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Reprendre la main sur ses ensilages de maïs

Alors que réussir son ensilage du maïs est crucial pour de nombreux éleveurs laitiers, des plannings établis trop longtemps à l’avance, des débits élevés ainsi que le matériel disponible ne facilitent pas la maîtrise du chantier. Une bonne organisation, le recours à quelques tests simples et d’outils d’aide à la décision ainsi qu’un contrôle rigoureux le jour du chantier permettent de reprendre la main.

Bien s’organiser et surveiller les paramètres importants sont essentiels pour réussir l’ensilage de maïs.
Bien s’organiser et surveiller les paramètres importants sont essentiels pour réussir l’ensilage de maïs.
© Elvup
 

Reprendre la main sur ses ensilages de maïs

Alors que réussir son ensilage du maïs est crucial pour de nombreux éleveurs laitiers, des plannings établis trop longtemps à l’avance, des débits élevés ainsi que le matériel disponible ne facilitent pas la maîtrise du chantier. Une bonne organisation, le recours à quelques tests simples et d’outils d’aide à la décision ainsi qu’un contrôle rigoureux le jour du chantier permettent de reprendre la main.

1 – Répéter les analyses et observations pour fixer la date de récolte

 

 
Le meilleur stade de récolte correspond à un grain contenant un tiers d’amidon laiteux, un tiers de pâteux et un tiers de vitreux
Le meilleur stade de récolte correspond à un grain contenant un tiers d’amidon laiteux, un tiers de pâteux et un tiers de vitreux © Elvup
Le point n° 1 pour réussir l’ensilage de maïs est le stade de récolte. Il faut récolter quand le grain contient un tiers d’amidon laiteux, un tiers de pâteux et un tiers de vitreux, à 32-35 % MS, 35 % pour les variétés stay-green. La floraison des fleurs femelles permet une première estimation de la date optimale de récolte. Trois à quatre semaines après, l’observation des grains permet de l’affiner.

 

« L’idéal est de fixer la date de récolte au plus tôt deux à trois semaines avant le chantier. Ce qui est possible dans les petites Cuma où les éleveurs se réunissent régulièrement, mais plus compliqué avec les ETA et les grosses Cuma, admet Olivier Raux d’Elvup. Il est conseillé de faire une analyse de matière sèche deux à trois semaines avant la date prévue de récolte et si possible huit à dix jours avant et d’observer régulièrement le grain dès un mois avant la date. »

Quand la lentille vitreuse apparaît sur la majorité des grains, la parcelle est à 25-26 % MS pour un maïs à bon gabarit, encore bien vert. 28-29 % MS pour un maïs à gabarit moyen avec des feuilles qui commencent à dessécher. À partir du stade « lentille vitreuse visible sur la majorité des grains », il reste 6-8 points de MS à acquérir, ce qui représente environ 150 degrés jours, soit dix à vingt jours selon les régions, la période et le climat. « Des grilles existent par groupe de précocité pour estimer la maturité, manuellement ou à l’aide d’outil d’aide à la décision », précise Hugues Chauveau, d’Arvalis.

2 – Bien réfléchir et organiser son chantier

 

 
Une fois la date fixée, il convient de prévoir l'ordre de récolte des parcelles ainsi que la longueur de coupe prévue.
Une fois la date fixée, il convient de prévoir l'ordre de récolte des parcelles ainsi que la longueur de coupe prévue. © Elvup
En amont, il faut réfléchir à l’ordre de récolte des parcelles, selon la distance, la maturité… Des outils comme Tass’Silo permettent aussi de calculer le poids de tassage et donc le nombre de tracteurs pour respecter les préconisations de 400 kg/t MS entrant par heure.

 

Autre point à prévoir : la longueur de coupe à indiquer au chauffeur, qui a un impact sur le tassage du silo ainsi que l’ingestion et la valorisation par les vaches. « La moyenne est de 14-18 mm, note Olivier Raux. Mais l’optimum varie selon le système de distribution et la ration. Les fraises, les vis horizontales… raccourcissent les brins lors du mélange. La longueur adaptée varie aussi selon les apports de paille, foin, concentré. » Les essais Arvalis montrent par contre que l’ensilage brins longs n’entraîne pas de différence notable avec l’ensilage brins courts.

3 – Le jour J : prendre le temps de surveiller l’éclatement du grain et la longueur de coupe

 

 
Le test bassine permet de vérifier l’éclatement du grain, lié notamment à l’écartement des rouleaux éclateurs.
Le test bassine permet de vérifier l’éclatement du grain, lié notamment à l’écartement des rouleaux éclateurs. © Elvup
Deux paramètres sont importants : la longueur de coupe et un éclatement du grain poussé pour la digestibilité de l’amidon. Tous les grains doivent être au moins coupés en quatre, voire en huit pour un maïs plus avancé et d’autant plus qu’il sera utilisé rapidement. L’éclatement du grain et la longueur de coupe dépendent des réglages, des conditions de récolte, de la variété, de l’usure du matériel… « Il faut les contrôler au moins pour chaque parcelle et si possible toutes les heures, insiste Olivier Raux. Si la machine s’est déréglée et qu’on a récolté 40 ha, l’impact peut être énorme. »

 

Le test bassine permet de vérifier l’éclatement du grain, lié notamment à l’écartement des rouleaux éclateurs. Prélever deux litres de maïs, le mettre dans une bassine d’eau, enlever les tiges et feuilles qui surnagent et vider l’eau pour observer le grain. L’utilisation de tamis, de tables de répartition des tailles à respecter ou la simple observation permettent de contrôler la longueur de coupe. « L’essentiel est de ne pas avoir de particules trop grossières, qui vont limiter le tassage et seront refusées par les vaches, et pas trop de particules fines qui limitent la rumination », indique Hugues Chauveau. En cas de dérive, il peut être nécessaire de revoir les réglages, d’affûter les couteaux ou de ralentir le rythme de l’ensileuse pour faciliter le travail des rouleaux éclateurs.

4 – Tasser sans s’arrêter

 

 
Pour réaliser au mieux ses ensilages, un bâchage rapide et hermétique est  primordial.
Pour réaliser au mieux ses ensilages, un bâchage rapide et hermétique est primordial. © Elvup
Le soin apporté à la confection du silo est essentiel. Plus le maïs est sec, plus il est difficile à tasser. L’idéal est de tasser par couches de 20 cm. « Et il faut tasser sans arrêt et repasser partout une heure après l’arrivée de la dernière benne », insiste Olivier Raux. L’idéal est aussi de ne pas monter au-dessus des murs, les bords du silo étant alors difficiles à tasser. Un bâchage rapide et hermétique est également primordial. Il est conseillé d’utiliser deux bâches : un film de 40 µm, qui adhère au maïs et limite les échanges d’air, et une bâche plus épaisse. Les préconisations sont ensuite de recouvrir le silo de 20 kg/m² de sable ou de boudins, ce qui implique de mettre des boudins tous les 1,5 mètre à 2 mètres. On trouve aujourd’hui des géomembranes plus épaisses, plus denses et réutilisables. « Elles représentent un vrai investissement, analyse Hugues Chauveau. Mais se gardent a priori au moins dix ans et permettent d’apporter moins de sable ou de boudins. »

 

Des silos plus longs et moins larges

L’objectif quand on désile est d’avancer de dix à quinze centimètres par jour l’hiver et vingt à vingt-cinq centimètres par jour l’été pour limiter l’échauffement du maïs. Dimensionner le front d’attaque selon les besoins du troupeau est donc essentiel, en modulant la hauteur et si possible la largeur des silos. « Le mieux serait des silos plus longs et moins larges », note Hugues Chauveau. Une possibilité pour les périodes où les besoins sont limités est de couper un silo en deux. L’application de bactéries lactiques hétérofermentaires à la récolte peut aussi être nécessaire. « Un conservateur est recommandé si le maïs est trop sec ou pour un silo d’été qui avancera moins vite », estime Olivier Raux.

Repères

Une étude a montré que passer de 8 cm à 24 cm d’avancement par jour dans un silo de maïs divise les pertes par deux.

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