« Nos semis simplifiés et directs se font sans glyphosate »
Au Gaec de Fouesnard,
dans les Côtes-d’Armor.
Une longue expérience
du non-labour associée à l’achat
de matériel spécifique a fait
évoluer les pratiques culturales
sur les 115 hectares
de l’exploitation.
SCALPENT LE SOL à une profondeur de 1 à 2 cm,
sur une largeur de 5,70 m. Cet outil a été
acheté d’occasion 7 000 euros il y a trois ans.
Pierre Chenu regrette que les modèles récents
soient équipés de dents qui ne permettent
pas un travail aussi superficiel.
Adepte des techniques culturales sans labour depuis une vingtaine d’années, Pierre Chenu a choisi de faire l’impasse sur l’utilisation du glyphosate il y a trois ans. « J’ai arrêté le glyphosate en raison de son image négative. D’autant que mon exploitation se situe dans un bassin versant qui alimente la ville de Rennes », explique Pierre Chenu, installé avec son épouse à Yvignac-la-Tour.
L’éleveur a signé il y a cinq ans une MAE réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires. « Celle-ci pénalise mais n’interdit pas le recours au glyphosate », fait remarquer Pierre Chenu. Si l’on reproche aux TCS l’utilisation systématique du glyphosate, l’éleveur montre aujourd’hui que le recours à des outils spécifiques permet de se passer de traitement herbicide préalable.
Deux passages croisés pour scalper le sol
Le Gaec de Fouesnard s’est ainsi doté d’un flash grubber (Horsch). Cet outil à socs plats scalpe superficiellement le sol pour détruire la culture en place sans relancer trop de germination. « Je sème des mélanges de trèfles en interculture juste après la récolte du blé, avec un outil à fraise (Horsch SE). Après un pâturage ou un ensilage au printemps, j’épands généralement du lisier avant de détruire l’interculture pendant la seconde quinzaine d’avril. »
Deux passages croisés pour scalper puis un passage de fraise suffisent à détruire complètement la culture en place. Le maïs est ensuite semé en un seul passage avec un combiné composé d’un strip-till et d’un semoir à maïs classique quatre rangs. Pierre Chenu s’est aussi équipé d’une trémie à l’avant du tracteur pour injecter, si besoin, 50 unités d’azote derrière la dent du strip-till.
« J’ai longtemps semé le maïs à la volée avec la fraise mais je rencontrais des soucis de profondeur de semis. La récolte des intercultures oblige à semer le maïs tardivement. Avec l’arrivée des périodes sèches, je devais augmenter les doses de semis. J’ai acheté un semoir de semis direct Unidrill il y a six ans mais les résultats n’ont pas été concluants. Avec le combiné strip-till et semoir à maïs, je règle la profondeur au plus juste. »
La dose de semis a été abaissée de 120 000 à 90 000 grains par hectare. Pour Pierre Chenu, l’idéal est de ne pas semer le maïs trop tôt. « Je ne sème que lorsque je suis sûr que le maïs va pousser rapidement. »
Un travail du sol sur le rang pour le maïs
Le semis des trente-deux hectares de maïs s’étale généralement sur l’ensemble du mois de mai. Le sol est beaucoup moins émietté qu’en préparation conventionnelle. Le risque de battance et d’érosion s’en trouve réduit. Mais le rendement n’est pas diminué. Avec le scalpage superficiel, le sol reste dur entre les rangs. Seule une dizaine de centimètres de chaque côté du sillon est ameublie par le strip-till et permet au système racinaire de se développer facilement.
Le rang est bien dégagé par le chasse-débris du strip-till qui écarte les repousses. La rupture de capillarité permise par le scalpage stoppe l’évaporation de l’eau conservant ainsi la fraîcheur du sol.
Un désherbage à petite dose est effectué au stade 3 feuilles, environ trois semaines après la levée. Ensuite, une entreprise réalise un binage lorsque le maïs est bien développé et recouvre les rangs. La plante est alors plus haute que le genou. « Le binage affine la terre en surface et évite un deuxième désherbage qui nécessiterait le recours à une dose plus importante de produit », explique l’éleveur.
Le maïs est récolté pour moitié en ensilage et moitié en battage. Après la récolte du maïs, Pierre Chenu réalise un faux-semis à la fraise ou au flash grubber. « Pour le blé, en conditions sèches, il faut anticiper et scalper tôt », note Pierre Chenu. Les trente-huit hectares de blé sont semés à la fraise qui détruit l’enherbement.