« Nous vaccinons contre le RSV »
Au Gaec des Fenassiers à Tramain dans les Côtes-d’Armor, l’amélioration de la ventilation dans la nurserie couplée à la vaccination a permis d’endiguer un sérieux problème de maladies respiratoires.
Au Gaec des Fenassiers à Tramain dans les Côtes-d’Armor, l’amélioration de la ventilation dans la nurserie couplée à la vaccination a permis d’endiguer un sérieux problème de maladies respiratoires.
Élever 55 veaux par an dont une cinquantaine de génisses de renouvellement dans une nurserie prévue à l’origine pour seulement une trentaine d’animaux… tel a été le scénario « catastrophe » auquel le Gaec a dû faire face suite au regroupement de deux troupeaux en 2011. Le Gaec tourne avec trois associés et un salarié pour gérer 110 Prim’Holstein à 9 000 kg, la production d’une cinquantaine de taurillons et 160 ha. « Notre nurserie n’était ni adaptée, ni adaptable. Nous avons galéré pendant deux ans à cause de l’explosion de maladies respiratoires », reconnaît Luc Gesret, le responsable du troupeau laitier. « Notre vétérinaire passait régulièrement pour traiter quasiment un veau sur deux avec un antibiotique qui ne peut être administré que par un vétérinaire. Les autres traitements antibiotiques n’étaient pas très efficaces. Cela nous coûtait cher en frais vétérinaires (800 à 1 000 euros par an en produits plus l’intervention du vétérinaire, contre environ 500 euros actuellement, dont à peu près 450 euros de vaccins). Au départ, on perdait entre 9 et 11 % de veaux par an contre 3 à 4 % depuis plus d’un an. Et cela augmentait le risque de développer de l’antibiorésistance. » L’amélioration de la conduite d’élevage des veaux, la vaccination et l’utilisation d’un Vel’Phone pour détecter les vêlages ont contribué à diminuer les pertes de veaux. Luc Gesret était d’autant plus décidé à résoudre le problème que l’objectif du Gaec est de faire vêler les génisses à 22-24 mois. « C’est difficile à atteindre quand un veau est malade pendant la phase 0 à 6 mois parce qu’il prend du retard de croissance. Et pour les mâles, c’est également important d’assurer une bonne croissance pour améliorer leur prix de vente. » Pas question pour autant de vacciner tant que les problèmes de surpopulation et d’ambiance dans la nurserie n’étaient pas résolus.
Arrêt d’un extracteur d’air dans la nurserie
Une nouvelle nurserie a remplacé l’ancienne en juin 2013. Le bâtiment est scindé en deux parties bien isolées. D’un côté un local est équipé de vingt cases individuelles pour les veaux jusqu’au sevrage. De l’autre, cinq box collectifs sont conçus pour loger chacun cinq génisses jusqu’à 6 mois d’âge. La nurserie est totalement fermée et le renouvellement de l’air est assuré par des extracteurs d’air. « La situation s’est alors très nettement améliorée mais il y avait encore quelques veaux qui toussaient dans les cases collectives. » L’utilisation d’un test au fumigène et de mesure à l’aide d’un anémomètre réalisés par notre vétérinaire a permis de mettre en évidence un problème de courant d’air. « Nous l’avons résolu en arrêtant un des deux extracteurs d’air », souligne Luc Gesret.
Vaccination intranasale systématique
Cette fois la situation semble bien maîtrisée. Mais la trêve ne dure que deux ans. « Nous avons été tranquilles de décembre 2013 à décembre 2015. Puis nous avons eu à nouveau quelques veaux qui toussaient. » Les paramètres d’ambiance dans la nurserie et la gestion sanitaire du local (nettoyage et désinfection des cases individuelles…) étant optimisés, Jean-François Labbé, leur vétérinaire, propose cette fois de recourir à la vaccination des jeunes veaux avec un vaccin intranasale. Une analyse sérologique permet d’identifier l’agent pathogène en cause. « Il n’y avait que le virus RSB », précise le vétérinaire.
Drenchage des veaux depuis un an
« Au départ j’étais un peu réticent parce que je trouvais que la vaccination intranasale n’était pas simple à réaliser. J’ai essayé sur quelques veaux âgés de deux à quatre semaines et le résultat a été concluant », explique cependant Luc Gesret. Par ailleurs, l’éleveur nettoie et désinfecte les cases individuelles entre chaque veau et n’hésite pas à tondre le dos des veaux lorsqu’il constate que leur poil est humide. « Je ne comprends pas d’où vient cet excès d’humidité parce que la ventilation de la nurserie est correcte. Elle provient peut-être de la paille d’avoine que j’utilisais. Nous l’avons remplacé par de la paille de blé qui a un meilleur pouvoir absorbant. »
Grâce à l’amélioration des conditions d’élevage, la vaccination et le drenchage systématique des veaux depuis un an, les maladies respiratoires et les diarrhées néonatales ne font plus partie du quotidien de l’élevage. « C’est un plaisir d’élever les veaux depuis que je les sonde », affirme l’éleveur. Combien de temps va durer l’accalmie ? Impossible à dire. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que l’arrêt de la vaccination contre le virus respiratoire syncytial bovin n’est pas d’actualité. « Nous allons continuer pendant deux ou trois ans, puis nous ferons un nouveau point », indique Jean-François Labbé. Une précaution d’autant plus justifiée que « depuis 15 jours, certains veaux toussent, mais ils ont moins de fièvre et ils sont moins abattus qu’auparavant », constate l’éleveur.
« Il a fallu d’abord régler les problèmes de nurserie »
« Comme dans tout élevage, il y a un fond viral présent dans ce troupeau. Et ce dernier peut provoquer des maladies respiratoires si, comme c’était le cas dans ce Gaec, les conditions d’ambiance dans la nurserie sont mauvaises. Vacciner tant que ce genre de problème n’est pas résolu et que les veaux ne sont pas en bonne santé n’apporte pas grand-chose. Puis, la construction de la nouvelle nurserie, le nettoyage et la désinfection méticuleuse des cases individuelles… ont permis d’envisager la vaccination. Le drenchage des veaux depuis un an a également contribué à renforcer la prévention des maladies même si les anticorps respiratoires passent très mal par le colostrum. Au final, il n’y a plus de diarrhées néonatales depuis un an et la vaccination intranasale a résolu en grande partie les problèmes de maladies respiratoires. Comme la pression microbienne n’est pas trop importante, et en l’absence de maladies respiratoires après la vaccination intranasale, nous ne faisons pas actuellement de rappels de vaccination."