La contractualisation par Lactalis
"Nous sommes très hostiles au double prix"
Luc Morelon, de Lactalis, explique pourquoi le groupe est contre le principe de double volume-double prix, proposé par la FNCL dans le cadre de la contractualisation.
«Difficile de donner une position sur la contractualisation, vu qu’aucun cadre n’a encore été fixé.Toutefois, une chose est sûre, nous sommes très hostiles à un système de double volume-double prix, indique Luc Morelon, de Lactalis. On dit que les éleveurs pourront choisir de ne produire que le volume payé A (valorisation PGC), mais si certaines années c’est 80 % du quota, ça représente une grosse baisse de litrage pour un élevage. Donc en définitive, les producteurs n’auront pas vraiment d’autres choix que de produire du volume B (valorisation beurre poudre) certaines années. »
NON À LA GESTION MUTUALISÉE DES EXCÉDENTS
Selon Lactalis, ce système entraîne davantage à la baisse le prix du lait en cas de surproduction et de mauvaise valorisation des produits industriels, que le système actuel - un prix mutualisé avec une flexibilité additionnelle tenant compte des mix produits des entreprises. « La flexibilité ne répercute pas complètement la valorisation beurre poudre sur le prix du lait, alors que ce système, oui. » Autre souci, les entreprises moins engagées dans les produits industriels, qui payeront donc davantage de lait au prix A, subiront la concurrence des autres entreprises, notamment les voisines européennes. « Selon nous, ce système intéresse les entreprises fortement engagées dans les produits industriels. » Enfin, « la grande distribution va se baser sur le prix B ! » Lactalis se déclare également contre un transfert de propriété à des associations de producteurs et à une gestion mutualisée des excédents.
LES ENTREPRISES APTES À BIEN VALORISER LES EXCÉDENTS
« Dans ce cas de figure, c’est l’association qui achète le lait aux producteurs, et qui se charge de gérer les excédents. Nous répondons que la gestion des excédents est de la responsabilité des entreprises. Une association n’aura pas plus de force commerciale que les entreprises, par rapport à un concurrent comme Fonterra (grosse coopérative de Nouvelle-Zélande, principal exportateur mondial de produits industriels). Les entreprises comme Lactalis ont un savoir-faire en termes de valorisation des excédents. Nos relations commerciales se sont bâties sur le long terme. Nous répondons à des cahiers des charges, avec des exigences qualité précises. Une association de producteurs n’aura pas ce savoir-faire et livrera majoritairement à l’intervention, qui valorise nettement moins les produits ! »