantique
Avis d´expert : « Le maïs pour une meilleure autonomie fourragère »
« On assiste depuis quelques années au retour de l´ensilage de maïs dans certains élevages biologiques pour deux raisons essentiellement : les éleveurs veulent améliorer le niveau de production des vaches (gain de 700 à 1000 litres de lait par vache) et limiter les risques de déficit fourrager. Le maïs permet par exemple d´améliorer la ration de base en hiver lorsque les stocks fourragers sont insuffisants pour apporter un fourrage de qualité. Le maïs assure une meilleure autonomie fourragère, surtout des années comme 2001 où les rendements en herbe ont chuté de 0,5 à 1 tonne de MS par hectare environ. En automne, on rééquilibre plus facilement la ration en azote avec un tiers d´ensilage de maïs et deux tiers d´herbe. Au printemps, on évite les excès trop importants en azote soluble en apportant 4 à 5 kilogrammes de maïs et 12 à 14 kilogrammes d´herbe pâturée.
La surface semée en maïs ne dépasse pas généralement 10 % de la SFP. Il faut absolument conserver assez de prairies accessibles pour les vaches laitières c´est à dire une surface équivalente à 60 à 70 ares par vache. La rotation doit être cohérente. Par exemple, après cinq ans de prairie, on peut semer du maïs puis un mélange céréalier. La prairie accumule de la matière organique qui est bien valorisée ensuite par le maïs. »

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