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Sécheresses
Quelles pistes cultiver pour faire face au changement climatique?

La FDCeta 35 a organisé des journées d’échanges sur la diversification des systèmes fourragers en lien avec le changement climatique. Luzerne et méteil progressent à petits pas.

«L’année 2012 s’annonce inquiétante avec un déficit hydrique hivernal déjà marqué », lâche Romain Torquet, animateur lait à la Fédération départementale des Ceta 35, pour lancer le débat. Treize producteurs laitiers du nord du département ont participé le 16 mars à l’une des réunions dédiées à la diversification des systèmes fourragers, organisées par le Ceta35 à la ferme du lycée agricole des Vergers, à Dol-de- Bretagne.

Malgré les sécheresses à répétition, les éleveurs affirment d’emblée ne pas vouloir céder « trop rapidement » à la panique. Le moral du groupe est d’autant meilleur que les cours de la viande (vaches de réforme, veaux et JB…) « sont bons ».

De la luzerne achetée entre 220 et 240 €/t

Pour autant, l’inquiétude est palpable parce que les sécheresses à répétition ont laissé des traces dans les esprits. « On a eu chaud l’année dernière. Heureusement que l’on a semé notre maïs de bonne heure », reconnaît un éleveur.

Selon les données du Ceta 35, dans certains secteurs d’Ille-et-Vilaine, notamment dans le sud du département, les rendements en ensilage de maïs ont eu du mal à atteindre 5 tMS/ha en 2006, 2009 et 2010 ! Par ailleurs, personne n’a oublié la sécheresse du printemps dernier.

Pour enfoncer le clou, Romain Torquet rappelle que des producteurs laitiers ont acheté l’année dernière de la luzerne « entre 220 et 240 €/t ». La qualité de certaines luzernes importées d’Espagne n’a pas toujours été au rendez-vous, déplore au passage un éleveur.

Quoi qu’il en soit, si la prise de conscience du risque sécheresse est bien réelle, elle ne semble pas actuellement provoquer de bouleversements majeurs dans les systèmes fourragers. « Pourtant, la recherche de simplification du travail a conduit à une fragilisation des systèmes fourragers par manque de diversification », souligne Romain Torquet.

L’ensilage de maïs est présent dans la très grande majorité des exploitations. La consommation annuelle moyenne d’une vache laitière « Ceta 35 » est de 3 tMS d’ensilage de maïs (55 %), 1,8 tMS d’herbe (pâturée ou conservée), 0,3 tMS de luzerne et autant de méteil. Les prévisions des experts sur le changement climatique confortent d’ailleurs l’intérêt du maïs à moyen et long terme dans l’Ouest de la France, « à condition d’avoir de l’eau au bon moment ».

La place de l’herbe dans l’assolement ne devrait pas être profondément modifiée à court terme, en tout cas pas à cause du changement climatique. Certains producteurs laitiers ont cependant commencé à implanter de la luzerne ou du méteil, mais sur des surfaces modestes.

Malgré « un avenir radieux promis à la luzerne », cette légumineuse peine à trouver sa place dans les assolements à cause du manque de surface (il faut attendre cinq ans avant de réimplanter une luzerne sur une parcelle), de la nature des sols (hydromorphe), des besoins élevés en mécanisation et travail, de sa faible valeur énergétique…

Le sorgho, intéressant mais gourmand en température

« Suivant les années, il peut être plus intéressant de vendre du blé et d’acheter de la luzerne déshydratée », souligne un éleveur. Le coût de la luzerne déshydratée (206 €/tMS avec déshydratation, contre 90 € sans) est cependant parfois jugé prohibitif.

Les sorghos sucriers « BMR » apparaissent comme « une alternative intéressante, par exemple sur les terres où le maïs a du mal à pousser ». Reste que le zéro végétation de cette céréale (11 à 12 degrés celsius) « est deux fois supérieur à celui du maïs ». Par ailleurs, ses besoins en somme de températures (supérieurs à 940 °C) peuvent compromettre sa teneur en matière sèche à la récolte.

Le cas d’un éleveur ayant décidé d’ensiler 11 ha de blé (rendement de 6 tMS/ha) a également été évoqué pour illustrer l’intérêt, dans certaines conditions, de ce levier.

La vesce dans le méteil a fait des adeptes à condition « de ne pas utiliser de la vesce velue ».

La réflexion se poursuit. Lors d’une troisième réunion, les membres de ce groupe aborderont la valorisation des dérobées, la betterave fourragère, les mélanges prairiaux…

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