Le marché mondial est moins encombré
La collecte française est très faible, en dessous de la moyenne sur dix ans. Les allocations provisoires nulles, la grève du lait, le prix du lait faible en sont la cause. « On se dirige vers une sous réalisation record, de l’ordre de 7 à 8 % en dessous de notre quota », évalue Gérard Calbrix, d’Atla (Association de la transformation laitière). L’Europe du nord a pris l’option de compenser les faibles prix par le volume. « Ils produisent le 1 % de hausse de quota, et ils sont en avance sur leur quota. Du coup, l’Allemagne freine, ainsi que les Pays-Bas, le Danemark et la Pologne. »
Ailleurs, la collecte est plutôt en recul, même en Irlande à cause de problèmes climatiques. Et l’Italie sera en sous réalisation (leur quota avait augmenté de 6 %!). La crise fait très mal dans les pays de l’Est et les pays baltes (- 4 à - 8 %), où il y aurait décapitalisation voire des abandons de la production. « Il y a aussi beaucoup de petits élevages qui ont sans doute fait le choix de ne plus livrer leur lait, et de le valoriser sur le marché informel. Les petites structures ont une bonne capacité de résistance. En Estonie ou Slovaquie (collecte à -10 %) où il y a des grosses structures, la crise fait beaucoup plus de mal », développe Gérard You, de l’Institut de l’élevage.
COLLECTE MONDIALE FAIBLE
La collecte européenne devrait donc globalement être stationnaire sur cette campagne. Aux USA et en Australie, elle serait stable aussi. L’Amérique du sud par contre est en repli. Du côté de la demande, la reprise se passe surtout sur le marché des produits industriels. « La demande de la Chine repart; avec la hausse du pétrole, le Moyen Orient et l’Algérie achètent de nouveau… Par contre, la consommation de fromages ne redémarre pas, car les pays développés ne parviennent pas à sortir de la crise économique. Le prix des fromages risque donc de rester faible », indique Gérard Calbrix.
DEMANDE TOUJOURS FAIBLE EN FROMAGES
L’économiste mentionne un autre signal encourageant. « Les exportations sur pays tiers sont bonnes. Les USA ne sont plus sur le marché mondial. Le marché mondial est moins encombré, et cela permet aux entreprises françaises de mieux se positionner. »
Du côté des signes négatifs, la consommation des ménages. En France, si elle se tient en volume, les prix continuent de baisser. « La grande distribution a réussi à obtenir de nouvelles baisses de tarif. »
Enfin, la baisse des exportations françaises vers les autres pays de l’UE et la hausse des importations de lait de consommation, crème et fromages en provenance d’Allemagne, Belgique… était toujours à l’ordre du jour en août : -23 % d’exportation de lait et +41 % d’importation de lait. « On est toujours envahi par les produits de nos voisins, mais ça devrait aller mieux avec la réduction des écarts de prix du lait entre la France et ses voisins », estime Gérard Calbrix. ■