Technique d´élevage
« Le tarissement court limite les risques métaboliques » estime M. Le Guénic de l´EDE du Morbihan
Technique d´élevage
Avec une durée de tarissement de 5 ou 6 semaines, les vaches sont moins grasses, le pic de lactation est écrêté et les animaux s´en portent mieux.
Longtemps prôné pour favoriser le maximum de production laitière par vache, le tarissement « long », d´une durée de 8 semaines, a montré certaines limites. Les problèmes métaboliques, d´amaigrissement important, de fertilité. observés chez les vaches en début de lactation ont changé la donne. Les expériences menées sur le terrain il y a une dizaine d´années et les témoignages d´éleveurs montrent qu´il est possible de limiter les risques de maladies métaboliques avec le tarissement court (5 à 6 semaines). Cette pratique n´est cependant pas adaptée à tous les animaux. Le point avec Marylise Le Guénic, vétérinaire spécialiste entre autres de ce sujet au Pôle recherche appliquée herbivores des Chambres d´agriculture de Bretagne.
Qu´est-ce que le tarissement court ?
Marylise Le Guénic - « Avant la période des quotas, il y avait un lien important entre le niveau de production laitière des vaches et le revenu des éleveurs. Pour maximiser la production laitière, on préconisait alors de tarir les vaches pendant 8 semaines (tarissement long). Ce délai était jugé nécessaire pour régénérer le tissu mammaire et optimiser le niveau de production à la lactation suivante. Au sens strict du terme, le tarissement court correspond donc à une période inférieure à 8 semaines. En pratique, il s´agit plutôt d´une durée de tarissement comprise entre 5 et 6 semaines. »
Quels sont ses avantages ?
M. L.G. - « La courbe de lactation est plus plate. Le pic est écrêté. Le déficit énergétique en début de lactation est moins important et les vaches perdent moins de poids. On a donc une meilleure prévention des maladies métaboliques en début de lactation.
Initialement on pensait essentiellement à la prévention de l´acétonémie, un trouble provoqué par une mobilisation importante des réserves corporelles.
Mais les éleveurs qui pratiquent le tarissement court nous ont signalé moins de fièvre de lait. Ce phénomène est certainement lié à un état d´engraissement moins important au moment du vêlage. En limitant le déficit énergétique en début de lactation, on espérait également améliorer la fertilité des vaches. Mais les éleveurs que nous avons interrogés n´ont pas constaté de réelle amélioration dans ce domaine. »
Quels risques prend-on en réduisant la durée de tarissement ?
M. L.G. - « Le principal inconvénient concerne le respect du délai d´attente en cas de traitement antibiotique. Surtout en cas de vêlage prématuré. Il faut impérativement noter la date de tarissement, le délai d´attente du produit utilisé et vérifier les délais lors du vêlage. Pour chaque produit, l´éleveur dispose d´un délai d´attente en cas de vêlage prématuré et pour certains d´informations sur la notion de vêlage prématuré. Avant il y avait un délai d´attente unique de 28 traites (14 jours) quel que soit le produit et le décalage entre la date de vêlage réelle et théorique. Ce n´est plus le cas. Le conseil du vétérinaire est important pour choisir un traitement approprié. »
Peut-il concerner tous les animaux ?
M. L.G. - « Pour les vaches en première lactation, le tarissement court n´est pas forcément souhaitable. Ces animaux ont besoin d´une durée de tarissement proche de deux mois pour régénérer leur tissu mammaire et ne pas risquer de pénaliser leur deuxième lactation. Cette méthode n´est également pas conseillée pour les animaux ayant un comptage cellulaire élevé. En trayant plus longtemps, on risque d´augmenter le nombre de cellules en fin de lactation et d´atteindre le seuil de pénalité. Par contre, et contrairement à une idée reçue, un tarissement de 5 à 6 semaines ne compromet pas la guérison des vaches avec un comptage cellulaire élevé. Il n´est pas conseillé pour les vaches trop maigres en fin de lactation ou lorsque l´on recherche une courbe de lactation avec un pic marqué. »
Quelles sont les conséquences sur la production laitière ?
M. L.G. - « On estime que cette pratique engendre une baisse de production de l´ordre de 350 kg. Par contre, nous avons observé une augmentation des taux d´environ 1,3 g/l de lait. »