« Même dans l’Est, le semi-ouvert fonctionne »
Au Gaec de l’Alliance en Moselle, les 220 vaches se répartissent dans une stabulation classique fermée et un bâtiment plus récent, semi-ouvert et modulaire.
Au Gaec de l’Alliance en Moselle, les 220 vaches se répartissent dans une stabulation classique fermée et un bâtiment plus récent, semi-ouvert et modulaire.
Le Gaec de l’Alliance, à Evendorff en Moselle, produit 2 millions de litres avec 220 Prim’Holstein. Suite au regroupement de deux sites de production, le Gaec a autoconstruit en 2013 un nouveau bâtiment semi-ouvert de 140 places et deux robots. Ce dernier est venu se greffer sur la stabulation existante de 120 logettes sur caillebotis, datant de 1997. « Nous avons écarté l’idée de construire un second bâtiment identique ((au précédent)) car cela supposait de laisser une distance minimale de 20 mètres entre les deux pour assurer une ventilation suffisante, raconte Martine Cordel, l’une des huit associés du Gaec. Parmi les visites effectuées avec différents constructeurs, nous avons été séduits par un bâtiment vu dans le sud de l’Allemagne : assez ouvert, avec une structure légère et modulaire, à taille humaine, et qui s’insère bien dans l’environnement. Le ((Ce)) style nous a bien plu. C’est une conception simple mais sans doute la plus novatrice que nous ayons vue. » Autre argument de poids : le prix. Avec une hauteur faible, les surfaces en bardage diminuent. Grâce à l’ouverture, il n’y a pas besoin de translucides, ni de faîtage ventilé. La couverture est aussi plus réduite. « Ce type de bâtiment revenait environ 30 % moins cher qu’un bâtiment classique type 'cathédrale', ce qui correspondait à notre objectif de rationalisation des coûts. »
« Nous avons gagné en clarté et en ambiance »
Pour relier les deux constructions entre elles, il a fallu retirer le muret (1,50 m de haut) et le bardage ajouré du long-pan nord du bâtiment d’origine. Cette ouverture donnant sur le couloir d’alimentation, des cornadis ont pu être installés à la place et permettent ainsi aux vaches de manger de chaque côté de la table d’alimentation. Le chantier du nouveau bâtiment a été bouclé en six mois. « La société allemande avec laquelle nous avons travaillé (Zimmermann Stalltechnik) a mis à disposition deux personnes et nous avons joué les tâcherons. »
Quel bilan tirer au bout de trois ans de fonctionnement ? « Nous sommes très satisfaits. Le bâtiment est très bien ventilé, apprécie Martine. Cet été, pendant les grosses chaleurs, il y avait toujours de l’air. » En fonction de la météo, les éleveurs ouvrent ou ferment les portails et le rideau brise-vent installé côté Nord. « Pour l’instant les hivers se sont bien passés." C’est vrai que les deux derniers n’ont pas été très vigoureux, mais ce qui est rassurant c’est que ce type de bâtiment semi-ouvert fonctionne aussi en Suisse et en Autriche. « Malgré que nous soyons situés sur un plateau à 300 mètres d’altitude avec des vents de nord-ouest qui soufflent fort, nous sommes abrités des courants d’air." « Globalement, nous préférons travailler dans ce bâtiment-là plutôt que dans l’autre. Il est clair, bien aéré et plus agréable pour nous comme pour les vaches, poursuit Frédéric Cordel, autre associé du Gaec, en précisant qu’il y a "10 à 15 jours par an un peu moins faciles quand il pleut et qu’il vente."
Côté sanitaire, les éleveurs n’observent pas de différence flagrante entre le nouveau bâtiment et le plus ancien de conception traditionnelle. « Nous n’avons pas moins de problèmes de pattes ou de mammites. Même si le bâtiment est plus ouvert et les couloirs raclés toutes les deux heures, le sol n’est pas forcément plus sec que dans le bâtiment fermé sur caillebotis. »
Anticiper pour prévenir les risques de gel
Des tapis antidérapants équipent les couloirs d’exercice. « Ce revêtement a été rajouté il y a un an car nous avons perdu plusieurs vaches suite à des glissades », précise Thibaut Cordel, le fils de Martine.
Qui dit bâtiment plus ouvert, dit aussi risque de gel. « Nous ne sommes pas embêtés avec les racleurs. Quand il gèle, nous adaptons le réglage pour qu’ils se déclenchent plus fréquemment, décrit Martine. Avec les robots, jusqu’à - 8°C, il n’y a pas de souci. Si la météo annonce un forte baisse des températures, on les isole à l’aide de filets brise-vent que les vaches contournent pour entrer et sortir des stalles. Nous avons aussi prévu deux chauffages d’appoint mais en trois ans, nous n’en avons pas eu besoin. » Autre précaution utile : avoir toujours du sel à disposition pour les couloirs.
Enfin, avec des aires découvertes, la fosse récupère davantage d’eau de pluie et le lisier est plus dilué. En termes de capacité de fosse, cela n’est pas gênant pour le Gaec qui dispose désormais d’un méthaniseur.
5 800 € par vache
Le nouveau bâtiment a coûté 820 000 € pour 140 places, les deux robots inclus. L’économie par rapport à un bâtiment classique représente 30 à 35 %.