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Récolter des mélanges riches en protéines

Voici le bilan et les enseignements de huit années d’essais conduits en bio en Normandie sur les associations céréales-protéagineux à moissonner.

Le choix de l’association doit se raisonner selon l’objectif recherché. Ici, une association triticale-pois fourrager (180 g/m2-25 g/m2) semée à l’automne.
© J. PERTRIAUX

Améliorer l’autonomie alimentaire des élevages bovins en agriculture biologique, tel est le credo du programme Reine Mathilde conduit depuis mars 2010 avec différents partenaires locaux (1). « L’un des volets porte sur la recherche des associations céréales-protéagineux les plus intéressantes à récolter en grains pour obtenir un mélange riche en protéines, en limitant les risques de verse et en visant une maturité conjointe à la récolte », a présenté Amandine Guimas, conseillère à la chambre d’agriculture de l’Orne, lors de la restitution du bilan des huit années d’essais au Gaec Guibert dans le Calvados le 7 juin dernier.

Le premier constat porte sur la grande variabilité du rendement (15 à 65 qx/ha) et de la teneur en MAT (11 à 24 %), liée à la proportion de protéagineux à la récolte selon les mélanges et les années. « On sait ce que l’on sème, mais pas ce que l’on va récolter », reconnaît la conseillère. Sur la quinzaine de mélanges testés, neuf ressortent mieux. « On remarque que le pois se montre faiblement contributeur à la construction d’un mélange riche en protéines. Globalement, les mélanges contenant de la féverole, de la vesce ou du lupin sont mieux pourvus en protéines. » Pour les céréales, l’épeautre et l’avoine sont des tuteurs fragiles, mais ils présentent l’avantage d’être peu acidogènes.

Le mélange triticale-féverole tire son épingle du jeu

Dans les essais, les semis sont réalisés à une densité de 60-60. Cela signifie que la céréale a été semée à 60 % de sa densité en culture pure et le protéagineux également. « Avec un dosage plus faible à 50-50, les protéagineux ne sont pas suffisamment présents à la récolte et le risque de salissement se révèle trop important. »

Trois solutions sont possibles pour semer la féverole. Elle peut être semée à la volée avant le labour et le semis de la céréale. On peut aussi la semer en même temps que la céréale avec un combiné de semis, mais dans ce cas, attention au risque de gel ou de déficit hydrique car la graine est enfouie à 2-3 cm seulement. Et dernière option : un semis à la volée après un labour, avec semis de la céréale dans un second temps. Cette option permet de positionner la féverole à 5-6 cm, ce qui a l’avantage de limiter les pertes par rapport à un semis avant labour qui peut parfois enfouir les graines trop en profondeur. « Malgré sa couleur noire peu engageante, la paille de féverole associée à une céréale s’utilise bien en litière », conclut Amandine Guimas.

(1) Stonyfield France, chambres d’agriculture de Normandie, Institut de l’élevage, Agronat, Littoral Normand, Association Bio Normande.
 

Comment favoriser les protéagineux ?

Un semis précoce, à partir du 15 octobre
Une densité renforcée au semis jusqu’à 70-80 % de la dose en pur
Un faible reliquat azoté (moins de 50 UN en sortie d’hiver) et pas de fertilisation azotée
Associer deux variétés de protéagineux choisies pour leur complémentarité de résistance aux maladies
Enterrer la féverole en profondeur dans les zones où il y a risque de gel (inférieur à -9 °C)

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