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L’échographie règne sur les diagnostics de gestation

Si l’échographie se taille la part du lion, le dosage de protéines spécifiques de la gestation dans le lait connaît depuis deux ans un réel engouement.

Il y a quatre façons de confirmer qu’une femelle est gestante ou non : le palper rectal, l’échographie, le dosage de protéines spécifiques de la gestation dans le lait ou le sang et le dosage de l’hormone progestérone dans le lait ou le sang. Ces quatre voies connaissent des évolutions très contrastées. L’échographie a le vent en poupe. Utilisée notamment dans le cadre des suivis Repro ou de simples constats de gestation, l’échographie supplante aujourd’hui toutes les autres techniques. « Les coopératives d’insémination réalisent plus de deux millions d’échographies par an contre 300 000 palpers », indique à titre d’exemple Stéphane Barbier d’Allice. Les tarifs 2016/2017 des échographies sont proches de 5 euros auxquels il faut parfois ajouter un forfait déplacement. « Le nombre de Diag 2000 (dosage de protéines spécifiques de la gestation dans le sang) a beaucoup diminué ces cinq dernières années (de 39 396 à 21 137, soit - 46 %, entre 2011 et 2016 sur la zone du CIA Gènes Diffusion), au profit des échographies (de 131 462 à 186 551, soit + 42 %) », souligne de son côté Luc Liégeois de Gènes Diffusion.

Le succès de l’échographie tient à sa fiabilité. Elle peut être pratiquée dès 29 jours. Elle permet de diagnostiquer les gestations gémellaires dès 40 jours et le sexe du veau à partir de 60 jours. Le résultat est immédiat. « Dans le cadre d’un suivi Repro, nous pouvons observer l’état des ovaires pour diagnostiquer les anoestrus ou la présence de kystes ovariens », précise Jérôme Défachelles, vétérinaire dans le Pas-de-Calais. Côté bémols, elle nécessite de manipuler les animaux.

Connaître le sexe du veau à partir de 60 jours

Sans atteindre le même niveau d’utilisation que les échographies, certains diagnostics de gestation s’appuient sur le dosage dans le lait ou le sang de protéines produites par le placenta (Gestadetect, Diag 2000, dosage de la PSPB…). « C’est un très gros avantage par rapport au dosage de la progestérone dont une concentration élevée dans le lait ou le sang n’est pas spécifique du couple mère-fœtus. Il peut résulter de la présence d’un corps jaune persistant sur un ovaire », souligne Jean-Bernard Davière du Clasel.
Ce type de diagnostic connaît des évolutions contrastées sur le terrain en raison notamment des stratégies des entreprises qui les commercialisent. Une chose est sûre. Leur dosage dans le lait, généralement proposé par les entreprises de conseils en élevage, est en nette progression. Ainsi, Gestadetect, connaît un réel engouement depuis son lancement en France il y a deux ans à l’initiative du Clasel. Ce test a été mis au point par la société Idexx. Il est notamment proposé par les entreprises de conseils en élevage parfois sous d’autres noms (Acti-Gest pour Alysé-Élevage…). « Nous en avons déjà réalisé 40 000 en deux ans. C’est plutôt bien pour un secteur d’activité en forte concurrence avec les services proposés par les coopératives d’insémination, les vétérinaires… (palper rectal, échographie…) ». Le test peut être réalisé dès 28 jours. La protéine persiste jusqu’à 50 jours après le vêlage.

Net recul du dosage de progestérone en laboratoire

D’un prix comparable aux échographies (autour de 5 euros par analyse), il a l’avantage de ne pas nécessiter de nouvelles manipulations des animaux. "C’est un diagnostic fiable, simple de mise en œuvre, non intrusif", souligne Jean-Bernard Davière. La très grande sensibilité du test est paradoxalement son talon d’Achille. « 2 à 3 % de lait issus d’une vache précédente suffisent à modifier un résultat. Si l’installation de traite 'trace' le lait, le problème est facilement contournable en prélevant le lait directement à la mamelle via les premiers jets. Mais, cela pose problème actuellement pour développer son utilisation avec la traite robotisée parce qu’il reste souvent du lait résiduel dans la chambre de réception. Nous avons cependant trouvé une solution pour les robots Lely. » Côté bémols, ce test ne permet pas de préciser l’âge du foetus, le sexe et la présence de jumeaux.

Troisième possibilité, le dosage de la progestérone est en net recul. La progestérone est une hormone sécrétée par le corps jaune sur un ovaire. Sa concentration dans le lait ou le sang évolue au cours du cycle. En cas de gestation, de mortalité embryonnaire tardive ou de pathologie ovarienne (corps jaune persistant), elle reste élevée. Dans le cas contraire, sa concentration baisse à partir de 18e jour du cycle (Jour 0 étant le jour des chaleurs) avant de regrimper significativement à J 5. Autrement dit, le dosage de progestérone est surtout un diagnostic de non gestation. Le dosage en laboratoire de cette hormone dans le sang ou le lait est devenu anecdotique.

« J’ai arrêté les échographies au profit de Gestadetect »

Installé en Mayenne avec un troupeau de 60 Prim’Holstein pour une référence de 523 000 litres de lait, David Chatelain porte une attention particulière à la gestion de la reproduction de son troupeau. « Je ne recherche pas forcément un veau par vache et par an surtout avec des vaches à 40 litres. Je tiens compte de leur état corporel. Mais, dès que je juge que c’est OK, il faut que la vache remplisse vite », précise l’éleveur-inséminateur. Lequel détecte les chaleurs uniquement par observation visuelle. « Les équipements proposés sur le marché sont des outils d’aide à la détection mais la décision finale, c’est l’éleveur qui doit la prendre. J’ai la chance d’avoir un bureau au-dessus du bâtiment qui permet de très bien observer les animaux. »

Un diagnostic adapté en l’absence de problème de reproduction

David Chatelain a abandonné les échographies sur les vaches au profit de Gestadetect depuis deux ans. Il sélectionne les vaches à analyser sur une liste proposée par le contrôleur laitier et les résultats tombent deux à trois jours après en même temps que ceux du contrôle laitier. « Je n’hésite pas à refaire un test en cas de doute. L’absence de manipulation des animaux, de stress et de perte de temps sont des gros avantages par rapport aux échographies. Déterminer le sexe du veau ou les jumeaux est un petit plus de l’échographie, mais le plus important pour moi est de savoir si la vache est pleine ou vide. Et si vous tenez absolument à avoir une génisse, vous pouvez utiliser de la semence sexée. » David Chatelain précise cependant que les résultats repro de son troupeau étant satisfaisants, Gestadetect lui suffit, mais que dans le cas contraire, « les échographies sont très intéressantes parce qu’elles permettent dans le cadre d’un suivi Repro de détecter les vaches ayant des soucis (métrite…)."

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