Ré-évaluons la productivité des systèmes herbe
Ce n’est pas un scoop : les rendements de l’ensilage de maïs sont généralement supérieurs à ceux des prairies. « Toutefois, cette vision de la productivité est partielle », a exposé Jean-Louis Peyraud, de l’Inra de St Gilles (35), lors des journées de l’Association française pour la production fourragère (AFPF), qui se sont tenues les 25 et 26 mars derniers. « Elle occulte le fait que l’herbe est un fourrage dont la composition est bien équilibrée (100 PDIE/UFL en vert et 80 à 85 PDIE/UFL pour l’ensilage), alors que le maïs (65 PDI/UFL et 40 g PDIN/UFL) nécessite toujours une complémentation azotée pour équilibrer les rations. »
Pour analyser plus précisément ces effets, l’Inra a effectué une simulation chiffrée sur une ferme laitière (75 ha de SAU, 400 000 litres de quota) tantôt avec un système basé sur l’ensilage de maïs, tantôt avec un système herbager. Le système à base de maïs nécessite plus de correcteur azoté pour nourrir les vaches laitières (57 t/an) et les génisses (20 t/an) par rapport au système herbager (9 t pour les génisses). « Ceci correspond, pour un rendement des surfaces au Brésil de deux tonnes de tourteau de soja par hectare, à une importation virtuelle de surfaces beaucoup plus importante. Finalement, la productivité des surfaces réellement mobilisées pour nourrir le troupeau et produire le lait est peu différente entre les deux systèmes, voire même en faveur du système fourrager », conclut le chercheur. Et de poursuivre : « l’évaluation de la productivité des systèmes est donc toute relative. Dans la perspective de développement durable à l’échelle mondiale, la productivité par unité de surface totale mobilisée apparaît comme un critère essentiel ». À méditer.