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Carburant
Le passage au gazole non routier en cinq points

L’arrivée imminente du nouveau gazole non routier (GNR) suscite de nombreuses interrogations quant aux contraintes qui l’accompagnent.

LES LIVRAISONS DE GAZOLE NON ROUTIER
devraient battre leur plein à l’automne avec
le risque de mettre en difficulté la logistique.
LES LIVRAISONS DE GAZOLE NON ROUTIER
devraient battre leur plein à l’automne avec
le risque de mettre en difficulté la logistique.
© S. Leitenberger

1 - Quelle(s) date(s) retenir pour l’utilisation du GNR ?


L’arrêté du 10 décembre 2010 différencie les tracteurs agricoles des machines agricoles automotrices ; les premiers étant concernés par le GNR à partir du 1er novembre 2011 et les seconds dès le 1er mai 2011. Devant l’incompréhension du monde agricole et l’absence d’arguments sérieux justifiant cette différence de traitement, le ministère assure qu’aucun contrôle ne sera effectué avant l’automne, ce qui sousentend qu’une seule date butoir — le 1er novembre — sera réellement prise en compte pour tous les engins agricoles. Pour l’heure, nous ne sommes pas en mesure de confirmer si une modification de l’arrêté officialisera cette position.


2 - Comment gérer son stock avec un GNR ‘été’ et un GNR ‘hiver’ ?


Étant similaire au gazole routier à la seule différence qu’il est coloré en rouge pour sa défiscalisation, le gazole non routier répond à la même saisonnalité. Le GNR n’aura pas la même tenue au froid selon la saison où vous l’acheterez. Du 1er avril au 30 octobre, le GNR « été » offrira une température limite de filtrabilité (TLF) de 0 °C, alors que du 1er novembre au 31 mars le GNR « hiver » disposera d’une TLF de - 15 °C.

Si dans le cas des véhicules routiers, cette gestion différenciée passe inaperçue, cela se complique sérieusement dans le cas d’une exploitation agricole. Habitués à stocker du fioul sur de longues périodes, la plupart des agriculteurs ne disposent pas d’une estimation précise de leur consommation tout au long de l’année. Et même pour une exploitation ou une ETA qui maîtrise parfaitement son stock, son fournisseur ne sera pas en mesure de lui garantir le type de GNR livré pendant la phase de transition sur octobre-novembre. Reste la possibilité d’ajouter des additifs à un gazole « été » pour améliorer sa tenue au froid.

Mais attention à ne pas jouer aux petits chimistes, le GNR étant déjà additivé par le pétrolier, il faut s’assurer de la compatibilité entre additifs. Quant à l’idée d’utiliser deux cuves, outre le surcoût d’investissement, cela règle la question de la saisonnalité mais pas celle de la durée de stabilité. Pour simplifier le stockage, les pétroliers vont proposer un GNR de qualité supérieure — à l’image de ce qui se fait avec le fioul — pour lequel ils garantissent une tenue au froid suffisante toute l’année, ainsi qu’une meilleure stabilité dans le temps (environ 9 mois). Revers de la médaille, il devrait s’accompagner d’un surcoût d’1 ou 2 centimes d’euro le litre.


3 - Faut-il faire nettoyer sa cuve ou la changer ?


Le GNR a un pouvoir détergent supérieur à celui du fioul du fait de sa composition intégrant 7 % d’esters méthyliques d’acides gras (biocarburants), ce qui pourrait remettre en suspension les dépôts accumulés sur les parois et le fond de la cuve. Il est donc conseillé de faire nettoyer sa cuve avant la première livraison. Si vous avez des doutes sur l’étanchéité de votre cuve ou si vous souhaitez disposer d’un stockage respectant les normes, le changement de cuve se justifie.

Restez vigilants au moment de faire votre choix, ce marché en plein essor de la cuve à carburant s’accompagne d’une multiplication des offres. Les réservoirs mis en vente doivent comporter un marquage CE et avoir reçu une attestation de conformité garantissant leur respect des normes européennes.

La seconde contrainte liée à la composition du GNR est sa stabilité réduite à l’oxydation. Au-delà de 4 à 5 mois de stockage, les pétroliers préconisent l’emploi du GNR de qualité supérieure ou l’ajout d’additifs pour éviter les développements bactériens et les dépôts. Précisons que ces additifs ne sont pas les mêmes que ceux qui améliorent la tenue au froid du gazole.

Dans tous les cas, l’installation d’un système de filtration est sûrement le meilleur moyen pour éviter la propagation des soucis de stockage sur le matériel. Sans filtration en sortie de cuve, ce sont les filtres à gazole des moteurs qui peuvent être touchés. Et dans l’hypothèse où cette dernière barrière est défaillante, les systèmes d’injection common rail risquent de montrer des signes de fatigue prématurés.


4 - Quel impact du GNR sur l’utilisation des engins neufs et anciens ?


Les nouveaux tracteurs et automoteurs équipés de moteur Tier 4i, avec système de traitement post-combustion des gaz d’échappement (SCR ou FAP), imposent l’utilisation du GNR (norme EN 590) dans leur garantie. Même pour les moteurs récents Tier 3, le GNR est bénéfique à la qualité de la combustion. Pour les moteurs d’ancienne génération, la diminution du pouvoir lubrifiant lié à la réduction de la teneur en soufre par rapport au fioul a été compensée par l’incorporation de biodiesel et par des additifs. Il est préférable de porter son attention sur le remplacement préventif des filtres à gazole après un ou deux pleins de GNR.

Dernier point sensible, les engins comme les automoteurs de récolte qui ne fonctionnent qu’un mois dans l’année doivent être remisés avec le réservoir plein afin d’éviter les phénomènes de condensation. On veillera à ce que la période d’hivernage soit compatible avec la durée de stabilité du GNR. L’emploi de GNR de qualité supérieure ou de GNR « hiver » additivé est dans ce cas fortement conseillé.


5 - Le GNR sera-t-il plus cher que le fioul ?


Les pétroliers communiquent peu sur le sujet. En tant que carburant détaxé, son prix est très proche de celui du fioul de qualité supérieure qui a la même teneur en soufre. Chez Total, on indique que l’incorporation de biodiesel n’a pas d’influence sur le prix. Ce sont plutôt les investissements nécessaires à la nouvelle logistique qui devraient se répercuter sur le prix. Le GNR de base « été » ou « hiver » devrait être légèrement plus cher que le fioul de qualité supérieure.


D’après la conférence sur le GNR organisé par Trame-BCMA à l’occasion du Sima. www.pardessuslahaie. net/frontend.php/bcma/85

Le GNR ne remplace pas le fioul de la chaudière


Pour ceux qui utilisent une même cuve à fioul pour la chaudière de leur habitation et les engins agricoles, le passage au GNR risque de se solder par l’achat d’une deuxième cuve. Hormis certains brûleurs de dernière génération, les brûleurs de chaudière ne sont pas compatibles avec le GNR. Le même problème risque de se poser avec des installations de séchage avec brûleur à fioul.

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