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Les produits laitiers favorisent-ils certaines maladies ?

Cancer, diabète, otite. Les produits laitiers sont soit neutres soit favorables pour la plupart des maladies, sauf peut-être pour le cancer de la prostate.

Les antilaits mettent parfois en avant une seule étude et occultent les autres.
© S. Kaulitzki /Fotolia

Le lait ne serait fait que pour les petits veaux, affirment les détracteurs du lait et des produits laitiers. Le lait contient des facteurs de croissance IGF-1 qui peuvent conduire des cellules cancéreuses à proliférer. Si cette hypothèse est plausible scientifiquement, les études ne donnent néanmoins pas de conclusions si tranchées.

Autre attaque, l’apparition de l’acné de plus en plus tôt et qui dure de plus en plus longtemps ne serait imputable qu’au lait et à ses acides aminés. "Il y a deux études épidémiologiques qui existent. L’une dit qu’il existe un lien entre produit laitier et acné précoce et de longue durée, et l’autre dit l’inverse. Donc il est plus sérieux de dire qu’on ne peut pas conclure", indique Marie-Claude Bertière, médecin nutritionniste et directrice du Cerin (1). De même, le lien entre la consommation de lait et l’arthrite juvénile ou l’otite n’a jamais été démontré scientifiquement, à l’aide d’études ou d’expérimentations.

Pas de preuve scientifique pour l’otite

Le lien entre aliments et santé est complexe, du fait des interractions entre nutriments et entre aliments. C’est davantage le régime alimentaire dans sa globalité qui a des incidences sur la santé. D’autre part, les maladies sont souvent multifactorielles, avec une importance de l’héritage génétique, des modes de vie, et des facteurs environnementaux qui les influencent.

Faisons le point sur les principales conclusions des derniers rapports sur le lien entre produits laitiers et maladies, avec les rapports du World cancer research fund (WCRF) et de l’Inca (Institut national du cancer). Et celui de l’Anses de novembre 2016 qui fait une synthèse de plusieurs études d’observation, d’intervention et de méta-analyses (plus puissantes).

Cancer du sein : des données insuffisantes

Contrairement à ce qu’affirment certains antilaits, les études montrent plutôt un effet protecteur, mais souffrent de lacunes. Le lien entre consommation de produits laitiers et cancer du sein est donc qualifié de "suggéré".

Cancer colorectal : effet protecteur

La consommation de produits laitiers réduit le risque de cancer colorectal, de façon "probable", selon le WCRF et l’Inca. La supplémentation en calcium protège probablement contre le cancer colorectal, ajoute le WCRF.

Cancer de la prostate : une hausse du risque ?

La consommation de produits laitiers (lait demi-écrémé et fromage) est associée à une augmentation du risque de cancer de la prostate tous stades confondus bien que les données soient insuffisantes pour conclure à une relation de cause à effet (488 publications). Cette conclusion doit être pondérée par la nécessité de rechercher l’association par stade d’avancement du cancer. Par ailleurs, le calcium dans son ensemble, ou celui des produits laitiers, est associé au risque. Mais comme le calcium non laitier n’est pas associé à la hausse du risque, l’Anses estime que cela suggère que l’augmentation du risque observée avec les produits laitiers est due à une autre composante que le calcium. Ces conclusions sont sensiblement identiques à celles de l’Inca.

Diabète de type 2 : réduction du risque

La consommation de produits laitiers - yaourts, fromages et produits laitiers peu gras - est associée à une réduction du risque de diabète 2 de façon convaincante et probable, selon l’Anses. Plusieurs études (1 345 publications) vont dans le même sens.

Maladies cardio-vasculaires : plutôt protecteur ?

Les études (2679 publications) analysées par l’Anses suggèrent une réduction du risque de maladies cardiovasculaires et d’accident vasculaire cérébral (AVC), avec une consommation de produits laitiers. "Mais les données sont insuffisantes pour conclure à une relation causale."

(1) Organisme du Cniel chargé de la communication sur la nutrition auprès des professionnels de santé.

Obésité : absence de lien

L’Anses conclut (analyse de 1 591 publications) qu’il n’y a pas de lien entre consommation de produits laitiers et les changements de poids, chez les sujets de poids normal. Il pourrait y avoir une perte de poids plus importante chez les sujets en surpoids soumis à un régime de restriction énergétique (données suggestives mais limitées). En tout état de cause, il semble tellement de bon sens que l’équilibre alimentaire global et l’adéquation avec les dépenses de l’organisme sont primordiaux ! Et qu’il faut éviter l’excès de fromages et de matière grasse laitière pour éviter l’obésité !

Un effet défavorable sur le diabète de type 1?

La conclusion finale reste en suspens faute d’expérimentation. Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune : l’organisme détruit les cellules du pancréas qui produisent l’insuline. C’est une maladie multifactorielle : héritage génétique, virus, toxines, régime alimentaire.

Les antilaits affirment que les produits laitiers augmentent le risque de diabète 1. Certaines études, dont une étude finlandaise, constataient une corrélation entre la consommation de lait ou de protéines laitières (caséines) et le risque d’apparition d’un diabète de type 1. Une étude d’intervention a investigué sérieusement cette relation : l’étude internationale TRIGR démarrée en 2002, dont on attend la publication des résultats en 2018. Elle a eu lieu dans 15 pays, sur 2 159 enfants génétiquement prédisposés séparés en deux groupes : ceux consommant du lait à base de caséine hydrolysée (les morceaux sont trop petits pour stimuler le système immunitaire) et ceux consommant une formule classique (80 % de caséine et 20 % d’hydrolysat de caséine). Pour l’instant, les analyses de sang (qui seront effectuées jusqu’à l’âge de 10 ans) avec recherche d’anticorps, montrent qu’il n’y a aucune différence significative entre les deux groupes. Une autre étude (Teddy - 2017) va dans le même sens.

La caséine est hors de cause. Et l’insuline bovine ?

Certains médecins pointent que si ce n’est pas la caséine qui est en cause, c’est peut-être l’insuline bovine. Un essai, l’étude Findia, a montré que les enfants ayant consommé du lait sans insuline bovine ont développé moins d’autoanticorps anti-insuline. Mais on ne sait pas encore si cela se traduira par moins de diabète. Et aucun nouvel essai n’a été lancé pour approfondir la question.

En l’état des connaissances, le Centre européen d’étude du diabète rappelle l’importance d’une alimentation variée comprenant des produits laitiers (2 à 3 fois par jour).

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