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PAC : des choix divergents entre pays du Nord et pays du Sud

Niveau de convergence, aide couplée à la vache, surdotation des premiers hectares... les déclinaisons nationales de la PAC 2013-2020 traduisent des visions différentes de l'agriculture.

Les éleveurs des Pays-Bas sont plus préoccupés par la politique des gestion des effluents que par la PAC.
Les éleveurs des Pays-Bas sont plus préoccupés par la politique des gestion des effluents que par la PAC.
© J. Danin

La nouvelle PAC devait être plus simple. Elle s'est en fait complexifiée en laissant pas mal de marge de manœuvre aux États. Comme l'a montré la conférence "La PAC dans tous ses États" organisée par l'Institut de l'élevage le 20 novembre dernier, les choix des pays divergent. On retrouve la classique scission entre le Nord et le Sud de l'Europe qui traduit des visions divergentes de l'agriculture. "La PAC n'est plus vraiment une politique commune", a d'ailleurs souligné d'entrée de jeu Simon Schleter, responsable de la section laitière du syndicat majoritaire allemand Deutsche Bauernverband allemand (DBV).

Les pays du Nord ont déjà en tête l'après 2020

L'Allemagne et les Pays-Bas affichent tous deux haut et fort leur volonté d'améliorer la compétitivité des exploitations. Ces deux pays ont déjà clairement en tête l'après 2020 et la prochaine réforme qui pourrait voir le budget agricole encore baisser. Tous deux ont fait le choix d'une convergence à 100% des paiements uniques à l'hectare et d'un découplage quasi total des aides directes. Il n'y aura donc pas d'aide couplée à la vache laitière et les agriculteurs recevront tous le même paiement à l'hectare en 2019 (259 €/ha en Allemagne, 380 €/ha aux Pays-Bas). L'Allemagne souhaite tout de même soutenir les petites et moyennes exploitations avec une surdotation des 46 premiers hectares (43 €/ha), et prévoit une aide aux petites exploitations dans le second pilier. Les Pays-Bas ont privilégié le premier pilier au détriment du second pilier (tourné vers l'innovation) qui pèse à peine 10% du budget PAC. Le pays est très ambitieux sur le verdissement, "car c'est une base importante pour que l'Europe continue de soutenir l'agriculture après 2020. Nous avons essayé de ne pas compliquer les choses avec un équilibre entre biodiversité et économie".

Mais dans ces deux pays,  "la PAC n'a pas un impact si important sur l'évolution de l'élevage". En Allemagne, "les éleveurs sont davantage préoccupés par les discussions sociétales et les critiques. Il est de plus en plus difficile d'obtenir un permis pour construire une stabulation, souligne Simon Schleter. Aux Pays-Bas, "le secteur de l'élevage s'est préparé dès 2007-2008: la réforme de la PAC n'est pas un choc, affirme Nico Van Opstal de l'ambassade des Pays-Bas. La préoccupation numéro un est la politique concernant les effluents d'élevage, et aussi l'acceptabilité de l'élevage par la société".

Convergence partielle et aide couplée à la vache au Sud

Au Sud de l'Europe, l'Espagne et l'Italie ont à l'inverse opté pour une convergence partielle des paiements uniques. La convergence sera même plus faible en Italie (60%) qu'en France (70%). Comme la France, ces deux pays utilisent aussi les aides couplées pour soutenir certaines productions. Il y aura une aide couplée à la vache laitière de 56 euros en Italie (où 35% de la production laitière est transformée en fromages sous AOP) et de 90 euros en Espagne. Kees de Roest, du centre de recherche italien pour la production animale affirme que "la production va se concentrer dans de grosses exploitations de plus de 500 vaches et que le nombre de petites et moyennes exploitations va diminuer par manque de repreneurs". Contrairement à l'Allemagne et aux Pays-Bas, il ne prévoit pas de hausse de la production italienne à cause des contraintes environnementales et du coût du foncier. À noter que la perte d'aides directes va être très importante pour la production intensive de viande bovine. Avec une consommation de viande bovine en chute de 17% l'année dernière, certaines exploitations pourraient arrêter l'engraissement.  En Espagne, Jose Luis Iranzo Alquézar, éleveur ovin et responsable du secteur élevage à la Coag estime que "la production va quitter les zones montagneuses défavorisées et progresser dans les exploitations intensives dans des zones plus proches des industries".

L'Irlande est à mi-chemin. Comme l'Allemagne et les Pays-Bas, elle voit la fin des quotas comme une belle opportunité. Elle n'utilise ni le couplage des aides (donc pas d'aide à la vache laitière), ni la surdotation des premiers hectares. En revanche, elle a fait elle aussi le choix d'une convergence limitée. "Nous y allons progessivement. Une convergence totale aurait été trop brutale pour certains producteurs ayant des DPU élevés. La plupart des éleveurs toucheront entre 150 et 450 €/ha en 2019, a expliqué Rowena Dwyer économiste à l'Irish Farmers' Association. Deux tiers des éleveurs laitiers vont voir leurs aides baisser avec la convergence; en 2013 qui a été une bonne année, 26% de leur revenu provenait des DPU."

La Pologne grande bénéficiaire de la PAC

"La Pologne a en dix ans beaucoup changé sa vision sur la PAC. L'agriculture est devenue un secteur qui crée de l'emploi", s'est félicitée Joanna Stachowiak conseillère agricole à l'ambassade de Pologne.  Elle bénéficie du paiement unique simplifié jusqu'en 2020. Et elle a retenu le taux maximal de couplage des aides (l'aide couplée à la vache laitière est de 70 €) ainsi que la surdotation des 30 premiers hectares (41 €/ha). 54% des 356 000 fermes laitières ne comptent encore qu'une à deux vaches, seulement 22% des fermes ont plus de 10 vaches. "Pour le soutien aux petites exploitations, le seuil est fixé à 1250 euros d'aides". Un quart du second pilier (le plus important de l'UE) a été transféré vers le premier pilier "pour augmenter les aides directes et développer une agriculture active." Et la moitié du second pilier va aller à l'investissement. "Notre objectif est de maintenir le cheptel et de diriger le plus grand nombre d'agriculteurs vers le marché".

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