Le lait bio veut son prix propre
Des marchés porteurs et une pénurie de lait bio à venir, sont les principaux arguments de l'association Lait bio de France, pour demander un prix du lait qui permette de maintenir, convertir, et d'installer en production biologique.
Un prix de base moyen annuel de 454 euros pour 1000 litres : c'est la proposition défendue par une OP bio transversale, l'association des producteurs de lait biologique Seine et Loire (212 exploitations adhérentes, collectées par Lactalis, Triballat, Saint Père, Montsûrs et Danone). "Nous avons proposé la reconduction à minima du prix du lait biologique payé en moyenne en 2014, indique Yvan Sachet, animateur de l'OP Seine et Loire. Les entreprises envisagent de partir sur une prime bio de 100 euros, plus une prime exceptionnelle de 30 euros. Finalement, le prix pour le premier trimestre sera de 440 euros en moyenne."
L'OP bio Seine et Loire, tout comme les autres OP regroupées au sein de l'association Lait bio de France(1), défend un prix du lait bio déconnecté du prix du lait conventionnel. Elle justifie sa demande d'un prix de base 2015 de 460 euros, et d'un objectif de 475 euros à atteindre rapidement, par des éléments de marché propres au bio. "Dans un marché en croissance, l'inquiétude du renouvellement des producteurs de lait biologique, et donc le risque de pénurie en lait bio qui se profile, est un premier élément qui doit inciter les laiteries à mieux rémunérer le lait bio. Deuxièmement, les producteurs ne se rémunèrent actuellement pas en moyenne au Smic horaire. Enfin, le prix du lait bio en Allemagne devrait se maintenir en 2015 au-dessus de 450 euros pour 1000 litres." La difficulté pour les transformateurs est de négocier avec une grande distribution qui se sert de la baisse en conventionnel pour tirer vers le bas les tarifs des produits laitiers biologiques.
600 à 700 euros de coûts de production
Lait bio de France s'appuie sur l'expertise de l'Institut de l'élevage pour communiquer sur les coûts de production des éleveurs laitiers biologiques. Le coût de production (pour toutes les activités de la ferme, intégrant aussi la rémunération du travail, du capital et des terres en propriété) est d'environ 700 euros en montagne (15 fermes du réseau de l'Institut de l'élevage) et 600 euros en plaine (45 fermes), de 2008 à 2012, en intégrant une rémunération du travail de 1,5 Smic brut. Les fermes de plaine parviennent chaque année de 2007 à 2012, à couvrir toutes leurs charges, voire à mieux rémunérer les producteurs. Dans les fermes de montagne, en revanche, quelle que soit la conjoncture climatique et de prix, le produit ne permet pas de couvrir l'ensemble des coûts de production. À noter que ces fermes ne se situent pas dans le Jura et les Alpes du Nord, où la rémunération du lait est plus élevée.
(1) Lait bio de France représente environ 1000 fermes laitières bio, soit 220 millions de litres, c'est-à-dire près de la moitié de la collecte bio en France.