Méthanisation : les clé de la rentabilité
La filière méthanisation agricole démarre à peine en France. Encore difficile à évaluer, la rentabilité d’une installation s’inscrit dans un projet global d’exploitation, ancré dans son territoire.
En France, les politiques ont bien compris l’intérêt de la méthanisation agricole et affichent la volonté de développer cette filière. Elle produit de la chaleur et de l’électricité renouvelables, elle traite des déchets (effluents d’élevage, résidus de récolte, déchets de l’agroalimentaire...), elle participe à la dynamique des territoires.
En 2011, trois événements ont marqué la filière : la reconnaissance de la méthanisation comme activité agricole, à travers la Loi de modernisation agricole ; la revalorisation des tarifs d’achat de l’électricité produite à partir de biogaz ; la possibilité d’injecter directement le biogaz dans le réseau de gaz. « Après une année 2011 de ‘stand by’, les porteurs de projet ont à présent des règles du jeu claires », conclut Armelle Damiano, de l’association Aile. Un contexte plus favorable qui relance les projets.
Le problème de la méthanisation reste sa complexité. Technique d’abord. Une unité de méthanisation, c’est un site qui comprend de quoi stocker les matières entrantes, un digesteur (appelé « panse » par les méthaniseurs, pour souligner la complexité des fermentations qui s’y déroulent), un cogénérateur, un réseau de chaleur, un raccordement à EDF... La méthanisation demande du temps et des compétences techniques, pour choisir le procédé et faire fonctionner l’installation.
« Il s’agit d’une stratégie d’exploitation dans son ensemble, que je comparerais à un projet de diversification, et pas à un projet photovoltaïque ou éolien. C’est un projet qui va avoir des impacts sur divers aspects de l’exploitation », souligne Armelle Damiano. La méthanisation aura des incidences sur la conduite de la fertilisation, des dérobées, des intercultures. Elle pourra s’insérer dans un projet plus vaste, avec par exemple l’utilisation de la chaleur pour sécher des four- rages, des plaquettes de bois... Il faut donc raisonner son projet dans son exploitation, présente et future, mais aussi dans son environnement (partenariat avec d’autres agriculteurs, collectivités...).
Un projet de méthanisation reste difficile à monter pour un agricul- teur seul. « Si la méthanisation est mieux connue et appréciée par les administrations, EDF, les banques... il arrive encore que les dossiers aient du mal à avancer », souligne Armelle Damiano. Monter un projet reste un long parcours de trois ans minimum, où la difficulté est de mener de front plusieurs démarches.
Enfin, un projet de méthanisation représente un gros investissement (600 000 à 1 million d’euros). Le temps de retour sur investissement est d’environ sept ans, sans tenir compte des annuités, et en comptant les subventions !
Nous dégagerons dans ce dossier quelles sont les clés de la rentabilité pour une installation de méthanisation, sachant qu’il n’y a pas de modèle économique standard, comme souvent en France..
SOMMAIRE
Page 32 : Contexte politique : La France s’est fixé un objectif de 800 à 1 000 unités agricoles d’ici 2020
Page 36 : Rentabilité : Les points clés d’un projet
Page 41 : Projet individuel : À la SCEA Bois Brillant, une petite unité qui fonctionne en autonomie
Page 44 : Projet collectif : Agrivalor énergie, un projet territorial qui marie agriculture et balnéoludisme