Marchés : le déstockage a commencé
Un premier signal à la baisse a été donné avec une première adjudication des stocks de poudre le 19 octobre dernier.
Un premier signal à la baisse a été donné avec une première adjudication des stocks de poudre le 19 octobre dernier.
L’annonce de la non-ouverture de l’intervention et la mise à l’adjudication des stocks de poudre ont sans surprise entraîné une baisse des cotations de la poudre écrémée. Au moment où nous mettons sous presse le 22 novembre – on ne connaît pas le résultat de la deuxième adjudication — elles se sont stabilisées autour de 1 440 € tonne. « C’est un moindre mal », commente Gérard Calbrix d’Atla. Seules 40 tonnes de poudre ont été écoulées lors de la première adjudication le 19 octobre.
Mais cette stabilisation ne devrait pas durer, même si la demande de poudre sur le marché mondial est bonne. La production néo-zélandaise est de retour avec toutefois des prévisions de Fonterra revue à la baisse pour la campagne en cours (+ 1 % au lieu de 3 % initialement) suite à des problèmes de pousse de l’herbe. En revanche la production laitière européenne repart en flèche. Notamment en France où elle se situe à + 6 % fin octobre par rapport à la même période 2016. Au troisième trimestre, la production européenne est en hausse de 2,6 % et elle pourrait, d’après les estimations d’Idele, "rebondir de plus de 4 % au quatrième trimestre, auquel cas elle dépasserait légèrement l’excellent niveau de 2015. La collecte annuelle progresserait alors de 1,5 % par rapport à 2016".
La production européenne est en forte hausse
Dans ce contexte, encombrée par plus de 350 000 tonnes de stocks de poudre, « la Commission européenne veut absolument arrêter la remontée de la production européenne. Et l’outil dont elle dispose, c’est la mise sur le marché de ces stocks », explique Gérard Calbrix. Son intention affichée est de les écouler d’ici la fin 2019. Or « l’écart de prix entre une poudre qui a deux ans et une poudre fraîche est d’au moins 200 €. La Commission va dégager des stocks à des prix de plus en plus bas, ceci jusqu’à ce que le prix du lait moyen européen atteigne le niveau qui ne stimule plus la production. C’est ce prix moyen européen qui lui sert de référence ». Or cet automne, le prix du lait 38-32 est monté à 390 € en Allemagne du Nord, 400 € aux Pays-Bas, 370 € en Belgique…
Côté beurre, après être grimpés à des niveaux astronomiques cet été (7 000 €/t), « les cours ont baissé, c’est normal. Ils se sont stabilisés entre 4 500 et 5 000 €/tonne, à un niveau extrêmement élevé, rarement vu par le passé ». Ils concernent les livraisons du premier trimestre 2018. "Les cours devraient remonter au deuxième semestre 2018, prévoit-il, car il y a peu de chances qu’on arrive à reconstituer les 120 000 tonnes de stocks de beurre nécessaires pour compenser le creux de production d’été, comme cela a été le cas cette année. »
Au final, Gérard Calbrix estime la valorisation beurre-poudre (en équivalent lait 38-32) au premier semestre 2018 autour de 280€/1 000 litres. Quant au prix du lait, où se situera-t-il l’année prochaine ? « Personne ne sait aujourd’hui. Il dépendra de l’attitude des distributeurs lors des négociations commerciales sur les marques qui se clôtureront fin février, puis de celles sur les marques distributeurs. » Des hausses de tarifs ont en tout cas été envoyées aux distributeurs.