« Nos 90 laitières pâturent des betteraves fourragères »

« La betterave occupe entre 3 et 4 hectares et se destine exclusivement au pâturage. Nous avons démarré cette pratique il y a une vingtaine d’années, principalement pour combler le déficit de pousse d’herbe l’été car nous sommes situés dans une zone côtière peu arrosée. Nous l’implantons assez tôt (mi-avril, avant le maïs) pour que les vaches puissent pâturer dès la mi-août. Nos sols limoneux ressuient bien et le pâturage dure souvent jusqu’à début mars. Pour limiter le piétinement, les vaches accèdent au champ au niveau du rang à pâturer. Il faut gérer avec précision l’avancement du fil et limiter l’ingestion à 3 kg MS/j. Les vaches restent 2 h/j dans le champ. Nous positionnons le fil à l’aplomb du premier rang pâturé (et pas 10 cm plus loin !) : les vaches consomment ainsi le rang placé sous le fil et au suivant. Le fil est positionné à un mètre de hauteur pour éviter tout contact avec le feuillage.
Dès que les vaches s’attaquent aux betteraves, le TP et le TB gagnent un à deux points, c’est systématique. La betterave (1,15 UF/kg MS) fait office de concentré de production dans la ration hivernale, en complément du maïs ensilage (9 kg), de l’ensilage d’herbe (6 kg) et du tourteau de colza.
Le gros avantage du pâturage est qu’il n’y a ni récolte, ni stockage, ni reprise et distribution à effectuer. On ne ramène pas non plus de terre dans l’auge. Nous utilisons des variétés adaptées au pâturage, faiblement enterrée et pauvre en matière sèche (Jamon, Vitamo), pour que les vaches parviennent à les arracher. En début de saison, elles consomment les feuilles et les racines, puis rapidement elles ne mangent plus que les racines. Les betteraves sont appétantes, mais certaines primipares ne vont pas spontanément les pâturer. Nous les y aidons au départ en les contraignant à avancer (fil arrière).
L’itinéraire technique est plus compliqué que celui du maïs. Les betteraves nécessitent une bonne préparation sol avec roulage avant le semis. Trois à quatre désherbages sont réalisés à faible dose, plus un binage. Nous surveillons de près les attaques de ravageurs à la levée. Nous avons dû ressemer une année suite à des attaques de tipules, après un retournement de prairie. Les charges opérationnelles s’élèvent à 550 €/ha en moyenne, pour un rendement régulièrement entre 15 et 20 tMS/ha. »