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Alimentation des bovins
Pur ou en association, réussir son ensilage de céréales immatures

L´ensilage de plantes immatures est doté d´indéniables atouts contre l´acidose mais sa réalisation est encore mal connue. Voici les conseils d´Arvalis pour réussir sa récolte et sa conservation.


Réduire les risques d´acidose avec un ensilage de céréale seule ou associée à une légumineuse, voilà une idée qui séduit de plus en plus d´éleveurs.
Au niveau agronomique, l´itinéraire technique peut être simplifié par rapport à une culture de céréales classique et donc peu coûteux, ce qui rend cette culture intéressante. « Dans le cas d´une association avec une légumineuse, la synergie entre les deux espèces assure une meilleure tolérance aux maladies. Et il y a aussi moins d´adventices. Malgré tout, il faut reconnaître que la conduite des associations est souvent un peu plus compliquée », a souligné Bernard Gaillard, ingénieur protéagineux à Arvalis, lors des Rencontres de la Jaillière le 26 mai dernier.

Les associations céréale-légumineuse sont possibles
« Il n´est pas nécessaire de protéger à tout prix les grains car la récolte a lieu avant maturité, explique Gildas Cabon, spécialiste de l´alimentation des ruminants à Arvalis. L´intérêt est d´économiser des traitements et de limiter les résidus dans le fourrage. L´ensilage de plantes immatures peut permettre d´économiser un traitement en récoltant une parcelle dont le rendement en grain est compromis, sale ou qui montre des signes de maladie. Les mauvaises herbes sont ainsi fauchées avant resemis. »
Toutes les céréales sont utilisables mais le blé, l´avoine et le triticale, qui fournit plus de paille, sont les plus fréquemment rencontrés. Il est possible d´associer une légumineuse comme le pois ou la vesce à la céréale. La vesce est plus envahissante et plus difficile à récolter. Au moment de la récolte, une scie latérale à colza est souvent nécessaire. La légumineuse représente couramment 15 à 20 % du mélange au semis. Sur des sols séchants mieux vaut augmenter un peu la proportion de pois. Les restes de semences peuvent être valorisés même en mélange d´espèces et de variétés.
Selon Bernard Gaillard, « l´association céréale-légumineuse permet une meilleure utilisation de l´azote. Les reliquats sont moindres et les grains de la céréale ont une meilleure teneur en protéines. »

Viser 35 % de matière sèche à la récolte
La récolte s´effectue à l´ensileuse automotrice, si possible en coupe directe. Si la céréale n´est pas versée, l´équipement de becs maïs rotatifs de type kemper convient parfaitement : il permet une alimentation continue et donc un hachage très régulier. Les barres de coupe de moissonneuses-batteuses adaptées sur des ensileuses conviennent pour des associations même avec des céréales versées. Il faut toutefois veiller à ce que la récolte soit la plus rase possible. Des coupes spéciales pour céréales immatures font leur apparition sur le marché. Il s´agit de coupes de type faucheuse à disque pour ensileuse. La récolte en deux temps, fauche suivie du ramassage au pick-up, est également pratiquée mais elle peut occasionner des pertes et augmente la teneur en matière sèche.
Les étapes clé de la réussite de ce type de cultures sont le stade de récolte et la conservation. Arvalis travaille sur ces plantes récoltées immatures afin de fournir des repères notamment pour prévoir le stade de récolte à partir de l´observation de l´épiaison et de la somme des températures entre l´épiaison et la récolte. « Il est conseillé de récolter à 35 % de matière sèche afin d´optimiser la conservation par ensilage de ce fourrage difficile à tasser. Il n´est alors pas utile d´utiliser un conservateur. A ce stade, le grain de la céréale est au stade laiteux-pâteux et la paille est encore verte autour des noeuds. Au delà, les moisissures risquent de se développer et provoqueront l´échauffement du silo après l´ouverture. » A partir de 40 % de matière sèche, il est possible de recourir à une machine à engainer des silos boudins. Cette technique permet une densité plus forte et homogène.
Préférer un silo bien tassé et de faible section
Au delà de 40-45 % de matière sèche (grains bien remplis et durs), l´emploi d´un conservateur est indispensable. Il convient d´utiliser de l´acide propionique (30 l/hectare) ou un conservateur solide « spécial maïs ». Toutefois, ces techniques sont coûteuses et demandent une évaluation au cas par cas. Mieux vaut viser 35 % et faciliter la confection du silo que de viser le maximum de rendement ou l´augmentation de valeur énergétique. Les UFL augmentent en effet de 25 % par hectare pour la céréale entre un stade 35 % et un stade 50 %.
Le silo doit être bien chargé et suffisamment long et étroit pour permettre une avancée rapide du front d´attaque et éviter la reprise de l´activité microbienne. Il faut avancer de 15 à 20 cm par jour en hiver, et 20 à 30 cm par jour en période chaude. Il est recommandé de fermer rapidement le silo à la fin du chantier. Pour s´assurer de l´herméticité du silo, on leste généralement la bâche avec tout ce qui peut rappuyer la couche supérieure (sacs de sable, pneus.). Attention, la céréale ensilée occupe plus de place que le maïs : 150 à 180 kg de matière sèche par mètre cube.
Une impasse sur certains traitements ou sur le dernier apport d´engrais est envisageable lorsque la récolte avant maturité est programmée. ©Arvalis

Les atouts
 Bonne maîtrise du risque d´acidose par dilution de la teneur en amidon de la ration et apport de fibres. Fourrage appétent et très digestible.
 Production plus élevée et régulière qu´avec un maïs en zone séchante.
 Solution adaptée à toutes les céréales, même celles dont le rendement est compromis.
 Simplification des travaux : même ensileuse, silo et désileuse que l´ensilage de maïs. Remplace l´apport de blé et de paille dans la ration.

Exemple d´itinéraire technique d´une association
Exemple d´une association de triticale et pois à la station de La Jaillière (Loire-Atlantique).

 Semis le 25 octobre : Triticale Bellac semé à la volée (160 grains/m2) et légèrement recouvert par la herse et pois d´hiver Lucy semé en ligne (40 grains/m2).

 Fertilisation le 14 septembre : fumier de bovin (15 tonnes/hectare).

 Désherbage de prélevée le 16 octobre : Tréplik PL 4 litres/hectare.

 Fongicide le 28 avril au stade dernière feuille du triticale et début floraison du pois : chlorothalonil 1000 grammes.

 Récolte le 7 juin avec une ensileuse automotrice équipée d´une coupe de moissonneuse batteuse. Rendement : 12 tonnes de matière sèche à 20 cm du sol.

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