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PRIX DU LAIT
Les OP veulent négocier la prise en compte des charges

De 300 à près de 340 euros/1 000 litres, les transformateurs ont annoncé à leurs OP le prix de janvier. Les producteurs tentent de faire accepter la prise en compte du coût de production dans le prix du lait.

Les efforts annoncés par certaines entreprises sur le prix de janvier sont des avances de trésorerie à rembourser plus tard dans l'année.
Les efforts annoncés par certaines entreprises sur le prix de janvier sont des avances de trésorerie à rembourser plus tard dans l'année.
© F. Mechekour
Le voeu de la FNPL pour un prix de janvier à 340 euros/1000 litres a finalement été peu suivi. Peu de transformateurs ont pris en compte la situation délicate des éleveurs. Comme si les entreprises ne croyaient pas qu’un risque réel pèse sur l’avenir de l’élevage laitier. « Il nous semble pourtant, au vu des prix chez nos voisins européens, que les entreprises auraient pu donner un signal positif aux producteurs », insiste la FNPL.
Certains transformateurs, suite aux discussions avec leurs OP (organisations de producteurs), ont procédé à des aménagements.
Il y a donc un prix par laiterie, depuis qu’il n’est plus possible de discuter prix au niveau des Criel et d’émettre des recommandations. D’où l’importance de la massification des producteurs dans des OP bénéficiant d’un bon niveau d’information.
Enfin, les différences de traitement entre régions, parfois au sein d’une même entreprise, ont fait bondir les producteurs. 

Des prix de janvier différents suivant les régions et les laiteries

Dans le bassin Grand Est, des entreprises (Sodiaal Est, Ermitage, Triballat Rians…) partent du prix de janvier 2012 et y appliquent les indicateurs Cniel (environ + 8 euros/1 000 l). Cela donne des prix autour de 330- 335 euros.

D'autres entreprises comme Bongrain ou Triballat Rians dans le Centre, procédent à une avance de trésorerie, à rembourser plus tard dans l'année. Pour Bongrain, il s’agit d’une revalorisation de 15 euros/1000 l du prix de janvier et février, et de 5 euros sur le mois de mars. Cette avance sera à rembourser sur la période de juin à novembre prochain.

Des entreprises comme Sodiaal Ouest partent du prix moyen 2012 à 315,50 euros, y ajoutent les indicateurs Cniel (+8 euros), mais n’appliquent pas la saisonnalité négative de janvier. « Les -dix euros qui n’ont pas été appliqués en janvier seront récupérés sur le mois de mars », précise un administrateur Sodiaal. Même méthode chez Eurial et Terra Lacta, qui appliquent l’ajustement de 10 euros sur janvier et février. Une fois n’est pas coutume, Terra Lacta a annoncé un prix du lait de janvier proche de sa voisine Eurial, autour de 320-325 euros/1 000 l. « Les entreprises devraient les récupérer plus tard dans l’année », prévient Christophe Limoges, président de l’interprofession Charentes- Poitou.

La plupart des entreprises prennent la méthode qui prévalait jusqu’alors. Elles partent du prix moyen de l’année 2012 (315,50 euros) et y ajoutent les indicateurs Cniel (+8 euros) et la saisonnalité prévue dans les grilles régionales. Pour rappel, la saisonnalité de janvier est de -10 euros en Bretagne Pays de la Loire, -15 euros en Basse- Normandie, -12 euros en Rhône-Alpes… « En Basse-Normandie, des entreprises partent d’une moyenne 2012 à 310 euros. Ce qui fait un prix de janvier à 303 euros/1000 l », indique Jean Turmel, président section lait FRSEA Basse- Normandie.

Un indicateur « marge » plutôt que « coût de production »

Les OP portent aussi la revendication d’un indicateur contractuel tenant compte des coûts de production, notamment des aliments achetés, dont la hausse est évaluée à 30 euros/1 000 litres en 2012. Les OP peuvent s’appuyer sur un outil concocté par la FNPL, qui tient compte de l’écart entre le prix du lait et le prix des aliments achetés. « Le Cniel publie deux indicateurs : l’Ipampa et le ratio charge alimentation achetée/prix du lait. Le ratio ne nous semble pas suffisamment pertinent. Nous préférons un indicateur sur la marge, qui ce traduit par » Combien me reste t-il pour couvrir les autres charges ? », explique Florence Loyer, de la FNPL.

Le syndicat propose que cette marge soit calculée chaque mois, à partir des indicateurs Cniel. « Il reste à définir à partir de quel seuil les OP déclencheront une alerte » prix « . Nous estimons que ce seuil doit tenir compte de l’inflation qui pèse sur les autres charges. » A charge ensuite aux OP de s’emparer de cet outil et de porter leurs revendications face à leur collecteur.

Face aux laiteries qui répondent qu’il ne leur sera pas possible de répercuter une hausse du prix du lait liée à celle des charges, la FNPL répond que « une hausse de 3 c/l sur le prix du lait se traduit par +0,02 € pour un litre de lait UHT, + 0,06 € pour 200 g d’emmental râpé et + 0,013 € pour 4 pots de yaourt nature. Nous estimons que, d’une part l’aval peut prendre un peu sur sa marge, et d’autre part ces hausses ne représentent pas de si grosses augmentations. »

Des actions de producteurs pour faire pression sur la grande distribution étaient programmées à la mi janvier

« Pour une notion de prix plancher dans les contrats »


Dominique Verneau, responsable production laitière de la laiterie H. Triballat : « Nous comprenons le besoin d’envoyer un signal positif sur le prix du lait en ce début d’année. Nous avons négocié un prix acceptable pour tous (330 à 334 euros/1000 l).
Cette situation reflète deux problématiques.
Il faut que le prix du lait tienne compte de la situation des élevages. En 2009, quand le prix du lait est tombé très bas (214 euros en avril 2009), nous avons garanti à nos producteurs un prix plancher de 250 euros. Selon moi, une solution serait d’utiliser la clause de sauvegarde des contrats. On pourrait y indiquer une valeur plancher pour le prix du lait, qui tienne compte des coûts de production. En cas de crise, la clause serait activée, et l’entreprise négocierait avec les représentants de producteurs un prix du lait ‘de crise’. Par contre, il ne nous paraît pas réaliste et judicieux d’indexer le prix du lait sur un coût de production. La principale raison est que l’on ne pourra pas répercuter les hausses à la GMS, et que le prix du lait français doit rester ‘lié’ à celui de nos concurrents.
Enfin, les indicateurs du Cniel ne sont pas encore assez réactifs. Notre décalage de trois mois par rapport à l’Allemagne et au reste de l’Europe coûte parfois cher à la filière, et conduit à des situations incompréhensibles pour les producteurs, comme en fin d’année 2012, où le prix du lait est remonté partout sauf chez nous, où il continue de baisser sur janvier. »

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