Aller au contenu principal

Première AG pour Sunlait, la première AOP verticale reconnue

Constituée fin 2015 et reconnue en octobre 2016, l’association d’organisations de producteurs Sunlait veut co-construire et être porteuse de projets innovants.

Denis Berranger, président Sunlait. "En un an, nous avons fait beaucoup de chemin, mais il en reste encore beaucoup. »
© A.Conté

Réunir douze OP à l’échelle nationale pour discuter de notre relation contractuelle avec notre acheteur de lait (Savencia), c’est une première et ce n’était pas gagné d’avance, s’est félicité Denis Berranger le président de Sunlait lors de l’assemblée générale à Paris le 6 avril dernier. L’association regroupe des OP très diverses avec des spécificités régionales. En un an, nous avons fait beaucoup de chemin, mais il en reste encore beaucoup ». Sunlait affiche haut et fort sa conception des relations au sein de la filière : ‘des partenaires, gagnants-gagnants d’une co-construction ». « Nous ne sommes pas dans une vision de réaction et de réponse au marché mais dans une vision d’action, de porteur de projets modernes et innovants. » Elle se sent investie d’une responsabilité au niveau de la filière laitière, et espère entraîner dans son sillage d’autres OP.

2 400 exploitations, 7 500 éleveurs et 1,2 milliard de litres

Sunlait s’est organisée en quatre commissions (technique, marchés, juridique et communication) et a créé deux groupes de travail pour proposer une nouvelle formule de prix et construire le dispositif « récents investisseurs ». L’ampleur du travail fourni en une année est impressionnante : 21 conseils d’administration, 12 bureaux, plus de 100 heures de réunions téléphoniques et des centaines d’heures de travail en commissions et groupes de travail. L’association d’organisation de producteurs (AOP) a besoin de moyens pour se structurer, se former, se faire accompagner. Comme l’ont fait ressortir les débats, l’Europe a débloqué des fonds pour les OP au niveau du développement rural (géré en France par les régions), mais il n’est pas facile d’y accéder, encore moins quand on est une association nationale.

« La plus-value de notre travail n’est pas facile à voir sur le terrain, reconnaît son président. Même si cela reste insuffisant », Sunlait a permis d’obtenir des primes. Sur l’année 2016, le prix TPQC à 38-32 est de 284 €/1 000 l ( pour un prix de base hors primes de 273 €/1 000 l) ; le prix payé aux producteurs est de 304,4€/1 000 l . Pour le 1er semestre 2017, la négociation a pour l’instant abouti à un prix plancher de 311,4 €/1 000 l (320,320,310,300,300,320 de janvier à juin). Sunlait continue, en s’appuyant sur une pétition de soutien des marques Savencia (voir Réussir Lait d’avril p 18), à demander un prix minimum de 350 €/1 000 l. « La discussion n’est pas toujours facile, elle est pour le moment stoppée mais nous devrions nous remettre autour de la table rapidement. »

Déconnecter le prix de celui des autres laiteries

Le contrat-cadre actuel est quasiment en conformité avec la Loi Sapin 2. « Nous voulons aller plus loin avec un contrat-cadre Sunlait, » ce qui n’est pas le souhait de SavenciaL’AOP souhaite une formule de prix « plus réactive par rapport aux marchés, moins volatile et qui conduise à un prix moyen supérieur à la moyenne des cinq dernières années (322€/1 000 l de prix de base) ». Elle voudrait aussi se baser sur un mix produit représentatif de Savencia, ce à quoi l’entreprise est favorable. « Cela permettrait d’en finir avec la flexibilité additionnelle, de déconnecter notre prix de celui des autres laiteries, et de gagner en cohérence et transparence. » Pour la prise en compte des coûts de production, elle juge « intéressant de se baser sur l’indicateur Milc ».

La priorité est la négociation de la formulation du contrat. Mais « nous ne sommes fermés à rien. Il y a certainement beaucoup à partager sur notre rôle avec les autres OP et AOP et à trouver des synergies. »

Améliorer la négociation collective

° « Douze autres États membres ont opté pour des contrats obligatoires, a rappelé Brigitte Misonne de la commission européenne, invitée lors de l’AG de Sunlait. La France se distingue par des contrats d’une durée minimale de 5 ans, contre 6 mois ou un an ailleurs ». Dans ces pays, les changements de collecteurs restent néanmoins « des exceptions », ils restent difficiles. Le champion de la négociation collective, "c’est l’Allemagne avec 100 % du lait (dont 42 % sous contrat avec des entreprises privées) et quatre grandes associations d’OP ». D’après l’enquête réalisée l’an dernier par la Commission, « les producteurs européens ont une vision très positive des OP : 70 % estiment qu’elles permettent d’obtenir un meilleur prix du lait, 60 % un prix plus stable et 71 % de garantir la collecte, affirme-t-elle. Mais il reste beaucoup à faire. »

° Des pistes de réflexions pour améliorer la négociation collective ont été proposées lors de cette enquête : partager les expériences entre OP et AOP, rappeler les possibilités d’aides financières à leur structuration au niveau du deuxième pilier de la PAC, veiller à ce que les éléments négociés collectivement se retrouvent bien au niveau des contrats individuels, revoir les critères de reconnaissance des OP… Un autre axe de réflexion pourrait être… de réserver l’accès à l’intervention aux industriels qui sont en négociation avec des OP.

Les plus lus

<em class="placeholder">Nathalie et Michel Daguer, éleveurs en Mayenne avec leurs vaches</em>
Pâturage hivernal : « Nous ne voyons que des bénéfices dans notre élevage en bio et en monotraite en Mayenne »

Le Gaec du Ballon en Mayenne, en bio et en monotraite, profite de conditions pédoclimatiques privilégiées pour pâturer en…

<em class="placeholder">guillaume rivet, éleveur dans les deux-sèvres</em>
Organisation du travail : « Nous avons robotisé la traite pour anticiper le départ à la retraite de mon père dans les Deux-Sèvres »

Le Gaec Privalait, dans les Deux-Sèvres, tourne entre mère et fils depuis bientôt deux ans. La robotisation de la traite, en…

<em class="placeholder">« L’herbe pâturée est la plus économique car, plus il y a de stock, plus les charges de mécanisation augmentent », soulignent Sébastien Le Goff et Julie Sylvestre.</em>
Diagnostic de système fourrager : « Nous avons prouvé la résilience de notre élevage face aux aléas climatiques dans le sud du Morbihan »

Au Gaec de Coët Cado, dans le Morbihan, pour s’assurer de la résilience de leur système fourrager aux aléas, les associés ont…

Carte de la zone régulée FCO3 à la date du 5 décembre 2024.
FCO 3 : près de 8 500 foyers en France

A date de jeudi 5 décembre 2024, le ministère de l'Agriculture annonce 8 436 cas de fièvre catarrhale ovine sérotype 3.…

<em class="placeholder">Brice Minot, Vincent Colas et Cyrille Minot, trois des quatre associés du Gaec des forges, en Côte-d&#039;Or</em>
Élevage laitier : « Nous cherchons de la productivité et de l’autonomie pour rentabiliser nos installations en Côte-d’Or »

Au Gaec des forges, en Côte-d’Or, les associés ont robotisé pour mieux organiser le travail. La recherche d’un bon prix du…

<em class="placeholder">jeune agriculteur et retraité départ à la retraite transmission</em>
Manque de main-d'œuvre : quelles sont les options en élevage laitier pour organiser son travail et gagner du temps ?

Lorsqu’un collectif de travail est amené à se réorganiser (départ à la retraite des parents ou d'un associé, dénouement d'un…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière