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Nouvelle donne pour les AOP Normandes

À seulement deux mois d’intervalle, Graindorge tombe dans le giron de Lactalis, et la fromagerie Réaux est rachetée par Maîtres Laitiers du Cotentin.

Les récentes restructurations industrielles favorisent la recherche constructive d'une solution au problème identitaire du camembert.
© B. Nicolas/Inra

Les lignes bougent dans le monde des AOP normandes. Fin juillet, la fromagerie Réaux (Manche), l’un des derniers fabricants indépendants de camemberts AOP au lait cru, a été repris par le groupe coopératif normand Maîtres Laitiers du Cotentin. Par cette acquisition, Maîtres laitiers du Cotentin, qui produit déjà du beurre et la crème d’Isigny AOP, devient également un acteur dans les fromages sous appellation. La fromagerie Réaux collecte 22 millions de litres auprès d’une quarantaine de producteurs, dont la moitié est transformée en camemberts AOP au lait cru, commercialisés sous la marque Réo.

Cette acquisition intervient deux mois seulement après le rachat par Lactalis de l’entreprise familiale Graindorge, spécialisée dans les fromages AOP (pont-l’évêque, livarot, camembert et neufchâtel). Cette PME, créée en 1910, collecte 48 millions de litres auprès de 120 producteurs. A priori, Lactalis reprend les trois sites de production, et le contrat-cadre, signé le 14 mars avec l’OP reste maintenu pour cinq ans.

« Nous devons aboutir à un concensus sur le camembert »

Ce rachat rebat les cartes dans la filière camembert, où la bataille d’étiquetage oppose depuis près de dix ans le « camembert de Normandie » et le « camembert fabriqué en Normandie ». Le premier (5 000 t/an) est un fromage AOP, à base de lait cru provenant de troupeaux à 50 % en race normande (en 2017), qui pâturent six mois minimum. Le second est un camembert industriel produit dans une usine normande à partir de lait pasteurisé ou microfiltré. « La confusion règne entre les deux dénominations, et ce n’est plus tenable dans le temps pour un produit aussi emblématique que le camembert, affirme Jean-Luc Dairien, directeur de l’Inao. Il faut trouver une solution pour sortir de cette situation inconfortable en répondant à la fois à un objectif de mise en conformité réglementaire et de respect des enjeux économiques. » L’Inao a rassemblé tous les acteurs de la filière en mai et juin dernier. D’autres réunions vont suivre en septembre et décembre. « Nous voulons aboutir d’ici la fin de l’année à une piste concensuelle et bâtir le schéma définitif au premier semestre 2017, poursuit-il. L’une des pistes est la création pour le camembert industriel d’une IGP, indication géographique protégée. Mais dans ce cas, AOP et IGP porteront-elles le même nom ? Si non, par quoi remplacer le mot Normandie sur l’étiquette ? Différentes propositions sont à l’étude. « Je suis raisonnablement optimiste, lâche Jean-Luc Dairien. La réduction du nombre d’interlocuteurs simplifie la donne, et Lactalis, désormais leader sur les AOP livarot, pont-l’évêque, et camembert a plus que jamais intérêt à aboutir à un concensus. »

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