Quelle autonomie protéique en Europe ?
Des expériences et recherches hors de nos frontières ont été présentées lors d'un colloque sur l'autonomie protéique des exploitations européennes à l'initiative des régions Bretagne-Pays de la Loire.
est nécessaire avant ensilage.
En Europe, près de 70 % des protéines végétales consommées par l'élevage sont importées. « Face à cette dépendance, l'Europe doit se préparer à de futures tensions liées à une concurrence nouvelle des pays émergents et asiatiques », ont souligné les représentants des régions Pays de la Loire et Bretagne, en juin 2013 à Nantes, lors d'un colloque qui a mis en avant plusieurs expérimentations menées hors de nos frontières.
Des fourrages riches en protéines et des légumineuses à graines
En Italie, en Emilie-Romagne, où 80 % du lait sert à fabriquer le Parmesan pour lequel l'ensilage est interdit, des essais ont été menés pour éliminer le soja. 13 à 16 % des protéines ont été apportés par des mélanges luzerne-gluten de blé, luzerne-pois-féverole ou luzerne déshydratée et foin d'herbe, sans changement sur la production et la qualité du lait et du fromage. Toujours en Italie, des travaux sont menés depuis dix ans dans la région des Marches sur la faisabilité de filières basées sur le remplacement du soja par des protéines produites sur les exploitations. Les essais, pour l'instant concluants, ont montré l'intérêt des mélanges sur les rendements (pois-féverole, orge-féverole...).
En Espagne, l'institut technique Itacyl sélectionne de nouvelles variétés de légumineuses (pois, gesses, vesces, féverole...) plus productives et résistantes aux maladies. « Nous avons plusieurs variétés de pois, vesce de Narbonne et vesce amère prêtes à être enregistrées et pour lesquelles nous avons signé des accords avec des semenciers, indique Manuel Rodriguez Cachon, d'Itacyl. Certaines permettent 40-50 % de rendement de plus que les variétés actuelles. » Dans la région des Asturies qui produit 60 % du lait espagnol, des essais ont été faits en 2011-2012 sur l'utilisation en cultures d'hiver, en rotation avec le maïs, de mélanges féverole-colza pour l'ensilage. Les essais ont montré que ces mélanges affichent féverole-colza a un rendement supérieur au ray-grass italien classiquement utilisé, qu'il est plus riche en protéines mais moins digestible du fait de la présence plus importante de fibres. Un pré-fanage est nécessaire avant ensilage pour éviter les pertes en conservation. D'autres mélanges de féverole, lupin, trèfle rouge, colza... sont étudiés en 2013.
Produire du soja non OGM
Une autre piste pour réduire la dépendance aux importations et répondre à la demande de filières sans OGM est la production de soja en Europe. Créée en janvier 2012 et basée en Autriche, l'association Soja du Danube regroupe cinquante-quatre semenciers, coopératives, industriels de l'alimentation animale, des viandes et de l'alimentation humaine, ONG, distributeurs... Son objectif est de développer la production de soja non OGM le long du Danube. « La région du Danube a un gros potentiel pour la production de soja, notamment en Croatie, Serbie, Roumanie et Hongrie, insiste Ursula Bittner, directrice de Soja du Danube. D'ici 2018, il serait possible de produire 5 millions de tonnes de soja sur 2,4 millions d'hectares. Des entreprises sont prêtes à investir en transformation. » Le projet inclut l'établissement d'un cahier des charges de la qualité et des contrôles, des notations sur les échanges agricoles, des investissements en recherche-développement, des incitations à la production, etc. Financée par ses membres, l'association a reçu le soutien politique de plusieurs pays (Autriche, Bosnie-Herzégovine, Croatie, Hongrie, Serbie, Slovénie, Roumanie, Suisse).