Les défis de la sélection variétale
Les indices de progrès génétique ne sautent pas aux yeux quand on ouvre
un sac de semences. Pourtant, le monde de la sélection innove pour créer
des variétés fourragères, de sorgho ou de maïs adaptées aux aléas
climatiques, aux besoins des animaux et aux contraintes environnementales.
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Des épisodes de sécheresses récurrents mais variables en intensité et saisonnalité, des températures en hausse, des contraintes environnementales qui se durcissent, la recherche de plus d’autonomie en protéines et d’efficacité économique dans les élevages… Non seulement les défis ne manquent pas pour les maïs et les fourragères, mais en plus, ils se démultiplient en fonction des conditions pédo-climatiques de chaque petite région.
L’équation n’est pas simple à résoudre pour les sélectionneurs et les experts de l’Inra et d’Arvalis-Institu du végétal. L’amélioration génétique est un travail coûteux (5 à 15 % du chiffre d’affaires réinvesti par les sociétés) et de longue haleine. Il faut quinze ans pour créer une nouvelle variété fourragère. Ces efforts portent leurs fruits, comme en attestent par exemple les progrès réalisés sur le potentiel de rendement du maïs (150 kg de MS/ha/an depuis une trentaine d’années) et des fourragères, sur la valeur alimentaire, la résistance aux maladies…
Bon nombre de sélectionneurs regrettent cependant « l’insuffisante valorisation » du progrès génétiques réalisé notamment sur les fourragères dans les élevages. Un sentiment que résume Xavier Lacan, directeur fourragères de RAGT. « Il y a un marché trop important pour des variétés de moindre intérêt génétique parce qu’elles séduisent par leur coût moins élevé. » Les problèmes de trésorerie expliquent en partie ce phénomène, comme l’illustre l’effondrement du marché des semences fourragères (- 33 %) suite à la crise de 2008-2009. Le manque de lisibilité sur l’intérêt économique d’investir plus d’argent dans de nouvelles variétés peut aussi peser sur ce phénomène.
Nous vous proposons de découvrir quelques stratégies mises en place au sein de la sphère « progrès génétique » pour rester en adéquation avec les besoins des exploitations : recours à des techniques de pointes telles que les marqueurs génétiques et les infraanalyseurs, mise en marché de mélanges, prise en compte à terme de la valeur alimentaire pour l’inscription des graminées…
Franck Mechekour
Sommaire du dossier
Page 35 : En maïs, garder le potentiel de rendement malgré les aléas climatiques
Page 38 : Les marqueurs génétiques boostent les progrès en maïs
Page 40 : Malgré le progrès génétique, le marché des fourragères plombé par la crise
Page 44 : Les mélanges multi-espèces ont le vent en poupe
Page 46 : Dactyle et fétuque sont dans l’air du temps !
Page 48 : Regain d’intérêt pour les tanins du lotier et du sainfoin