Aller au contenu principal

INTERCULTURE
PEUT-ON RÉELLEMENT S’AFFRANCHIR DU GLYPHOSATE EN NON-LABOUR?

Allié précieux pour la destruction des couverts végétaux, le glyphosate reste à utiliser avec parcimonie. Des alternatives existent pour limiter son usage.

Plus le couvert végétal est
semé tôt, plus il se montrera
sensible au gel. Un bon moyen
pour limiter le salissement des
parcelles sans nécessairement
recourir au glyphosate.
Plus le couvert végétal est
semé tôt, plus il se montrera
sensible au gel. Un bon moyen
pour limiter le salissement des
parcelles sans nécessairement
recourir au glyphosate.
© DR

Les techniques culturales sans labour sont souvent associées à l’image du glyphosate. Passer en nonlabour implique-t-il de troquer sa charrue contre un bidon de désherbant total ? Une question volontairement provocatrice, qui a valu un vif débat lors du dernier colloque Agrofutur organisé par les chambres d’agriculture de Bretagne à Vannes le 27 janvier dernier. « L’utilisation du glyphosate apparaît effectivement plus importante en non-labour, admet Frédéric Thomas, président de l’association Base (Bretagne, agriculture, sol et environnement). Cela dit, cette molécule compte de nombreux autres usages notamment liés à l’entretien des paysages, et près du tiers des utilisations est à visée non-agricole. » Aujourd’hui, cette substance active, fréquemment détectée à des teneurs supérieures au seuil réglementaire dans différents cours d’eau, est montrée du doigt.

FACILITER L’ACTION DU GEL

Pour détruire le couvert végétal et nettoyer le sol avant les semis, d’autres moyens existent. « La destruction par le gel s’avère « le » moyen idéal : gratuit, rapide, écologique et ne dégradant pas la structure du sol, indique Jérôme Labreuche, d’Arvalis-Institut du végétal. Mais peu d’espèces se montrent suffisamment sensibles pour êtres détruites à 100 %. Fréquemment utilisée en intercultures, la moutarde est facile à implanter mais gèle seulement vers -6° ou -8 °C. Dans l’Ouest, sa destruction par le gel apparaît assez aléatoire. » « Pour réussir, il faut viser un couvert diversifié avec des plantes bien développées, considère pour sa part Frédéric Thomas. Un couvert efficace comprend 4 à 10 espèces différentes, telles que le nyger, le tournesol, le lin, le pois, la vesce, le radis ou la phacélie… Il doit aussi être semé tôt (début août) de façon à dépasser un rendement de 4 ou 5 tonnes de biomasse. Ensuite, le gel fera le travail, sachant que plus le couvert sera développé, plus il sera sensible. »

Autre alternative possible : le roulage. Ce moyen de destruction accentue les dégâts du gel. D’après une série d’essais menés par Arvalis de 2005 à 2008, cette technique donne des résultats plutôt satisfaisants, notamment sur moutarde et phacélie. Si le couvert n’a pas gelé courant décembre, Frédéric Thomas préconise un roulage à la brésilienne avec un rouleau à lames qui plaque la végétation sur le sol. Là encore, plus les plantes seront développées, meilleure sera l’efficacité. À noter par ailleurs que certaines plantes, comme les graminées, se montrent peu sensibles au roulage.

LE GLYPHOSATE, C’EST PAS AUTOMATIQUE

Les opérations de travail du sol avant implantation de la culture suivante constituent aussi une solution pour venir à bout des repousses, adventices ou autres résidus de couverts partiellement détruits. Un travail du sol superficiel sur les cinq premiers centimètres, couplé à l’incorporation des fumiers ou lisiers dans le sol, peut en effet se révéler utile pour garantir un sol propre au semis. L’intervention est efficace si le sol est ressuyé lors du passage et si le temps est séchant les jours suivants. Ce n’est qu’en dernier recours que doit intervenir le glyphosate, uniquement en filet de sécurité. La dose s’ajuste alors en fonction de la flore en présence et du stade. Outre l’effet positif sur l’érosion grâce au maintien de résidus en surface, le glyphosate permet de réduire le travail du sol et donc la levée d’adventices. « Il s’agit d’un outil utile. L’interdire serait une grossière erreur qui conduirait paradoxalement à un plus grand recours aux produits phytosanitaires, estime Jérôme Labreuche. D’où la nécessité de bien l’utiliser. » « Son usage a déjà été réduit de deux tiers en dix ans, mais des marges de progrès existent encore, conclut Frédéric Thomas. Le prix du produit (10 €/l) va certainement inciter les exploitants à poursuivre dans cette voie. » ■

DESTRUCTION DE COUVERTS

Le broyage bien adapté à la moutarde

« Le broyage n’est pas adapté à beaucoup d’espèces de couverts végétaux, indique Jérôme Labreuche d’Arvalis. Mais il l’est pour l’un des couverts les plus répandus en France : la moutarde. » Ce moyen de destruction présente l’avantage de ne pas bouleverser la structure du sol en surface, mais son débit de chantier apparaît limité (1,8 ha/h en 4 mètres) et son coût élevé (environ 30 €/ha).

Les plus lus

<em class="placeholder">L&#039;aire paillée offre une surface de 1 200 m2 séparée en deux.</em>
« Je suis repassé en aire paillée pour viser 2 millions de litres dans mon élevage laitier des Côtes-d'Armor »
Dans les Côtes-d’Armor, Antoine Boixière a choisi de démonter ses logettes pour améliorer le confort de ses 110 prim’Holstein et…
Deux éleveurs avec une petite fille devant un près avec des montbéliardes en Haute-Savoie
DNC : « Ceux qui s’opposent à l’abattage rallongent notre calvaire », témoigne Nicolas, éleveur laitier touché par la maladie en Haute-Savoie

Eleveur laitier près de Faverges, en Haute-Savoie, Nicolas Prud’homme dont 68 bêtes ont été abattues après une contamination à…

<em class="placeholder">dégagement de gaz toxique au silo</em>
Ensilage de maïs : attention au gaz orange des silos 

Les sécheresses et canicules impactent le métabolisme des plantes. Elles peuvent notamment induire des niveaux de nitrates…

<em class="placeholder">Thierry et Tristan Cluzel, éleveurs laitiers. </em>
« Le passage en logettes de nos vaches laitières nous a changé la vie, dans la Creuse »

Le Gaec du Beaudeix dans la Creuse a converti l’aire paillée  en stabulation avec deux rangs de logettes suite à l’…

<em class="placeholder">Aurélie et Ludovic Coué, éleveurs laitiers</em>
« Pour installer un robot de traite, nous avons réaménagé le bâtiment d’élevage pour la moitié du prix d’un neuf en Loire-Atlantique »

En Loire-Atlantique, Ludovic et Aurélie Coué ont préféré transformer l'ancienne stabulation pour installer des robots de…

<em class="placeholder">Ensilage de maïs, silo, tassage</em>
Maïs fourrage et sécheresse : adapter son chantier d'ensilage
Les chantiers d’ensilage ont commencé. Certains ont été impactés par les épisodes de sécheresse. Des précautions sont à prendre…
Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière