« Notre maïs lève sous un couvert végétal »
Les associés du Gaec Les Haies Fleuries se sont lancés en 2008 dans le semis direct sur couvert végétal. La technique demande encore quelques adaptations mais apporte déjà satisfaction.

techniques qui réduisent les interventions mécaniques
et cela implique parfois quelques tâtonnements ! »
«Avec des sols superficiels et des précipitations annuelles faibles, notamment en période estivale, l’idée de départ était de réduire le travail du sol pour économiser l’eau, explique Samuel Blin, installé avec ses parents à Eancé en Ille-et- Vilaine. Voilà pourquoi nous avons, pendant une dizaine d’années, remonté peu à peu le travail du sol. » Sur les 130 hectares que compte l’exploitation, l’ensemble des cultures (maïs, blé, prairie, luzerne et féverole) était alors implanté avec un travail superficiel. En 2008, une étape a été franchie vers la suppression complète du travail du sol. Le Gaec s’est équipé d’un semoir mono-graine adapté au semis direct du maïs sur couverture végétale.
Du glyphosate un mois avant semis
« En parallèle, et par précaution, nous avions semé de la luzerne afin de pallier une éventuelle baisse de rendement en maïs », se souvient Samuel Blin. Pour autant, le rendement en maïs ensilage a atteint ses 6 à 9 tonnes de matière sèche habituelles. Et, cerise sur le gâteau, la luzerne a eu un effet très positif sur la production laitière des 70 Prim’Holstein du troupeau. Le maïs est désormais semé après destruction chimique du couvert hivernal. « La destruction du couvert mérite encore réflexion, signale Samuel Blin. Nous tâtonnons encore sur la nature des espèces, à la fois efficaces sur le plan biologique et agronomique et faciles à détruire. Cette année nous avons semé un mélange de graminées, crucifères et légumineuses. » Si certaines espèces comme la féverole, le pois, la phacélie et le tournesol ont gelé, d’autres comme le colza, le radis et l’avoine noire restent à détruire. La couverture du sol est correcte, laissant peu de place aux adventices, grâce à un fort développement des crucifères.
Au printemps, le traitement au glyphosate – un mois avant la date théorique de semis - s’accompagnera d’un passage de rouleau afin de briser les tiges les plus épaisses. « Pour pouvoir semer directement dans le couvert, nous allons supprimer les crucifères qui peuvent avoir un effet allélopathique négatif sur les cultures suivantes, prévoit Samuel Blin. Nous envisageons également de semer du maïs dans une prairie de fétuque élevée et trèfle blanc âgée de six ans, après sa destruction chimique. »
Vers moins de crucifères dans le couvert
Quant au blé, il est lui aussi semé en direct, derrière le maïs ensilage. L’utilisation du semoir de semis direct pour céréales (Sulky Unidrill) a longtemps été limité à l’implantation des couverts. « Nous regrettons de ne pas l’avoir utilisé plus tôt pour les prairies et le blé », reconnaît Samuel Blin. « Dans les années à venir, nous souhaitons parfaire notre technique de semis sur couverture végétale. Et pourquoi pas un jour semer dans un couvert vivant ou sous une autre culture ! En attendant, notre objectif est d’améliorer encore la qualité de nos sols, tout en maîtrisant nos charges et en maintenant nos rendements. Les effets sont déjà sensibles sur le poste du carburant et des intrants. Autre avantage, nous ramassons moins de pierres dans les parcelles. Le travail est moins mécanisé ce qui facilite la gestion du trafic sur des sols à tendance hydromorphe. La conduite du semis direct sous couvert végétal est aussi plus technique. Nous évoluons au fil de tâtonnements et d’essais internes à la ferme. Certains sont fructueux, comme la culture de luzerne dans les chaumes de céréales, d’autres le sont moins, tel le semis direct de colza sur paille de blé. Nous sommes en perpétuelle évolution… »
Le saviez-vous...
L’objectif du semis direct sur couverture végétale est de limiter le remaniement mécanique du sol à l’endroit où est déposée la semence. Le principe est de couvrir le sol en permanence avec de la matière végétale pour, d’une part, stopper le processus d’érosion et réduire les amplitudes thermiques et hygrométriques et, d’autre part, reconstruire un écosystème stable, favorable à l’activité biologique et à la préservation de la matière organique du sol.