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Pur ou en association
Le trèfle violet est plus facile à réussir que la luzerne

Le trèfle violet gagne à être mieux connu. Facile à associer avec une graminée, cette légumineuse mérite d’être réintroduite dans les systèmes fourragers.

Le trèfle violet partage plusieurs atouts avec la luzerne, notamment l’économie d’intrant, l’effet bénéfique sur la structure et de la vie biologique du sol ainsi que la restitution d’azote à la culture suivante. Mais contrairement à la luzerne qui se révèle particulièrement riche en protéines mais assez pauvre en énergie, le trèfle violet présente un profil nutritionnel plus équilibré. « Le trèfle violet est plus riche en sucres solubles, ce qui facilite sa conservation en ensilage, lui confère une bonne appétence ainsi qu’une valeur UFL plus élevée », avance Jean-Jacques Beauchamp de la chambre d’agriculture du Calvados. Dotés d’un pouvoir tampon plus faible que celui de la luzerne, les ensilages de trèfle violet se conservent mieux. « Sans compter que le trèfle violet a la particularité de contenir une enzyme qui limite la dégradation des protéines », souligne-t-il. Malgré son aspect de plante frêle, le trèfle violet ne pose pas de souci pour faire ruminer les vaches. « Sous les feuilles étalées, il y a aussi beaucoup de tiges », mentionne Michel Deraedt, spécialiste fourrages au BTPL.

Plus agressif au démarrage

Le trèfle violet est plus facile à réussir que la luzerne. A commencer à l’implantation. Il exige certes une implantation soignée car il s’agit de petites graines (sol finement préparé, faible profondeur de semis, roulage …) mais il requiert toutefois moins de précautions. Il n’y a pas besoin d’inoculer la semence. Le trèfle violet s’installe bien et rapidement. Contrairement à la luzerne qui n’aime pas trop les températures fraîches et qui démarre plus lentement. « En septembre, on peut encore semer du trèfle violet sans problème », assure Michel Deraedt. Certains éleveurs pratiquent aussi des semis sous couvert de méteil en hiver.

Quel que soit le type de sol, le trèfle violet poussera. A l’inverse de la luzerne, il s’implante mieux en sol acide (pH supérieur à 5,5). « La luzerne est une légumineuse de luxe, qui nécessite des terres filtrantes et plutôt profondes. Avec des terres superficielles ou lourdes, sensibles aux excès d’eau, mieux vaut opter pour la facilité en semant du trèfle violet, conseille Pascal Le Cœur des chambres d’agriculture de Bretagne. Dans de bonnes parcelles, la luzerne sera apte à de meilleurs rendements, mais elle se révèlera moins robuste et aura tendance à s’éclaircir plus facilement. » Associé à du ray-grass hybride, le trèfle violet produira moins (9 à 12 tMS/ha) mais il sera là dans toutes les situations.

Plus agressif au démarrage, il concurrence mieux les adventices et limite ainsi le salissement. A condition que les limaces, tipules et sitones ne prennent pas le dessus. « Dans une prairie multiespèce, la présence de trèfle violet garantit une bonne couverture du sol au démarrage. Cet atout est important car il n’y a guère de possibilité de désherbage pour les associations graminée-légumineuse », rappelle Michel Deraedt.

Le trèfle violet valorise bien les pluies régulières

Autre atout du trèfle violet : la possibilité de sursemis dans une prairie dégradée, qui se révèle impossible avec la luzerne car il s’agit d’une plante allélopathique (elle émet une substance qui empêche la germination de toutes autres graines semées ultérieurement).

La pérennité du trèfle violet ne dépasse généralement pas trois ans. Il valorise bien les pluies régulières. Par contre, il craint davantage la sécheresse. Aucun apport d’azote est nécessaire, mais il s’avère exigeant en phosphore et potasse. Les exportations s’élèvent respectivement à 7 kg et 26 kg par tonne de matière sèche produite.

Aujourd’hui, 37 variétés sont inscrites au catalogue français, dont 24 (inscrites à partir de 2001) sont présentées en détail sur herb-book. Les principaux critères de choix variétaux portent sur la résistance aux maladies et à la verse, la pérennité et la ploïdie.

Une variété adaptée au pâturage

La récolte en foin est difficile car le trèfle violet est naturellement riche en eau. Le temps de fanage est long et les risques de pertes de feuilles importants. L’ensilage et l’enrubannage sont plus adaptés. « Je déconseille la coupe directe, poursuit Michel Deraedt. Il faut un préfanage de 24 à 36 heures pour atteindre au minimum 25 % MS. L’emploi d’un conservateur est alors recommandé. A partir de 30 % MS, la teneur en sucres peut être suffisante pour s’en passer. »

Associé à une graminée pour limiter le piétinement et la météorisation, le trèfle violet peut également être pâturé. La variété Pastor, inscrite en 2011, a été sélectionnée spécialement pour son aptitude au pâturage. Plutôt trapue et dotée de feuilles plus petites que les variétés habituelles, elle ne prolifère pas et se régénère rapidement après le passage des animaux. Sa contribution au rendement est plus stable et elle maintient un équilibre graminées-légumineuses plus régulier.

Les plus

Bonne valeur énergétique et azotée

Facilité à ensiler

Bonne association avec le ray-grass hybride

Les moins

Pérennité moyenne
Sensibilité à la sécheresse
Difficulté de fanage

Combien ça coûte ?

D’après le référentiel Pérel, une association de trèfle violet-ray-grass hybride coûte entre 980 et 1 370 €/ha, récolte incluse et hors main-d’œuvre. Soit 140 à 105 €/tMS selon le rendement (7 à 13 tMS/ha).

www.perel.paysdelaloire.chambagri.fr

« Le trèfle violet assure qualité et volume »

Au Gaec des Genetets dans le Calvados, cela fait six ans que le trèfle violet est présent dans l’assolement. L’exploitation compte 9 ha de mélange trèfle violet et ray-grass hybride. «En 2011, plutôt que de resemer des prairies en ray-grass anglais, j’ai cherché une espèce pour produire à la fois du volume et de la protéine, indique Sébastien Leroy. Le rendement m’a plutôt séduit (10 à 11 tMS/ha) et le trèfle violet est intéressant à la fois agronomiquement et dans la ration des 90 laitières. »

Avec un pH assez acide (5,8), Sébastien Leroy a préféré s’orienter vers le trèfle violet plutôt que la luzerne. « Avec cette association, j’apprécie aussi de pouvoir profiter d’une exploitation en fauche ou en pâturage certaines années. »

Le semis est réalisé à la volée (12 kg/ha pour les deux espèces) avec le semoir monté sur le vibroculteur. Il intervient après deux déchaumages : le premier aussitôt après la récolte du blé, l’autre fin août combiné au semis. « J’effectue un roulage au cultipacker pour enfouir les graines et améliorer leur répartition, décrit l’éleveur. J’apporte 25 m3 de fumier par an, plus 20 unités de potasse et 20 unités d’azote après chaque coupe. »

Des rendements réguliers de 10 à 11 tMS/ha

La première coupe est ensilée entre le 8 et le 15 mai entre 25-28% de MS. « La difficulté avec le ray-grass hybride, c’est qu’il monte vite à épiaison par rapport au trèfle. » Mieux vaut opter pour des variétés de ray-grass hybride de type RGA, moins remontantes que celles typées RGI. « Les fauches suivantes interviennent après cinq à six semaines de repousse. Je laisse fleurir le trèfle une fois par an. » Le Gaec recourt à une faucheuse-conditionneuse à fléaux, avec le conditionneur desserré à fond. « Le fourrage est andainé à la fraîche et reste au sol généralement 48 heures, et maximum 72 heures au printemps », précise l’éleveur. S’il y a une quatrième coupe à l’automne, elle est enrubannée.

« Le trèfle violet a une bonne capacité à repousser s’il tombe de l’eau, apprécie-t-il. Comme il craint le sec, je le réserve plutôt aux terres fraîches, profondes mais assez précoces. Je retourne les prairies à base de trèfle au bout de trois ans. J’ai déjà maintenu une parcelle quatre ans, mais la dernière année, la productivité diminue pas mal. »

E. B. 

Autant de rendement avec des fauches précoces de trèfle violet-ray-grass hybride

Un essai à Trévarez montre que faucher du RGH-TV toutes les quatre à cinq semaines est intéressant techniquement. Mais parfois moins d’un point de vue économique.

Faucher une prairie de ray-grass hybride-trèfle violet précocément, avec un délai entre les coupes de quatre à cinq semaines plutôt que de six à sept semaines, impacte-t-il la productivité annuelle de la prairie ? Quelle incidence cela a-t-il sur la valeur alimentaire du fourrage et comment évolue le taux de trèfle ?
Un essai est mené depuis 2014 à la station expérimentale de Trévarez dans le Finistère pour répondre à ces questions. La prairie repose sur l’association de trèfle violet (8 kg/ha), trèfle blanc (1 kg/ha) et ray-grass hybride (22 kg/ha). « Cet essai sera mené sur quatre saisons afin de lisser l’effet des années climatiques qui se succèdent », précise Pascal Le Cœur des chambres d’agriculture de Bretagne. Mais il est possible de tirer de premiers résultats partiels au terme des deux premières années analysées, en précisant que 2014 était une année fourragère exceptionnelle et que 2015 a été marquée par une forte sécheresse printanière.

Premier constat : les fauches précoces n’ont pas conduit à une perte de rendement global de la prairie. Quelle que soit la date de la première coupe (mi-avril au stade épi 15 cm de la graminée ou mi-mai au stade début épiaison) et le temps de repousse (4-5 semaines ou 6-7 semaines), l’association RGH-TV a produit 10 tMS/ha par la fauche. Avec comme seule fertilisation un apport de lisier de bovin en fin d’hiver.

15 % d’UFL et 40 % de MAT supplémentaires à l’hectare

Malgré un rendement équivalent entre les deux itinéraires techniques, l’écart sur l’énergie permet de produire 15 % d’UFL supplémentaires à l’hectare lorsque les intervalles entre fauches sont limités à quatre ou cinq semaines. Il titre entre 0,91 à 0,98 UFL/kg MS, soit 0,06 à 0,15 UFL supplémentaire par rapport à une fauche classique. « Le TV et le RGH n’ont pas du tout les mêmes cinétiques. Le trèfle violet se réveille plus tard. En début de saison, il contribue seulement à 10-20 % du rendement. Ce qui détermine la valeur alimentaire à ce moment-là, c’est le ray-grass hybride, souvent voisin d’1 UFL/kg MS. »

Concernant les protéines, l’ensilage précoce ressort régulièrement à 16 % de MAT, tandis que les fauches classiques affichent entre 10 et 13 % de MAT selon les années. Sur les deux premières années de l’essai, le taux de trèfle violet n’est pas affecté par les écarts entre fauches. « Le trèfle violet est riche en protéines mais à condition d’être récolté jeune, précise Pascal Le Cœur. Il a atteint 23 % de MAT dans l’ensilage précoce sur le printemps et l’automne. Par contre, fauché tardivement, il n’a pas dépassé 16 % de MAT, soit à peine mieux qu’un RGH fauché à un stade feuillu. »

L’économie n'est pas toujours au rendez-vous

Conduire une prairie de RGH-TV en fauche classique au stade début épiaison induit de réaliser trois coupes entre mi-mai et début septembre, pour des rendements par coupe compris entre 3 et 6 tMS/ha. Avec des fauches précoces, il faut compter cinq coupes de mi-avril à début septembre, pour des rendements par coupe variant de 1 à 3,5 tMS/ha. Au regard des faibles rendements obtenus parfois en fauche précoce, on peut se demander si l’écart de valeur se justifie toujours économiquement ? Autrement dit, cela vaut-il le coup de sortir la faucheuse pour récolter 1 tMS/ha, même si celle-ci est de meilleure qualité ? « En début de saison, le choix de faucher une herbe jeune revient à passer de 45 à 57 €/1 000 UFL, calcule Pascal Le Cœur. Ce qui compense largement le gain de valeur énergétique comme protéique. Par contre, en fin de saison, le coût de la cinquième coupe, proche de 1 tMS/ha, dépasse 100 €/1 000 UFL. Cela se justifie difficilement malgré une teneur en MAT supérieure à 20 %. Le bon compromis pourrait être d’effectuer deux à trois coupes précoces et d’espacer les récoltes à partir du mois de juillet. »

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