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Pâtur'Plan, un outil d'aide à la décision pour mieux anticiper le pâturage

Mis au point par l’Inra de Rennes, Pâtur’Plan propose une approche dynamique de la gestion du pâturage. Son originalité ? S’adapter aux spécifi cités de chaque élevage pour anticiper l’utilisation des parcelles et simuler divers scenarios.

CE NOUVEL OUTIL DYNAMIQUE développé sous tableur va grandement
faciliter la gestion du pâturage tournant.
CE NOUVEL OUTIL DYNAMIQUE développé sous tableur va grandement
faciliter la gestion du pâturage tournant.
© F. Mechekour

Tout l’art du pâturage est de parvenir à anticiper les variations et déséquilibres entre l’offre et la demande en herbe pour être en mesure de prendre les bonnes décisions au bon moment. Par exemple, sur les hauteurs d’herbe en entrée et sortie de parcelles, en débrayant certains paddocks pour la fauche ou encore en ajustant la complémentation. Facile à dire, mais pas si simple à faire…

Aujourd’hui, l’outil Pâtur’Plan, développé par l’Inra en collaboration avec Orne Conseil Elevage, devrait permettre aux éleveurs de gagner en confiance en leur donnant davantage de visibilité et en facilitant la prise de décision aux moments- clés de la saison de pâturage.

Pâtur’Plan s’inspire à la fois d’Herb’aVenir, un outil datant de 2005 basé sur le calcul des jours d’avance, et de Grass Wedge, une méthode récemment développée en Nouvelle-Zélande et en Irlande, qui présente une approche astucieuse pour évaluer l’adéquation ou non entre l’offre et la demande en herbe.

« L’originalité de Pâtur’Plan réside avant tout dans la possibilité d’évaluer de façon anticipée l’évolution du stock d’herbe disponible tout en collant aux spécificités de chaque élevage », souligne Luc Delaby, chercheur à l’Inra de Rennes en précisant que « l’outil s’utilise aussi bien en pâturage intégral qu’en régime mixte ».

Dérouler le film de l’utilisation successive des parcelles

L’autre point fort de Pâtur’Plan tient à la visualisation de l’enchaînement des séquences de pâturage qu’il fournit. En effet, il ne se cantonne pas à donner la photo finale d’une situation à venir, mais il déroule le film de l’utilisation successive des parcelles.

Il est capable de prévoir le temps de séjour, parcelle par parcelle, en évaluant leur état au moment où l’éleveur pense les valoriser. Et de vérifier, dans le même temps, l’évolution de l’état de l’ensemble de la sole pâturée. « En clair, non seulement Pâtur’Plan simule où l’on va, mais aussi comment on y va », résume le chercheur.

Enfin, l’outil prend tout son sens en offrant la possibilité de simuler des scénarios successifs comme un changement des conditions climatiques ou toute modification inhérente à la conduite du pâturage.


« En un clic, l’éleveur peut désormais mesurer en dynamique les conséquences d’une fauche, d’une fermeture de silo… sur le déroulement du pâturage. Cela pousse ainsi à réfléchir à la cohérence du système, à jauger les risques encourus et à choisir les meilleurs ajustements possibles. »

Mais concrètement, comment ça marche ? Avant toute chose, l’utilisateur commence par saisir sur le logiciel la liste des parcelles utilisées (surface, type de prairies, potentiel agronomique, pâture/fauche), les caractéristiques du troupeau (effectif, niveau de production), ainsi que les éventuels apports de fourrages et concentrés.

Les conditions climatiques du moment sont aussi à mentionner, ainsi que la hauteur d’entrée objectif et la sévérité de pâturage désirée (laxiste, normal, sévère ou très sévère). « De ce critère découlera automatiquement une hauteur d’herbe en sortie de parcelle. » Le recours à l’herbomètre reste un passage obligé sur l’ensemble des parcelles.

L’évaluation du stock d’herbe disponible par vache par hectare et les jours d’avance repose en effet sur les hauteurs d’herbe. Reste à préciser la parcelle en cours de pâturage. « À partir de là, Pâtur’Plan va pouvoir dresser une photographie de l’état des parcelles en traçant un profil de pâturage et sa courbe de cohérence (cf. graphique). Celui-ci permet en un seul coup d’oeil de visualiser l’état des lieux et vérifier s’il correspond bien aux objectifs. La position de chaque point de la courbe correspond à la hauteur d’herbe à laquelle devrait être chacune des parcelles compte tenu du temps de séjour probable calculé par anticipation et de la croissance de l’herbe attendue. »

Mesurer l’impact de tel ou tel choix de conduite

L’utilisateur définit ensuite la succession des parcelles à pâturer et suit l’évolution de la situation pendant 42 jours au plus. Il peut alors modifier l’enchaînement prévisionnel des séquences de pâturage, parcelle après parcelle, et se prêter au jeu des simulations diverses. « Lors de chaque séquence de pâturage simulée, Pâtur’Plan affiche l’équilibre, l’excédent ou le déficit d’offre en herbe par animal et pour le troupeau, par comparaison avec la demande. »

À l’issue des différentes simulations, il est possible d’éditer le calendrier de pâturage prévisionnel auquel se référer dans le mois à venir. Plusieurs graphes sont aussi exploitables. Citons celui des hauteurs d’herbe en entrée et sortie de parcelles qui permet de vérifier le respect des objectifs de valorisation de chaque paddock, ou encore celui d’évolution de l’offre et de la demande qui conforte ou non les choix retenus quant à la surface allouée au troupeau et aux apports de fourrages complémentaires. Développé sous Excel 2010 et téléchargeable sur internet, Pâtur’Plan est diffusé par Orne Conseil Elevage dès cette saison(environ une centaine d'euros). Il s’adresse aux techniciens, enseignants et éleveurs.

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