Les producteurs LNA et Silav veulent leur part du résultat de Laïta
Apporteurs de lait à Laïta mais non coopérateurs, les producteurs bretons de la LNA et de la Silav sont depuis plusieurs années en attente d’une solution.
Apporteurs de lait à Laïta mais non coopérateurs, les producteurs bretons de la LNA et de la Silav sont depuis plusieurs années en attente d’une solution.
La coupe est pleine pour les 495 élevages de la LNA (Laiterie Nouvelle de l’Arguenon) et les 150 élevages de la Silav. « Notre lait est transformé par Laïta de la même manière que celui des autres producteurs livrant à Laïta, nous touchons le même prix de base mais nous ne recevons aucun complément de prix, déplorent Étienne Jouffe, président de l’association de producteurs de la LNA et Thierry Allée, président de l’association des producteurs de la Silav. Les producteurs LNA et Silav sont apporteurs de lait mais n’ont pas le statut de coopérateurs. « Laïta n’est pas une coopérative, c’est une SAS créée en 2009 pour fusionner les activités laitières des trois coopératives laitières de l’Ouest : Even, Triskalia et Terrena (1) », rappellent-ils.
Des « privés » dans l’impossibilité de négocier leur contrat
Le statut de ces producteurs est « bâtard ». « Comme la LNA et la Silav (2) sont des entreprises privées, elles ont eu l’obligation de nous envoyer un contrat. Mais c’est un contrat que nous ne pouvons pas négocier : nos tentatives ont échoué. Le contrat est le reflet du règlement intérieur des coopératives et reprend les règles de volume et de prix de Laïta, structure dans laquelle nous ne sommes pas représentés. Nous ne l’avons donc pas signé. Nous ne voyons pas non plus l’intérêt de nous faire reconnaître en tant qu’OP puisque nous sommes dans l’impossibilité de négocier. Nous venons de recevoir un avenant au contrat mettant à jour les indicateurs de prix qui ne nous donne aucune visibilité. »
Cette « inéquité de traitement » des producteurs d’un même groupe est particulièrement difficile à accepter en période de crise. « Vous pouvez avoir dans le même camion de collecte des laits payés avec 19 €/1 000 l d’écart, le retour sur résultat annoncé par Even à ses coopérateurs. Sur 500 000 litres, cela représente 10 000 € et triple le revenu breton moyen annoncé cette année ». Elle est aussi d’autant plus difficile à supporter que « Laïta communique abondamment sur les valeurs de la coopération pour promouvoir sa marque Paysan breton. C’est même le premier élément mis en avant dans la nouvelle démarche développement durable Passion du lait, alors que 20 % du lait — 300 millions de litres sur 1,5 milliard — est collecté chez des producteurs ne bénéficiant pas du statut de coopérateur. »
"Une communication axée sur les valeurs de la coopération"
Certes, tous les éleveurs ne sont pas prêts à prendre des parts sociales, surtout dans la conjoncture actuelle. Mais même ceux qui par le passé ont individuellement fait la démarche n’ont pas obtenu le statut de coopérateur. « Notre association avait par ailleurs proposé aux coopératives du groupe de laisser aux producteurs LNA le choix d’adhérer dans l’une ou l’autre des trois coopératives du groupe, mais cette proposition n’a jamais abouti pour des raisons qui ne nous ont jamais été expliquées, souligne Nathalie Ricou, vice-présidente de l’association LNA. « Depuis la création de nos associations il y a six ans, on nous dit qu’une solution va être trouvée, que notre situation va évoluer. Mais on ne voit toujours rien venir. »
(1) Les producteurs restent adhérents à leur coopérative. Le retour de résultat de Laïta est reversé aux trois coopératives au prorata du capital dans la SAS et non du litrage. Even est majoritaire avec 51 % du capital et livre 28 % du litrage Laïta (inclus LNA-Silav). Les coopérateurs reçoivent des compléments de prix/ristournes liées à l’ensemble des activités de leur coopérative (sur 2016 : Even 19 €, Terrena 15 € et Triskalia 3 €).2) La LNA est détenue à 100 % par Laïta ; la Silav à 50 % par Laïta et 50 % par Agrial.« Il faut trouver le bon équilibre »
"Nous sommes conscients du problème, le sujet nous préoccupe et on le traitera, répond Dominique Chargé, président de Laïta. Il fait partie des priorités de Laïta. Mais c’est compliqué. On ne peut pas prendre une telle orientation sans tenir compte de l’histoire et de l’avis des associés coopérateurs qui ont créé Laïta. Faire évoluer le lait apporté par les coopératives (1) en proposant aux producteurs LNA ou Silav de devenir coopérateur change le cadre fondamental défini par nos adhérents en 2009. C’est compliqué aussi pour les producteurs LNA et Silav, cela implique un engagement financier sous forme de capital social. Il faut trouver le bon équilibre, se donner du temps pour proposer une solution qui convienne à tout le monde et puisse contribuer à la poursuite du développement de Laïta dans son niveau de performance actuel. Nous espérons trouver une solution dans l’année. Nous ne voulons pas faire entrer individuellement des producteurs mais proposer une offre globale sur laquelle chacun se déterminera."
(1) Even, Terrena, Triskalia livrent chacune environ 400 millions de litres.